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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/88

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

Bourgeois, si seulement il avait pu l’être !

Heureusement il mourût quand sa fille allait atteindre dix ans, les laissant, elle et sa mère, ruinées, mais du moins sauves dans leur honneur.

Alors commença pour la princesse une existence nouvelle et presqu’aussi douloureuse. Garder sa dignité, quand l’estomac est vide !… Le pain est une faveur… Alors que faire ? Car c’est un cas fréquent, car ces familles existent… Dieu merci, il n’y a pas de par la terre que des comtes du Pape ou des barons de l’Empire… Que faire ?

Les nuits d’angoisse où l’on se tord les mains devant un lit d’enfant, où l’on compte les meubles qui restent, les créances à payer, les matins gris où rien ne semble sourire, où la Contarinetta demandait avec sa jolie mine de bébé impérial, un bonbon, un gateau, les affres de l’agonie, la peur la plus terrible qui soit parce qu’elle n’a pas d’expérience, la peur du lende-