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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/219

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FIANCÉS

embrassé. Non, Jacques, vous comprenez bien que cela n’est pas possible. Adieu…

Adieu… Jacques chancela, et ses yeux frissonnèrent. Adieu ?

Il regarda Ninette. Ce n’était plus elle, mais la Vénitienne altière, la descendante des Doges cruels. Elle se tenait droite, gamée dans sa robe comme dans une cuirasse, d’une main lissant ses lourds cheveux d’or, massifs, tels qu’une châsse. Elle semblait un butin fabuleux rapporté d’Orient par les ancêtres et les lèvres avaient des éclats de rubis.

Adieu… Alors, sans mot dire, atrocement ébloui, stupéfié par son désastre, Jacques, après avoir salué, sortit, et lorsqu’il fut dans l’escalier, dans le grand escalier de marbre, il s’assit sur une des marches et là, environné de pierre, dans le silence, il pleura comme un petit enfant…