Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/37

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— Ne le connais-tu pas ? reprit l’esclave en saisissant son maître par le bas de son caftan.

De nouvelles venues se glissèrent dans la chambre. D’abord Hellal et Nassim, les plus jeunes femmes de Hag-Mahmoud qui intercédèrent aussitôt en faveur de Goha, puis, l’une à la suite de l’autre, les neuf filles de la maison dont aucune n’était d’âge à porter le voile, et qui envahirent tous les meubles, tous les coins de la pièce.

Mahmoud, par souci de sa dignité, avait maîtrisé sa colère. Mais les femmes qui le croyaient encore dans un état d’exaspération furieuse le retenaient de toutes leurs forces. Plus il cherchait à se dégager, plus elles s’agrippaient à lui, en le conjurant de se calmer. « Mais je suis calme, criait-il, je suis calme, laissez-moi !… »

— Ne te fais pas de mauvais sang, calme-toi ! gémit Zeinab accrochée à sa jambe.

— Ne te fais pas de mauvais sang, reprit Nassim éclatant en sanglots, je crains pour ta santé !

— Je suis calme, puisque je vous dis que je suis calme !

— Regarde comme tu es rouge !

Mahmoud se tut un moment, sourit, et d’une voix qui voulait être douce :

Eh bien ! voilà ! dit-il, pour vous faire plaisir, je me suis calmé.

À contre-cœur, elles desserrèrent leur étreinte tout en le surveillant de près. Il passa la main sur son front mouillé de sueur, aspira une longue bouffée d’air, et, affectant de négliger la présence des femmes, revint auprès de Goha qui s’était