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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/239

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CATACOMBES

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période postérieure. Mais on n’a pas pu clablir d’une façon solide l’existence d une inlluence hellénique : il n’y a donc pas lieu de placer la composition du poèiiie à une époque aussi basse que le iii « ou le ii^ siècle avant Jésus-Christ, comme le voudraient plusieurs auteurs modernes. Le fait que le poète s’inspire des idées et des symboles des prophètes montre également qu’il est postérieur à l’ensemble de la littérature prophétique. Mais cette question, d’ordre purement scientiCque, exigerait des développements qu’il est impossible de donner ici. Il sullit de savoir que la question de l’authenticité du Cantique n’intéresse nullement son caractère inspiré.

V. Objections relatives au Cantique. — L’objection principale consiste à dire que le Cantique est un chant d’amour profane, qu’en conséqquence il n’est pas inspiré, et que son admission au Canon des Ecritures est due à une erreur. Cette objection tombe par l’affirmation, établie sur l’étude directe du poème et conlirméepar la tradition exégétique, que le Cantique est une allégorie. A aucune époque de leur histoire les Juifs n’ont pu se méprendre sur le sens général du livre, et à l’époque de la formation du Canon en particulier, une erreur aussi énorme est absolument invraisemblable. En affirmant le caractère profane du poème, les exégètes rationalistes méconnaissent tout ce que nous savons historiquement de l’esprit juif. Si le livre a été admis au Canon, c’est qu’on savait d’une façon certaine qu’il avait une valeur religieuse.

Quant aux objections de détail, concernant des versets particuliers auxquels certains exégètes trouvent un sens inconvenant ou obscène (par exemple VII, 3), on ne peut que renvoyer aux commentaires. Le sens obscène n’existe que dans l’interprétation qu’on donne au texte, non dans le texte lui-même : on n’a pas le droit de mettre sur le compte de l’auteur ce qui provient uniquement de l’imagination de tel ou tel excgc.te.

Certains esprits difficiles objectent que l’allégorie elle-même, en représentant l’union de Jéhovah et d’Israël (ou du Christ avec lame ou avec l’Eglise) sous la figure du mariage, a quelque chose de choquant. Nous répondrons que la comparaison avec le mariage en général n’a rien en soi de messéant : au contraire, le mariage, parce qu’il est l’union la plus intime et la plus forte qui existe parmi les hommes, était très propre à exprimer l’amour de Dieu pour Israël. Du reste, le poète n’a fait qu emprunter ce symbolisme aux prophètes, qui représentent Israël comme l’Epouse de Jéhovah et appellent ses infidélités des adultères (cf. Osée, ii, 4 ^’l- ; Jér. m. i s<{. ; Ezéch. XVI ; Is. liv, ô s(i. ; i, xii.4 sq.). L’auteur inspiré du Cantique n’a fait que développer poétiquemenl et systématiser des images et des symboles de la littérature prophétique.

Bibliographie. — Sur l’histoire de l’exégèse du Cantique : Salfeld : Das Ilohelicd Salunio’s bel don judischen Erklarern des MUtelalters (1879) ; Riedel, JJie Auslegung des Ilohenliedes in der judisc/ien Gcmeinde uncl der griecliisclien Kirche (18y8) ; Grandvaux, Etude sur le Canlifjiie des Cantiques (1883), dans la Sainte Bible de Lethiellcux ; Tiefenthal, /Jos Ilolielied (1889), pp. 7-59.

Commentaires : j" Catholiques : Nicolas de Lyre (xiv’siècle) et Gcnebrard (iS^o) ont bien mis en lumière l’exégèse juive traditionnelle. Ce dernier a donné dans son ouvrage sur le Canticiuc la traduction des coruiucntaiies de Hashi, d’ibn Ezra et d’un raltbin anonyme. Parmi les modernes on pourra consulter entre autres Tiefenthal (1889), Gielniann (1890) et Seholz (njo/i). Mgr Meignan,

dans son livre sur Salomon (1890), donne un bon résumé, très conciliant, des interprétations juive et chrétienne. — Pour plus de détails, on nous permettra de renvoyer à l’Introduction de notre volume : Le Cantique des cantiques, Commentaire philologique et exégétique. Paris, Beauchesne,

>909 2° Non-catholiques : Les anciens commentaires de Mercerus (1651) et Clericus (i’j31) sont encore à consulter.

Les commentaires les plus importants de l’époque moderne, surtout pour leur valeur philologique, sont ceux de Delitzsch (1851, 1875), Kæmpf (1879) et Harper (1902) qui admettent la théorie dite dramatique ; et ceux de Budde (1898) et Siegfried (1898) qui considèrent le Cantique comme un recueil de chants séparés.

P. Joiiox.


CATACOMBES CHRÉTIENNES DE ROME.

— L’étude des catacombes romaines fournit aujourd’hui à l’apologétique catholique des arguments précieux et variés. Les découvertes que l’on fait chaque jour dans ces excavations funéraires touchent à une foule de questions religieuses, en particulier à celles du patrimoine ecclésiastique ; de la prière poui* les morts et des diverses formes du culte que l’Eglise leur rend ; du culte des saintes images ; du culte des saints invoqués pour les vivants et pour les morts ; de leurs reliques ; de leurs fêtes ; des pèlerinages à leurs tombeaux ; du culte de Marie ; de la primauté de saint Pierre ; des sacrements, surtout du Baptême, de l’Eucharistie, de la Pénitence, de l’Ordre, etc. Les adversaires ont compris l’importance apologétique de ces preuves nouvelles exhumées du sein de la terre en faveur de l’Eglise catholique, et ils commencent à livrer bataille sur cette arène dans laquelle jusqu’ici les catholiques avaient presque seuls paru. Tel est le double motif qui nous a fait donner au présent article un développement assez considérable ; il est ainsi devenu un véritable traité, dans lequel l’apologiste trouvera, au moins brièvement indiquées, presque toutes les preuves que fournissent les catacombes romaines pour la défense de la vérité.

I. Origine du mot « catacombes ». — On donne le nom de catacombes aux cimetières souterrains créés par les premiers chrétiens dans la banlieue de Uome et dans un grand nombre d’autres endroits du monde romain.

Ce mot n eut point toujours le sens général qu’on lui attribue aujourd’hui. A l’origine, les lieux consacrés au dernier repos des chrétiens s’appelaient coemeteriuiu, /.oiij-r.Tr.pi’yj (de /.’^ijj.y.76v.i dormir), qu’ils aient été creusés sous terre ou qu’ils s’étendissent à la surface du sol. Quand on voulait indiquer plus particulièrement une nécropole souterraine, on employait les expressions crypta, arenarium. Les cimetières à ciel ouvert recevaient i)lutot les appellations A’area, hortus. Le mot catacuniba n’eut d’abord qu’une signilication locale. Il désignait la partie de la voie Appienne qui correspond au deuxième mille de l’enceinte actuelle de Uome, et sous laquelle sont les plus célèbres cimetières chrétiens, L un de ceux-ci, celui de Saint-Sébastien, s’appelait, au iv’siècle, le cimetière ad catacumbas. On a [U’oposé de nombreuses étymologies de ce mot. Plusieurs érudits le font venir de cumba, cavité, ravin, et l’entendent soit de la déclivité (jue présente sur ce point la ^oie Appienne, soit des nombreuses sépultures souterraines qui s’y rencontrent. De llossi lui attribue plutôt une origine chrétienne. Il rappelle que le mol grec cuemeterium fut quehpiefois traduit en latin par accubiiorium ou