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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/274

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

son corps juvénile frissonnait sous une miraculeuse caresse.

Toute la journée il demeura dans cet état de quiétude. Il se promena encore aux environs de Florence, longeant les chemins calleux dont les pierres sont bossues et dont les oliviers bercent les fossés. Il vint dans les vignes déjà dépouillées de leurs grappes et demeura des instants à songer à Virgile.

Lorsque le soir enveloppa la campagne d’ombre, il rentra, pris soudain de mélancolie. De même qu’au collège, après ses lièvres, il était étreint d’un grand désir d’amour.

Il fut hanté par Ninette et l’amour, de rechef, tinta en lui.

Il l’imaginait demeurée, après son départ, hautaine et cruelle comme il l’avait sentie. Qu’importait à la dogaresse l’émotion d’un poète. Ne vivait-elle pas dans la ville ou tout composait un vivant poème ? Poème qu’elle ne voyait pas… Jacques eut un espoir secret, une joie indicible.