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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

avait devant les yeux le spectacle étonnant d’hommes au visage rasé, portant des perruques, de la dentelle sous le menton, des culottes courtes ; partout sur leurs vêtements étranges scintillaient des boutons de cuivre. Ce qui acheva d’amuser Goha, c’est qu’en parlant, ils haussaient le ton sans remuer les bras.

— Qu’est-ce ? Qu’est-ce ? Abd-el-Akbar ?

— Des Franques.

— Des Franques ?

— Oui…

— Ah !

Les Franques entouraient une statue de granit rose récemment exhumée.

— Une telle hypothèse, s’écria l’un d’eux, me paraît extravagante.

— Mais, monsieur, j’ai pour moi l’autorité d’Hérodote.

— Oh ! les historiens, monsieur, les historiens ! Des imaginatifs !

— Excusez mon insistance… Je maintiens que c’est là une reproduction d’Isis…

— Ces sauvages, là-bas, qui nous observent, pourraient nous départager.

Ils saluèrent la boutade de rires discrets, puis ils se penchèrent sur la statue qui mettait leurs cerveaux à la torture et la considérèrent gravement.

— Et la femme, la femme qui est là, qui est-ce ? demanda Goha.

— Est-ce que je sais ?… Ils disent que c’est une cheika, une cheika en pierre.

— Une cheika ?