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CONTARINETTA

par ces marchands, par ces guerriers au signe de la croix. Eglise aussi à cause du passé, à cause de ses souvenirs qui sont une religion. Il imagina en apparitions brèves la gloire d’autrefois, les vaisseaux et les galères… et les monceaux d’étoffes précieuses, d’aromates et d’épices rapportés d’Orient. Les voiles de pourpre claquant au vent avec le même bruit et les mêmes teintes qu’encore maintenant les voiles des pêcheurs. Il rêva le Doge sur le Bucentaure — or et damas, perles et velours, — à grands cris de trompettes, les chefs-d’œuvre portés comme des reliques par les maîtres verriers de Burano, les barques chargées de fleurs et de fruits descendant vers les rives de l’Adriatique semer sur leur passage la renommée et la richesse de la République. Il la vit debout au grand soleil face à Constantinople, cette autre reine. Puis ce fut le grand cortège des peintres sublimes, des architectes, inconnus parce qu’on n’avait pas le droit de graver son nom dans la