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Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/296

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XXVIII

la tradition


Nour-el-Eïn traversa de longs corridors dallés de marbre et, entourée de ses esclaves, pénétra dans la salle où se tenait Abd-el-Rahman. Le vieillard égrenait lentement un chapelet d’ambre. Nour-el-Eïn, se détachant de ses esclaves, se prosterna devant son père. Il lui fit signe d’approcher.

— J’ai entendu les cris de tes femmes, dit-il tandis que Nour-el-Eïn lui baisait la main.

Elle eut un brusque recul. Sur cette main longue et osseuse, une pensée sinistre avait traversé son esprit. Abd-el-Rahman avait les yeux posés sur elle, mais elle sentait qu’il ne la regardait pas, qu’il regardait au travers d’elle dans le passé, dans l’avenir… À un geste du vieillard, les esclaves se retirèrent.

— Puisque ton mari t’a répudiée, ma fille,