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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/173

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BABYLONE ET LA BIBLE

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V. La législation : Le code de Hammourabi et le code de Moïse. — Mariage ; famille ; esclavage. — Justice. — Dépendance d’origine ?

VI. La religion et la morale : Monothéisme et polythéisme. — Le nom de lahvé, — Messianisme. — Prophétisme, divination, sorcellerie. — Prières ; hymnes ; psaumes de pénitence ; idée du péché. — Culte. Sabbat ; fête des Pourim. — Prêtres et sacrifices. — Croyances sur la vie après la mort.

VII. — Conclusions : L’histoire biblique sous un nouveau jour. — Méthodes défectueuses et conclusions précaires dans l’histoire comparée des religions ; raisons des similitudes ; emprunts possibles ; transcendance de la religion d’Israël.

Signes et abréviations.

ATAO2 = Alfred Jeremias, Das Alte Testament im Lichte des Alten Orients, 2° éd., Leipzig, 1906.

BA = Beiträge zur Assyriologie and semitischen Sprachwissenschaft, Leipzig.

BB, I, II, III, etc. = Friedrich Delitzsech, Babel und Bibel (II), Leipzig, 1902 ; — Zweiter Vortrag über Babel und Bibel (II), Stuttgart, 1903 ; — Babel und Bibel, ein Rückblick und Ausblick, Stuttgart, 1904 ; — Babel und Bibel, dritter (Schluss-) Vortag. (III), Stuttgart, 1905.

BDM = Fulcran Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6° et dernière éd., Paris, 1896.

Choix de textes… = Paul Dhorme, Choix de Textes religieux assyro-babyloniens, transcription, traduction, commentaire, Paris, 1907.

CT = Cuneiform Texts from babylonian tablets, etc., in the British Museum.

DBH = A Dictionary of the Bible, edited by James Hastings, Edinburgh, 1900-1904.

DBV = Dictionnaire de la Bible sous la direction de F. Vigouroux, Paris, 1895 et suiv.

EBS2 = Marie-Joseph Lagrange, Etudes sur les religions sémitiques, 2° éd., Paris, 1905.

Exp.T= The Expository Times, Edinburgh.

Fr. Martin, TR, 1900, 1908 = François Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1900, 1908.

KAT3 = Die Keilinschriften und das Alte Testament von Eberhard Schrader, 3° éd. par H. Zimmern et H. Winckler, Berlin, 1902.

KB = Keilinschriftliche Bibliothek, Berlin.

SBP = Stephen Langdon, Sumerian and Babylonian Psalms, Paris, 1909.

RB = Revue biblique internationale, Paris.

ZA = Zeitschrift für Assyriologie und verwandte Gebiete, Strassburg.

ZDMG = Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, Leipzig.

N. B. — Prononcer š comme ch ; g dur, Gilgamėš = Guilgamech. Dans les mots écrits en italique u se prononce ou ; il n’y a point d’e muet : e = é. Exemple : šeriqtu = chėriqtou.

Considérations préliminaires : L’écriture cunéiforme. — Histoire des fouilles. — La critique biblique. — Panbabylonisme.

« Beaucoup de lecteurs, dans le grand public, commencent à reconnaître que l’assriologie doit maintenant s’occuper des plus importants problèmes relatifs aux traditions et à la civilisation d’une bonne part de l’humanité » (St. Langdon, dans Babyloniaca. II, 3, 1908, p. 187). Il ne s’agit pas de quelques découvertes qui intéresseraient la Bible seulement çà et là, sur plusieurs points. Nous assistons depuis soixante ans à la résurrection de deux grands royaumes oubliés, l’Assyrie et la Babylonie. Les ruines des bords du Tigre et de l’Euphrate nous rendent peu à peu la longue histoire et l’immense littérature de ces peuples, voisins des Israélites et souvent en contact avec eux, de même race, de même génie, et parlant une langue de la même famille. Les monuments de cette civilisation très ancienne, déjà florissante au IIIe millénaire avant Jésus-Christ, enrichissent les musées de l’Europe et de l’Amérique. Pour donner une idée de la masse et de la variété des documents remis au jour et confrontés avec la Bible, il faudra esquisser sommairement l’historique des fouilles. Voici d’abord sur la nature de l’écriture cunéiforme quelques notions générales, sans lesquelles on ne saurait se rendre compte des difficultés du déchiff"rement et des discussions qui en résultent.

L’écriture cunéiforme. — L’écriture babylonienne était primitivement idéographique : elle représentait les objets, les idées. Dès une époque très ancienne elle s’est transformée graduellement en écriture phonétique, exprimant des sons ; mais elle a conservé jusqu’au bout l’usage des idéogrammes, surtout pour certains mots plus usuels, homme, roi, mois, etc. Pour comprendre cette transformation, prenons un exemple imaginaire en français. Pour désigner un mur, on trace la figure d’un mur, soit un rectangle. Cette figure a un sens, mais elle ne représente aucun son. S’il y a plusieurs synonymes de mur, comme muraille, cloison, rempart, cette figure peut les évoquer l’un ou l’autre indifféremment ; le contexte, suivant qu’il s’agit d’une maison ou d’une ville, indiquera s’il faut prononcer mur ou rempart. La même figure servira naturellement à exprimer une idée abstraite voisine, par exemple, l’idée d’obstacle. Cependant le sens principal et la lecture habituelle « mur » établiront un lien assez ferme entre la figure et le son. Un beau jour un scribe s’avisera d’employer la même figure pour exprimer un autre mot qui sonne de la même manière, mais dont le sens est tout différent, par exemple, l’adjectif mûr. Puis, il s’apercevra qu’en redoublant le signe de cette syllabe il obtient murmure. S’il joint ce signe à d’autres signes également revêtus d’une valeur syllabique, il peut composer d’autres mots : dès lors l’écriture syllabique est inventée. Le rébus en donne une idée assez exacte.

Dans cette écriture une consonne n’est jamais représentée seule : il y a donc autant de signes tout différents pour exprimer ab, ib, ub, ba, bi, bu, etc. Il existe aussi des signes particuliers pour certaines syllabes composées : bab, bar, nam, etc ; on peut écrire avec deux signes ba-ab, ou, avec un seul, bab. La polyphonie (c’est-à-dire la propriété, dont jouissent un grand nombre de signes, d’avoir plusieurs valeurs syllabiques différentes) rend parfois difficile ou problématique le déchiffrement de cette écriture compliquée ; dans un texte obscur les lectures des meilleurs assyriologues ne sont pas toujours définitives. Ainsi, dans les deux dernières lignes du poème sur le Juste souffrant, au lieu des lectures dim-ti-ia (Zimmern en 1902, Jastrow) et i-quir (Zimmern, Jastrow, A. Jeremias), mieux vaut, semble-t-il, lire kim-ti-ia et i-rim, et le sens est notablement changé (cf. Etudes, 20 mars 1908, t. XCLV, p. 806, et Dhorme, Choix de textes, p. 878).

A cause de certains caractères de cette écriture, la plupart des assyriologues en attribuent l’invention à un peuple non-sémitique, aux Sumériens, qui ont précédé les Sémites dans le pays de Sumer, au sud de la Babylonie.

Le nom de cunéiforme lui a été donné à cause de la forme des signes. Ce sont des coins on clous, plus ou moins nombreux, depuis un jusqu’à une dizaine