Aller au contenu

Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LE PALAIS LABIA

seul entretien. Après une caresse Contarinetta entendit un grand soupir, fauve et inarticulé. On l’emporta évanouie.

Lorsque le lendemain elle eut complètement repris ses gens, le peu de lumière qui lui restait dans ses regards, avait disparu, emporté par les larmes.

Pendant une semaine elle désira rejoindre sa mère bien-aimée. La vie était désormais la nuit, la nuit jusqu’au plus profond de l’âme. À quinze ans on a besoin d’aimer ! Aimer ! quand on n’a plus personne ! fierté de son nom et de son enfance, il lui fallu faire face à la misère et garder les apparences.

Les apparences !… Ah, quels sont donc ceux qui prétendent qu’il n’y a de vraiment pauvre qu’un mendiant. Quels sont ceux qui passent d’un air superbe à côté d’anciens compagnons tombés dans le malheur en murmurant, sans savoir et sans voir : ils ont gaspillé leur fortune, ils ont été riches, ils n’ont pas su le rester.

8