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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

entrevit un bras, un pied… Il plaqua sa main sur le cou de sa nourrice. Dans l’obscurité, il ne put distinguer sa propre coloration de celle de la négresse.

— Tiens ! s’écria-t-il dans un accès d’attendrissement, Hawa devient blanche la nuit.

Assis aux côtés de la dormeuse, il introduisit ses dix doigts sous la couverture et comme le ronflement de Hawa fit place au ronron des chattes amoureuses, Goha, tout à son œuvre d’apaisement, redoubla de caresses. Dans son ardeur, il fut audacieux et Hawa se réveilla.

— Que veux-tu ? dit-elle languissamment.

Goha répondit avec tendresse :

— Tu es le plus beau jasmin du printemps.

Elle crut à de l’ironie.

— Par cette obscurité, le jasmin et le scarabée se ressemblent.

— Je suis le scarabée et tu es le jasmin, reprit Goha.

Il souleva la couverture et se glissa contre elle. Hawa le repoussa doucement.

— Va-t’en, Goha, va-t’en ou je le dirai à ton père.

Mais Goha, sûr de la mystifier, gonflant la voix, lui répondit :

— Tais-toi, je suis mon père.


Sur la natte de paille, ils reposaient enlacés. Hawa, qui avait enlevé le mandil qui recouvrait ses cheveux, sommeillait en poussant par intervalles des gémissements, tandis que Goha le nez