des Grecs faisant le commerce des épices dans le quartier. Il cligna de l’œil à ses amis et, se retournant vers sa victime, prit un air terrible :
— Allons ! montre-nous ton derrière.
Un éclat de rire général accueillit la magnifique improvisation du vendeur d’oranges.
— Ha ! ha ! ha !… Ha ! ha ! ha !
Les spectateurs se bourraient de coups pour mieux s’exciter à la gaieté.
— Si tu en as un, pourquoi le caches-tu ? s’écria le porteur d’eau.
— Il n’en a pas, dit un autre.
— Il l’a vendu avec ses boulettes de fèves, expliqua un troisième.
Goha, en proie à un malaise grandissant, restait immobile, les bras ballants, étourdi par le vacarme. Des enfants s’étaient accrochés à ses vêtements, cherchant à le déshabiller. Il se débattait de son mieux contre ces petites étreintes, contre toutes ces petites mains qui s’accrochaient à son corps comme des pincettes d’acier. Sayed se baissa et balaya les enfants d’un tour de bras.
— Merci, merci… bredouilla Goha.
— Maintenant, tu le feras tout seul, ordonna Sayed.
— Laisse-moi partir, supplia Goha avec un sourire navré.
— Par Allah, je ne te lâcherai pas, répondit le marchand en lui appliquant des chiquenaudes sur les joues. Et d’une voix rude, il reprit « Allons ! Dépêche-toi ! Montre-nous ton derrière. »