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MUSIQUES

Et il entra à Saint-Zaccharie, le cœur illuminé comme par des cierges.

On venait de lui découvrir le chef-d’œuvre de Giov. Bellini, le concert à la Vierge, la Vierge sur un trône entourée des Saints, les regards en extase vers son fils, écoutant un ange lui faire de la musique. Jacques de Liéven trouvait, malgré l’ombre où il était placé et le mauvais entretien de la peinture le tableau délicieux. Il y avait tant d’amour et de résignation dans ce regard de Mère, tant de douleur et tant de gloire dans ces sons qui la berçaient !

Le gardien de l’église s’apercevant du plaisir éprouvé par le jeune homme, lui dit d’un air de regret :

— On ne fait plus de belle musique comme cela, maintenant. Jacques, surpris d’une réflexion aussi tristement étrange dans la bouche d’un sacristain, détourna la tête, répondit un oui distrait, regarda l’homme. Il avait l’air très ancien et par son visage émacié, par ses épau-