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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

chant sur son oreille qu’elle ne répondrait plus. Est-elle au ciel, ou son cadavre seul subsiste-t-il de cette grâce passagère aujourd’hui disparue ? Oh ! si les hommes retrouvaient leur ferveur d’autrefois, si les églises avaient des interventions miraculeuses, si les tombes s’entrouveraient si les morts ressuscitaient, on promènerait comme pour les princesses de légende le pauvre corps dans sa châsse. Des prières ardentes s’envoleraient vers Dieu, les regards s’étoileraient de foi et les innocents en extase verraient sourire la jeune fille. Pleurez les luths ! Adieu la vie légère, les jours insoucieux, les appels et les escarpolettes, les fêtes du matin, les soirs illuminés. Adieu les promenades sur la Piazzetta le soir, lorsque les pigeons se taisent et que la musique et la foule, ces deux ivresses viennent vous griser le cerveau… Pleurez les luths, chantez les violes !

Et voici que Jacques s’éveille de son rêve, regarde à la fenêtre le soleil éblouissant, le