la flamme de la veilleuse. Elle voulut pleurer et n’y parvint pas. Elle essaya de réfléchir et y renonça aussitôt. À cette atonie de sentiments et de pensée, correspondait une grandissante irritabilité de ses nerfs. Son corps flexible et menu lui parut une masse énorme avide de sensations brutales. Elle prit une gargoulette qui se trouvait à proximité de son lit, appuya sur sa lèvre inférieure le goulot humide et but longuement, à petites gorgées. Les yeux mi-clos, elle suivait intérieurement le glissement de l’eau. Mais une goutte tomba sur son cou. Elle éprouva une volupté subtile et rit si brusquement qu’elle s’inonda la poitrine et mouilla ses draps.
— Amina ! Amina ! Au secours ! cria-t-elle avec une gaieté bruyante.
L’esclave vint en courant. Elle était rouge d’émotion.
— Lève-toi, Nour-el-Eïn !… Lève-toi !… Goha… Lève-toi !
Nour-el-Eïn avait sauté sur le tapis. Elle prit Amina par les épaules, la bouscula. L’esclave en riant s’efforçait d’immobiliser les petites mains de sa maîtresse.
— Parle donc ! s’écria Nour-el-Eïn.
— Mais, ma chérie, répliqua la jeune esclave en se débattant, tu ne me laisses pas…
— Alors il est en haut ? Goha est sur la terrasse ? Il t’a dit de m’appeler ?
Hâtivement elle défit ses tresses et revêtit sa tunique.
— Mon châle, reprit-elle… Là… à ta gauche…