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MUSIQUES

la caresse de sa voix puisque le Seigneur l’avait privée de la lumière et de ses yeux. Ô musique… Concert ineffable, concert de la Vierge ! il ne voyait plus le tableau de Bellini. L’église prit pour lui avec ses luminaires, l’odeur vague d’encens qui flottait encore, l’église prit pour lui les proportions païennes d’un temple d’amour où il viendrait revivre et mourir.

D’une voix blanche il demanda : — Quand-est ce que cette jeune fille joue et chante ?

— Tous les dimanches à la messe de midi, monsieur. Vous savez qu’elle appartient à une des plus illustres familles de Venise. Le sacristain lancé ne s’arrêtait plus. Dans ses vocables rudes et dont il choisissait visiblement les termes, on sentait frémir une tendresse inavouée. Il devait adorer cette Contarinetta à la façon des tableaux d’autel dont il avait la garde, des images mystiques dont il renouvellait les fleurs… Jacques écoutait et rêvait… Il irait, le prochain dimanche ! Puis il se souvint que le lendemain, Sforzi lui avait