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LES VOIES AÉRIENNES

n’arrivaient que pour faire ripaille. Nous décidâmes donc de simuler une fête et nous en fîmes part à notre chasseur : « Hum ! » fit-il, et, sans conviction, nous répondit : « Oui. »

Un bel appât, d’après lui, était nécessaire, il savait où le trouver, chez un sien ami, au Bardo. Nous lui donnâmes 10 francs, il revint avec un âne et son maître, car s’il avait acheté le premier, il avait loué le second, pour le même prix. Pour se rendre sur la hauteur de Sidi-M’Cid, après avoir passé le pont d’El-Kantara, on a à choisir entre deux chemins, l’un court, très rampant entre les rochers ; l’autre, beaucoup plus long, contournant l’hôpital et le cimetière juif, mais en pente douce ; c’est celui que nous choisîmes tandis que les deux hommes préférèrent passer par le plus direct. Ils s’engagèrent ; bientôt nous vîmes que ça n’allait pas à souhait ; le maître devant tirant par le licol, le chasseur derrière poussant ferme, l’âne au milieu se laissant faire, grimpaient péniblement ; par le détour nous arrivâmes le premier ; un peu après, apparurent nos gens, tout en nage ; on choisit l’emplacement du sacrifice et le chasseur donna le coup de grâce à l’âne. La nuit approchait et le lendemain matin, à la pointe du jour, nous devions revenir, espérant trouver les gros oiseaux rapaces à l’œuvre sur l’âne, ainsi que l’avait prédit le chasseur.

Le soleil n’était pas encore levé, que déjà nous étions tous rendus ; non seulement les vautours étaient absents, mais l’âne aussi avait disparu ; l’endroit cependant était, à n’en pas douter, celui où l’animal avait été abattu ; le chasseur et son aide, craignant de s’être trompés, explorèrent les alentours et de loin nous les vîmes faire des signes ; nous accourûmes et, derrière un mamelon, à notre grande surprise, nous aperçûmes le squelette de l’âne, aussi nettoyé que s’il fût sorti du laboratoire du Muséum ; les chacals l’avaient mangé pendant la nuit et traîné jusque-là en se le disputant.

Le chasseur, qui au fond était serviable, très vexé de s’être laissé dévorer le bourricot par de simples chacals,