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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/320

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

avait l’odieuse acuité de ce qui s’était passé la veille, il ne pouvait plus douter ; l’illusion, sœur du soleil, disparaissait avec lui. Morte… marte ! Oh le tosein que ce mot sonnait à ses oreilles. Lentement, sûrement, avec une régularité implacable il se surprenait à répéter : Morte… morte ! Et cela contenait un abime de larmes, une souffrance infinie. On souffre par ce qu’on ne prévoit pas la fin de la souffrance. Le propre des larmes c’est de croire qu’elles seront éternelles. Et Jacques, révolté, en accusait Dieu.

Car Dieu est bon, car Dieu est juste, car Dieu est la source de toute douceur et de toute miséricorde. Il l’avait frappée ainsi, en pleine jeunesse, en pleine beauté, si résignée, si innocente. A côté d’elle des misérables et des monstres demeuraient. Pourquoi l’avoir fait mourir ? Quand il pensait ainsi, des musiques étranges l’assaillaient et il en oubliait ses larmes. Ninette s’environnait d’harmonie et les