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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/291

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LÉVRES CLOSES

poserai dans mes cheveux, je veux être jolie pour toi et pour le bon Dieu. Je suis heureuse, tiens-moi la main longtemps… Parle-moi… Elle haletait, et porta un mouchoir à sa bouche. Jacques avait été cueillir une grappe de tubéreuse dont le parfum violent emplissait la chambre. Et, lorsqu’il vint lui tendre, il remarqua au coin de la lèvre une goutte de sang qui parlait, un peu d’ecume pourpre.

Oh ! Ninette ! Ninette ! si tu souffre maintenant, si tu souffres, au point que je voudrais donner ma vie pour la tienne, j’ai tant souffert, chérie, j’ai tant souffert ! Quand je suis parti d’ici le soir de ton adieu et que j’ignorais tout excepté mon malheur, je me souviens du deuil de mes larmes. Tu m’avais dit cela d’une voix presque légère, d’une voix blanche que je ne te connaissais pas, que je ne t’avais jamais entendue. Et tu semblais lointaine comme si je ne t’avais jamais approchée. Tes caresses vibraient encore, et c’était l’agonie de mon