Deux ans avant son mariage, elle avait assisté sur une place publique à la lapidation d’une femme adultère. Elle revit la face ensanglantée de la coupable…
— Laisse-moi ! laisse-moi ! reprit-elle en dissimulant sa terreur. Je n’irai pas.
Croyant à un caprice de sa maîtresse, Amina se contenta de répondre :
— Comme tu voudras, ma petite dame.
Les jeunes femmes parlaient maintenant avec moins d’abandon. Elles affectaient l’une et l’autre un ton enjoué, sans être dupes toutefois de leur jeu réciproque.
— Écoute bien… dit Amina. Ils sont dans l’antichambre…
— Je les entends rire. Ils sont gais.
— Goha a dû dire une sottise…
— À moins que ce ne soit l’autre, répliqua Nour-el-Eïn avec effort.
— L’autre… Je voudrais connaître son nom.
— Et quand tu le connaîtrais ?… En serais-tu plus heureuse ? D’abord il porte le voile comme une femme, et, moi, j’aime les hommes forts…
Amina regarda sa maîtresse avec surprise, se demandant si son indifférence n’était pas sincère.
— Alors tu préfères Goha ? reprit-elle.
— Au moins celui-là montre son visage, il n’a rien à cacher.
— Nour-el-Eïn ! s’écria Amina, toute décontenancée, tu me feras perdre la tête.
Pour achever de la confondre, Nour-el-Eïn poursuivit d’une voix sarcastique :