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MUSIQUES

d’une vigne en vendange ciselaient sur chaque chose un motif clair, un bijou éclatant. La mer elle-même, en face de laquelle Jacques était arrivé, avait fait une toilette de fête une voile rouge et rose tremblait à l’horizon comme un glaïeul. Des oiseaux passèrent, symbole d’espérance, symbole aussi du voisinage de Venise qui n’a plus de vie que par leurs ailes. Jacques en voyant cette nature en extase pensa à la douceur d’aimer en elle. Il associa l’image enfantine de la veille à son espoir, et de nouveau évoqua la Contarinetta aveugle, aveugle au-milieu de ces splendeurs ! Et sa pensée lui revint en mémoire, la pensée qui l’avait assailli lorsque, pour la première fois, Sforzi lui avait parlé du malheur de la jeune Vénitienne : il sentit la gloire de celui qui, par ses chants sublimes, saurait remplacer les couleurs par des musiques aux oreilles de la bien-aimée.

Oh ! pouvoir faire cela à vingt ans ! De suite, l’idée de sa jeunesse, par conséquent de sa fai-