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APOTRES (ACTES DES]


reclion du Christ. Elle prouve avec évidence la mission divine de Jésus, lautorité divine de son enseignement et des institutions établies par lui. Les prodiges opérés, d’après la prédiction du Christ, par les Apôtres et les premiers disciples, devaient être pour ceux-ci un moyen très puissant de conGrmer la vérité de leur prédication, dont ils constituaient une garantie divine.

Si la Résurrection du Christ est un fait historique, si la réalité des miracles des Apôtres se démontre, la Révélation chrétienne sera solidement établie. Or les Actes des Apôtres contiennent des témoignages très importants en faveur de ces prodiges.

Le livre des Actes raconte que, très peu de temps après la mort de Jésus, les Apôtres, Pierre surtout, ailirment devant un auditoire juif la Résurrection du Christ, la prouvent par des prophéties et ne craignent pas de proclamer que « sa chair n’a pas vu de corruiDtion » (ii, 24-32). Ailleurs la Résurrection est encore énergiquement affirmée (m, 14-16 ; iv, lo) et dans le discours de Paul à la synagogue d’Antioche de Pisidie — discours qui semble rédigé par l’auteur des Actes d’après le premier discours de Pierre, le jour de la Pentecôte — il est même explicitement question de la sépulture du Christ dans un tombeau ; « mais Dieu l’a ressuscité des morts » (Act., xiii, 27-80). Contrairement à ce qu’on a récemment affirmé, les Apôtres savaient donc que Jésus avait été enseveli dans un tombeau. Et si, immédiatement après la mention de la sépulture, ils affirment la résurrection, déclarent que la chair de Jésus ne vit pas la corruption, n’y a-t-il pas là une confirmation évidente du récit évangélique sur la découverte du tombeau vide, et, partant, un argument en faveur de la Résurrection. Cf. E. Mangenot, La Sépulture de Jésus, dans JRevue pratique d’Apologétique, i" juillet et ler décembre 1907 (voir l’article Jésus-Christ).

Il n’est pas possible de nous étendre ici sur chacun des miracles rapportés dans les Actes. Signalons-en toutefois les principaux : le miracle de la Pentecôte (11, i-13) ; la guérison d’un boiteux (m, i-ii) ; la conversion de Paul (ix. i-30 ; cf. xxii, 4- '6 ; xxvi, 9-18) ; la guérison d’Enée et la résurrection de Tabitha (ix, 31-43) ; la délivrance de Pierre (xii, 6-17) ; plusievu’s guérisons opérées par Paul (xiv, 8-10 ; XVI, 16-18 ; XX, 7-10 ; xxviii, 7-10) ; sa propre guérison (ib., 2, G). — Et cette énumération est loin d'être complète.

De nos jours, les adversaires du miracle ne contestent plus guère le caractère merveilleux des événements tels qu’ils sont racontés dans les Actes des Apôtres. Ils cherchent à expliquer, sans prodiges réels, la genèse de cette foi au surnaturel qu’ils constatent chez les disciples du Christ presque au lendemain de sa mort sur le Calvaire. Les explications dun Renan, tant prisées jadis dans le monde rationaliste, sont oubliées maintenant, ou font sourire. Voici conunent il explicpiait le miracle de la Pente(ôte. « Un jour que les frères étaient réunis, un orage éclata. Un vent violent ouvrit les fenêtres ; le ciel était en feu. Les orages en ces jiays sont accompagnés d’un prodigieux dégagement de lumière ; l’atmosphère est comme sillonnée de toutes parts de gerbes de flammes. Soit rpie le fluide électrique ait pénétré dans la pièc<' même, soit qu’un éclair éblouissantait subitement illuminé la face de tous, on fut convaincu que l’Esprit était rentré et qu’il s'était épanché sur la tête de chacun, sous forme de langues de feu. » (Les Apôtres, p. 62-68.)

C’est de l’escamotage plutôt cpie de la ciilitiue. Que <le détails de la narration {Act., 11, i-13) y sont négliges ! Et quel singidier orage que celui qu’on vient de n(nis décrire ! Car, on ne doit pas l’oublier, l’histoire

constate que les Apôtres, de timides et d’ignorants qu’ils étaient, ont été transformés subitement en des hommes pleins d’une sainte audace et en docteurs remplis de la science des divines Ecritures. Quelques jours auparavant ils avaient pris la fuite lors de l’arrestation de leur maîti-e ; Pierre l’avait renié trois fois ; la mort de Jésus les avait profondément découragés ; ils ne comprenaient que peu de chose à la divine économie. Et les voilà qui prêchent hardiment, ne craignant ni les prisons ni la mort. Le miracle de la Pentecôte n’est-il pas cei’tiflé par ses effets étonnants ?

Au fond, dans toutes ces discussions soi-disant historiques, on sent bien qu’on est plutôt sur le levrain philosopliique. La remarque de Sabatier à propos de la conversion de Saul vaut aussi pour d’autres faits de ce genre. « Elle (la question de la conversion de Saul) se rattache et se lie d’une manière indissoluble à celle de la résurrection même de Jésus-Christ. La solution qu’on donnera à la première dépend de celle que l’on a donnée à la seconde. Celui qui accepte la résurrection du Sauveur, serait mal venu à mettre en doute son apparition à son Apôtre ; mais celui qui avant tout examen est absolument sur que Dieu n’intervient jamais dans l’histoire, celui-là écartera sans doute les deux faits. » (V Apôtre Paul, Paris, 1896, p. 4-j)- On ne pevit mieux exprimer la dépendance des explications critiques vis-à-vis des principes philosophiques. Néanmoins, puisque bien des critiques prétendent maintenir la discussion sur le terrain historique, il est de la plus haute importance de faire valoir les considérations exposées plus haut en faveur de l’autorité historique des Actes. Si Luc est l’auteur des Actes, il faudra expliquer la conversion au christianisme de cet homme cultivé, le courage des Apôtres jadis si hésitants, l'étonnante vitalité de ce Christianisme primitif, qui nous est signalée par des témoins si bien placés pour le connaître. En dehors de tout miracle, cette explication n’est pas facile à donner. Harnack (Lukus, p. iv) a reconnu que le problème psychologique et historique posé par la conversion et la foi des pi’emiers chrétiens est extraordinairement grave, mais il s’est abstenu de le résoudre dans son système.

2. La doctrine chrétienne attestée par le li^'re des Actes.

On aurait grand tort de chercher dans un livre comme les Actes un exposé complet de la doctrine chrétienne à l'époque apostolique. Ce n’est guère que dans les discours que nous trouvons des éclaircissements sur la prédication apostolique. Et encore ces discours n’exposent que la première prédication des Apôtres à un auditoire de juifs ou de païens ; c’est l’Evangile oral que nous entendons là, bien longtemps avant qu’il ait été consigné par écrit. C’est cette prédication primitive, ce témoignage d’ensemble de la comnmnauté chrétienne au temps des apôtres qu’on a justement appelé le cinquième Evangile. Si nos conclusions sur les sources des Actes et la valeur historique de ce livre sont exactes, c’est dans les Actes surtout qu’il faudra chercher l’objet de cette prédication.

Aux Juifs, les Apôtres prêchent avant tout la messianité de Jésus (11, 5-36 ; iii, 12-26 ; x, 87-48). Ils la prouvent surtout par les Ecritures, l’argument favori pour la raison juive formée à la lecture de l’Ancien Testament. La christologie est peu développée : ils n’insistent pas beaucoup sur la préexistence du Christ : le juif qui écoutait ce discours, l’admettait aisément. Jésus était mort sur la croix « selon le dessein arrêté et la prescience de Dieu » (11, 28) ; ressuscité, il répandait l’Esprit sur ses disciples (v, 82)