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SUPPLEMENT

CELTES (RELIGION DES). —
Sommaire :
I. Les sources et la méthode. —
II. La religion des Celtes païens du continent ;
i. Les druides ;
i. La transmigration des âmes ;
3. Les sacrifices ;
l. La divination augurale ;
5. Les grands dieux des Gaulois ;
6. Autres cultes ; signes et symboles. —
III. La religion des Celtes païens insulaires :
i. Les dieux ;
a. Cultes naturistes :
3. Les druides et la magie ;
t. Les idoles et ses sacrifices humains ;
5. L’immortalité de l’âme ; Vautre monde. —
IV. Conversion des Celtes au christianisme. —
V. Survivances et superstitions. —
VI. Bibliographie.

I. Les sources et la méthode.

Vers le ixe siècle avant l’ère chrétienne, les Celtes, race parlant une langue indo-européenne, occupaient, dans les pays transrhénans, le centre et lenOrdde l’Allemagne actuelle. C’est de là que leurs hordes se répandirent à travers l’Europe à la recherche de terres nouvelles, conquérant successivemenlla Gaule, l’Italie du nord, la valléedu Danube, poussant, à travers les Balkans, jusqu’à Delphes, envahissant la péninsule ibérique (Celtibères), et s’établissant dans les Iles Britanniques (Gæls, Bretons). Les Galates, également d’origine celtique, franchirent le Bosphore et s’installèrent en Asie-Mineure.

On n’est pas d’accord sur la chronologie de ces diverses migrations. Cependant on estime que les envahisseurs du premier ban, les Gacls, avaient pénétré dans les Iles Britanniques bien avant l’an 800 (H. Hubert, dans la Liev. Celtique, t. XL1V, 1925, p. 396), Entre 700 et 500, les Celles pénétrèrent pour la première fois dans le nord et l’est de la Gaule, d’où certaines de leurs peuplades passèrent ensuite dans la péninsule ibérique. Les Celtes de Belgique (ficlgae) auraient envahi le sud d’Albion au iiie siècle avant notre ère (G. Dottin, Manuel pour servir à l’étude de l’antiquité celtique, p. lhj-lb% du même, Les anciens peuples de l’Europe, p. 201-219).

En contact avec beaucoup d’autres peuples dans les territoires qu’ils traversèrent au cours de leurs migrations ou dans les régions où ils s’établirent à demeure, il est clair que les Celtes contractèrent de nouvelles habitudes dévie ; leur langue, leurs mœurs et leur religion subirent, sans aucun doute, de notables changements. Cependant, dans le vaste monde celtique, deux entités ethnographiques se inainlirent dans un état de pureté relative par suite des conditions géographiques et des circonstances politiques qui accompagnèrent leur établissement définitif, c’eit, à savoir : les Celtes de Gaule, d’une part, et, de l’autre, les Celtes insulaires (Gacls et Bretons). Mais, au point de vue religieux, ces deux grandes fractions de la race celtique présentent entre elles des différences telles que nous devrons les étudier séparément.

Les sources dont nous disposons pour l’étude de la religion des Cultes continentaux sont principalement les auteurs anciens, puis les inscriptions et les monuments figurés. Les renseignements fournis par les écrivains grecs et romains ne laissent pas d’être souvent d’une interprétation malaisée, car on peut penser qu’en observant les croyances et les pratiques religieuses des Celtes, ces auteurs ou leurs informateurs ne se sont pas suffisamment dégagés de leurs propres conceptions des choses de la religion. C’est ainsi que nous verrons César assimiler les grandes divinités gauloises aux principaux dieux de Rome.

« Les notions que nous pouvons glaner chez les

auteurs de l’Antiquité sur la religion des Celtes, dit G. Dottin, se répartissent sur plusieurs siècles et s’étendent à toutes les contrées où les Celtes ont séjourné. Nul n’oserait affirmer que du iiie siècle avant J.-C, où vivait Timée, au temps d’Ammien Marcellin (ive siècle après J.-C.), les pratiques religieuses des Gaulois fussent demeurées immuables. On ne pourrait avec plus de raison soutenir que les Galates d’Asie Mineure, les Celtibères d’Espagne, les Gaulois de la Cisalpine, les Celtes qui pillèrent Delphes et ceux qui prirent Rome, les Gaulois transalpins et les Celtes de Grande-Bretagne eussent professé les mêmes doctrines et adoré les mêmes dieux, sans que le contact avec des nations étrangères eût en rien alle’ré les vieilles croyances de la race. Les témoignages des anciens sur la religion des Celtes ne peuvent donc être utilisés qu’avec prudence ; dispersés dans l’espace et dans le temps, de valeur et d’importance variables, ils se prêtent malaisément à une construction d’ensemble. A peine a-t-on quelques preuves de l’identité de certaines croyances ou coutumes religieuses chez les divers peuples celtiques. Tacite a signalé les rapports que présentaient les institutions religieuses des Bretons avec celles des Gaulois (Agricola, c. 1 1.Le texte semble d’ailleurs corrompu). Certaines divinités se rencontrent sur divers points du monde celtique. »

« Les inscriptions trouvées en pays celtique elcontenant

des dédicaces à des dieux se rencontrent en France, en Allemagne, dans les Pays-Bas, en Grande-Bretagne. Mais on ne peut être sûr d’avoir affaire à des divinités celtiques si l’on n’a d’autre raison de le supposer que la provenance de l’inscription. On peut fort bien rencontrer en pays celtique une dédicace à une divinité étrangère, ou vice versa. » (G. Dottin, Manuel, p. 394-296). Un très petit nombre de monuments sont antérieurs à la conquête romaine, et il est très difficile de savoir s’ils sont des vestiges de cultes locaux antérieurs à l’invasion des Celtes en Gaule ou des survivances de leur religion.

En ce qui regarde les croyances religieuses des Celtes insulaires, avec quelques Vies de saints anciennes et certains autres documents chrétiens des âges qui ont suivi la conversion, avec les inscriptions, ce sont également les écrivains de l’antiquité, grecs et romains, qui nous fournissent les notions les plus abondantes. Scots et Bretons ( sans parler des Pietés, dont l’origine est particulièrement obscure ) ont probablement emprunte à leurs prédécesseurs dans les lies des pratiques et des croyances demeurées inconnues aux Celtes du continent.

Certains historiens ont, par ailleurs, largement mis à contribution les épopées irlandaises pour décrire, la religion des Gaëls (H, n’Aimois dk Jihainvillb ). Mais il est à craindre que la mythologie de