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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

pas. Bientôt les trois femmes et les fillettes l’entourèrent d’un cercle bruyant, s’accrochèrent à lui, le supplièrent de parler. Elles étaient curieuses de savoir pourquoi la séance avait tant duré. Zeinab prétendait que le cheik avait dû retenir son fils, Hellal et Nassim pensaient que Goha, par manque de savoir-vivre, avait prolongé sa visite au delà de toute mesure.

— Est-ce lui qui t’a gardé ? criait Zeinab.

— Est ce que tu as fait mine une seule fois de te lever ? criait Nassim.

— Parle, mon maître ! implorait Hawa.

Mahmoud haussa la voix et mit un terme à ce désordre. Puis ayant offert à Goha sa main à baiser, il lui permit de s’asseoir sur le divan et l’interrogea. Il apprit ainsi la présence de Waddah-Alyçum.

— De quoi ont-ils parlé ? demanda-t-il.

— Ils veulent mettre un homme dans l’huile, répondit Goha.

Les femmes se regardèrent, impressionnées. Quant à Mahmoud, il ne savait trop que penser.

Goha ne put pas expliquer la raison pour laquelle Cheik-el-Zaki se proposait d’accomplir cette opération. Il conclut qu’il avait été reçu chaleureusement, qu’il avait mangé, bu, fumé et qu’El-Zaki l’avait invité à l’aller voir tous les jours.

Zeinab se jeta sur son fils et l’étreignit :

— Tous les jours ? s’exclama-t-elle. Il t’a donc trouvé très intelligent !

Elle ne manquait pas de porter à Goha une intime admiration que les circonstances l’avaient jusqu’ici contrainte à dissimuler. Chaque instant,