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L’AVIATION MILITAIRE

pour, de là, continuer la campagne et poursuivre son adversaire jusque chez lui, afin de l’obliger à capituler. Résultat : pour un vainqueur, deux vaincus, dont nous, sans combattre.

Néanmoins, après tous ces combats livrés pendant l’occupation arbitraire du territoire français par les deux nations ennemies, nous ignorons encore laquelle serait victorieuse. Supposons d’abord que ce soit l’Angleterre, et examinons ce qui pourrait s’ensuivre : Après avoir forcé la redoutable position de Metz, s’être rendus maîtres de la longue ligne défensive du Rhin en bouleversant les aires et toutes les places fortes qui longent ce fleuve, et surtout après avoir précipité à terre tous les avions ennemis, les Anglais se seraient couverts de gloire dans force batailles aériennes, mais se seraient trouvés n’avoir fait qu’un pas. Cette conquête de l’Alsace-Lorraine, n’aurait eu pour résultat que de les mettre sur le chemin de Berlin.

Si jamais les Anglais s’aventuraient à travers l’Allemagne, immédiatement, des difficultés sans nombre les attendraient : les batteries verticales les guetteraient au passage ou aux abords des aires ; les débris ralliés de l’armée aérienne vaincue, volant bien, volant mal, les harcèleraient sans cesse, reculant constamment vers l’intérieur. Les Anglais avanceraient péniblement et très lentement, à la condition qu’ils établiraient sur toutes leurs communications depuis le Rhin, des bases suffisantes et des points d’appui solidement fortifiés ainsi que de nombreuses aires retranchées. Il est vrai que, parvenus près de la capitale prussienne, ils se seraient arrêtés à portée d’avion et que, depuis là, ils seraient allés planer sur Berlin pour le torpiller.

Et qui sait si les Anglais, ayant apprécié les avantages des navires porte-avions, n’en auraient pas construit des quantités prodigieuses et n’auraient pas préféré, après une guerre maritime heureuse, aller par la Baltique jusque dans