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L’AVIATION MILITAIRE

les ravins mêmes ; enfin, tout un territoire fortement accidenté, caressé par des vents faibles ou balayé par d’autres impétueux, forme pour les vautours un splendide promenoir.

Qu’on nous permette, ici, de relater sommairement l’excursion d’études que nous fîmes dans la province de Constantine au mois d’octobre 1882.

Embarqué un soir à Marseille sur la Ville-d’Oran, nous arrivâmes le surlendemain de très bonne heure à Alger ; d’escale en escale nous débarquâmes à Philippeville, où nous ne séjournâmes que le temps suffisant pour prendre le train qui devait nous emmener à Constantine, où, d’après les indications que nous avions recueillies, les vautours se trouvaient le plus nombreux.

Nous avions pris place sur la plate-forme d’un wagon pour mieux voir se dérouler le paysage et surtout en cas qu’il apparaisse quelque vautour. Le train avait filé jusqu’à l’oasis du Hamma, sans en rencontrer ; cependant, vers les hauteurs rocheuses, à l’endroit escarpé où un point noir marque pittoresquement l’entrée du tunnel, sous une forme vague lointaine, nous crûmes en reconnaître un ; le gros oiseau planait en descendant près du flanc du rocher pendant que le convoi gravissait la rampe, il se rapprochait ainsi de nous, grandissant ; déjà nous admirions ses grandes ailes largement déployées lorsque, à notre grand désappointement, la locomotive s’engagea dans le tunnel ; peu après nous étions en gare de Constantine. Puis, passant sur le pont d’El-Kantara qui relie les deux rives du profond ravin au bas duquel coule le Rummel, nous étions tout yeux, depuis l’impériale de la voiture, pour découvrir quelques-uns de ces grands rapaces qui, nous avait-on assuré, fréquentaient cet immense précipice ; mais il était désert.

Notre première question, en arrivant à l’hôtel, concerna les vautours : rien n’était plus facile, on en voyait partout, nous répondit-on. Cela nous fit espérer mieux pour le lendemain. Et, de bonne heure, nous revînmes sur le pont d’El-Kantara surplombant l’abîme ; de cette hauteur vertigineuse nous pûmes explorer toute la partie centrale jus-