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EPILOGUE

Quarante ans se sont écoulés — Grande mortalis aevi spatium — depuis que l’abbé Jean-Baptiste

Jaugey découpait dans les colonnes de la Science catholique les premiers articles de son Dictionnaire Apologétique.

Le but poursuivi n’a rien perdu de son actualité : « Mettre à la portée et, pour ainsi dire, sous la main de tout lecteur de bonne volonté les preuves principales de la foi catholique, avec les réponses les plus solides aux objections de toute nature que l’on fait contre elle. «  Et les principes directeurs n’ont pas vieilli : « Orthodoxie, impartialité, science et charité. » Ainsi s’exprimait la préface. On ne peut qu’applaudir au programme de ce docte et excellent prêtre. Quant aux états de services du Dictionnaire, ils sont des plus honorables. Très vite, l’opportunité d’un supplément se faisait sentir. Douze à quinze mille exemplaires, écoulés en vingt ans, témoignent qu’il répondait à un besoin réel.

Mais les livres vieillissent, ainsi que les hommes. Ce volume trapu et d’aspect débonnaire n’avait jamais prétendu renfermer le dernier mot de la science. Il ne tarda point à paraître quelque peu démodé. On réclamait une mise à jour ; elle fut résolue au cours de l’année 1907 ; le premier fascicule vit le jour au début de 1909 ; le vingt-quatrième et dernier s’achevait à la fin de 1928 ; un volume de tables était en vue pour 1930. Des lecteurs bienveillants ont cru que cette œuvre de vingt ans et plus méritait deux mots d’histoire ; on nous excusera d’avoir voulu les écrire. Si l’on juge que le récit manque un peu de panache, nous l’accordons d’emblée. Depuis la mise en chantier du Dictionnaire, nous n’avons guère connu l’enthousiasme de la tâche, malgré la claire vision de son opportunité.

Tout d’abord, l’imprésario doit décliner la responsabilité d’une entreprise aussi téméraire. De lui-même, il n’y eût jamais songé, ne s’étant jamais cru la vocation d’encyclopédiste. Mais il y avait un éditeur, breton et tenace. Il y avait aussi des circonstances capables de faire réfléchir.

L’éditeur est assurément le grand coupable. M. Gabriel Beauchesne venait d’acquérir la succession de la librairie Delhomme et Briguet : tout naturellement, il souhaitait la vie d’un livre qui avait fait ses preuves et que sa foi chrétienne lui désignait comme une des colonnes de sa maison. Quand il en parla pour la première fois à un auteur qui venait de publier chez lui la Théologie de Tertullien, puis la Théologie de saint Hippolyte, et qui projetait, dans la même série, d’autres volumes, il se heurta à un refus catégorique. Au lieu de se décourager, il revint à la charge, et il faut avouer que les circonstances le favorisaient. Repousser ses avances, c’était livrer à d’autres mains la refonte, d’ailleurs certaine. On ne se flattait pas de faire très bien, mais on souhaitait empêcher autrui de faire plus mal. L’événement ne devait que trop justifier ce pronostic. Dès lors, devant la perspective d’une candidature indésirable, la résistance mollit. La mise à jour fut résolue en principe.

Et voici l’arrangement auquel on s’arrêta. On commencerait par recueillir, de toutes mains, les éléments de l’édition nouvelle. Puis on jetterait le tout sous la presse, pour en finir. Le directeur malgré lui » consentait le sacrifice d’une année, sans plus, la majeure partie de ce temps devant être consacrée à la correction des épreuves. Le dessein n’avait rien de grandiose.

Alors se démasqua tout le machiavélisme de l’éditeur. Après avoir fait miroiter les avantages d’une exécution rapide, il insinua qu’on allait se trouver aux prises avec des difficultés matérielles insurmontables. Quel imprimeur disposerait d’un nombre de caractères suffisant pour un tel bloc ? D’ailleurs, les mœurs littéraires de notre temps s’accommodaient mieux d'