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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/234

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CANON CATHOLIQUE

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Itci, t. I, i>. 48. Saint Clément romain, I Cor., xlvii, 3, Funk, t. I, p. 160, dit aux Corinthiens qne saint Paul leur a écrit rvïuuartzôi ; , sous 1 inspiration du Saint-Esprit. Saint Ignace d’Antioche assimile l’Evangile et les apôtres aux prophètes de l’Ancien Testament, Ad Pli il., VIII, 2 ; ix ; Ad Smrrn., v, i ; vii, 2, Funk, 1. 1, p. 270, 272. 278, 282 ; mais il ne parle principalement que de l’Evangile oral et de la prédication apostolique. Il n’exclut pas toutefois les Evangiles écrits, qu’il connaît et cite, et il les rapproche en quelque mesure de la loi de Moïse et des prophètes. LalI^Co/’.jii, 4. Funk, t.I, p. 186, cite, à la suite d’Isaïe, une parole évangélique, avec cette formule d’introduction : Kai hépv. Si ypc/.fr, /r/-t. Saint Jc’stin fait précéder des citations des Evangiles de la formule : « Il est écrit », qui lui sert pour amener les citations de l’Ancien Testament. CÂ.Dial. ciim Tnpiione, lig, P. G., t. YI. col. 584. L’Apocaljpsc est, à ses yeux, une révélation divine. Ihid.. 81. col. 66g. Saint Théophile d’Antiociie aflirme très explicitement l’inspiration des évangélistes et des apôtres comme celle des prophètes. Ad Aiitolrc, 1. iii, c. 12, P. G., t. VI, col. 1 187. Cf. 1. ii, e. 22 ; i. iii, c. 14, col. 1088, 1141. Les docteurs chrétiens n’ont donc pas attendu l’apparition des prophètes montanistes pour affirmer l’inspiration des livres du Nouveau Testament.

2° Les deutérocanoniques. — Mais n’y a-t-il pas, au moins, à faire, sous le rapport de l’autorité divine dont ils jouissaient, une distinction entre les livres du Nouveau Testament ? Les uns auraient été, dès l’origine, reconnus par toutes les Eglises chrétiennes ; les autres ne seraient parvenus que plus tard à se faire admettre au canon du Nouveau Testament. Plusieurs Eglises ne les auraient pas connus primitivement. Il y aurait donc, pour le Nouveau Testament comme pour l’Ancien, des livres protocanoniques et deutérocanoniques. Les protestants ont rejeté parfois ces derniers, et les rationalistes prétendent encore qu’ils sont indûment inscrits au canon chrétien et que l’Eglise s’est trompée en les y insérant.

Il est certain que quelques livres du Nouveau Testament ont été, durant les premiers siècles et dans quelques Eglises, l’objet de doutes, d’hésitations et de discussions qui les ont fait, en divers milieux et pour un temps, exclure du canon, et qu’on peut donc, dans le sens que nous avons indiqué plus haut, parler de livres deutérocanoniques du Nouveau Testament. Ces livres anciennement contestés sont l’Epître aux Hébreux, l’Epître de saint Jacques, la II" de saint Pierre, la U"^ et la IIP de saint Jean, celle de saint Jude et l’Apocalypse. Mais il est de fait que ces livres n’ont pas été universellement et simultanément discutés. Tandis que quelcjues Eglises les suspectaient, d’autres les admettaient sans contestation, en sorte qu’il y a toujours eu à leur sujet dans l’Eglise une tradition ferme et constante, obscurcie seulement en quelques endroits et pour des causes différentes. Enfin, la discussion doit être restreinte à quelques siècles : elle va du commencement du III siècle à la fin du iv « en Occident et du v" en Orient. Le pape Damase publiait, en 882, un décret, renouvelé plus tard par le pape Gélase et comprenant tous les livres du Nouveau Testament. Les conciles d’Hippone (8(, 3) et de Carthage (897 et 419) promulguèrent un canon complet, qui était identique en Espagne et dans la Gaule. A partir du iV siècle, l’Eglise grecque accepte définitivement les liTes autrefois contestés. Léonce de Byzance, De sectis, 11, 4. P. G., t. LXXXAT, col. 1200 ; S. Jean Damascène, Be orthodoxa flde, iv, 17, P. G., t. XCIV, col. 1180, Svnopse dite de saint Athanase, P. G., t. XXVIÏI, col. 289, 298 ; la Stichométrie, jointe à la Chronographie du patriarche NicÉruonE, P. G., t. CXLY,

col. 880-885. Dans les deux Eglises, les anciens doutes ne furent plus dès lors que des souvenirs historiques.

Pour les temps antérieurs, l’usage ecclésiastique des deutérocanoniques ne fut pas universel. Saint Clément de Rome connaît l’Apocalypse. La Didaché fait des emprunts à saint Jude et peut-être à la JP Pétri et à l’Apocalypse. Saint Justin cite expressément l’Apocalypse comme l’œuvre de l’apôtre saint Jean et comme prophétie. Dial. cum Trypli., 81, P. G., t. VI, col. 670. Saint Méliton de Sardes avait composé sur l’Apocalypse un livre perdu. Euskbe, //. E., 1. IV, c. XXVI, P. G., t. XX, col. 89 : 2. Les valentiniens connaissaient l’Epître aux Hébreux et l’Apocalypse. Les Epîtrescatholiquesontpeu d’attestations. Saint Théophile d’Antioche s’est servi de l’Epître aux Hébreux, de deux lettres de saint Pierre et de l’Apocalypse. Saint Irénée cite les deux premières Epîtres de saint Jean et l’Apocalypse. Il connaissait l’Epître aux Hébreux, mais pas comme de saint Paul. Le canon de Miiraiori mentionne l’Epître de saint Jude, au moins deux lettres de saint Jean et l’Apocalypse ; il ne parle ni de l’Epître aux Hébreux, ni de la lettre de saint Jacques ni de la seconde de saint Pierre. Le prêtre Caius discute l’Apocalypse qu’il attribue à Cérintlie. Il ne comptait pas l’Epître aux Hébreux au nombre de celles de saint Paul. Eusèbe, //. E., 1. VI, c. XX, P. G., t. XX, col. 578. Saint Hippolyte défend contre lui l’origine johannique de l’Apocalypse ; il cite l’Epître aux Hébreux, quoique, selon Piiotius, Bibliotheca, cod. 48, /*. G., t. CIII, col. 85, il ne la rangeait pas parmi les écrits de saint Paul ; il s’est servi des Epîtres de saint Pierre et de la lettre de saint Jacques ; on n’a pas encore retrouvé de traces de celles de saint Jean et de saint Jude dans ses écrits. A. d’Alès, Zfl théologie de saint Hippolyte, p. 1 14, 1 15. Clément d’Alexandrie dans ses Hypotypnses avait commenté tous les livres du Nouveau Testament ; et les Adunibrationes de Cassiodore sur les Epîtres catholiques sont la traduction latine d’une partie de cet ouvrage. Il citait l’Epître aux Hébreux comme étant de saint Paul. Tertullien attribuait cette Epître à saint Barnabe, mais sans admettre, semble-t-il, sa canonicité. De pudicitia, 20, P. Z., t. II, col. 1021. Il reconnaissait aussi la lettre de saint Jude et l’Apocalj’pse. Saint Cyprien n’a cité ni l’Epître aux Hébreux ni les quatre Epîtres catholiques. Cependant, au concile de Carthage, présidé par lui en 266, un évêque cita un passage de la //* Joannis. P. L., t. III, col. 1072. L’Epître de saint Jude est citée dans un traité contre Novatien, composé probablement par un évêque africain, contemporain de saint Cyprien. Opéra de saint Cyprien, édit. Hartel, Vienne, 1881, t. III, p. 67. Novatien fait allusion à l’Epître aux Hébreux, ^f Triait., ’xyï, P. L., t. III, col. 917.

Ces livres étaient donc reçus au ii’^ siècle, mais pas universellement ; ils n’avaient pas encore réussi à se faire accepter partout comme écrits inspirés. Cette situation de fait fut constatée au cours du iii « siècle, et cette constatation les fit ranger dans une catégorie spéciale de Livres saints : les anfilégomènes ou livres discutés. Origène le premier, tout en les tenant comme divins pour son propre compte, savait qu’ils n’étaient pas reçus par tous. Saint Denys d’Alexandrie, son élève, accentue les doutes relatifs à l’authenticité des deux dernières Epîtres de saint Jean, et prétend que l’Apocalypse n’est pas du même auteur que le quatrième Evangile. Il appuyait ses conclusions personnelles sur des arguments critiques, sur la différence du style, et il le faisait, au sujet de l’Apocalypse, par réaction contre le millénariste Népos. Eusèbe, //. E., 1. VII, c. XXV, A G., t. XX, col. 697. Eusèbe, quiavait fait des recherches spéciales sur les livres canoniques