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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/241

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CATACOMBES

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En acceptant la donation des Cæcilii, Zépliyrin et son successeur Calliste avaient, au commencement du me siècle, fondé la propriété ecclésiastique ; le pape Fabien l’organisa, vers le milieu du même siècle. « Il divisa les régions entre les diacres, dit le catalogue libérien, et lit faire de nombreuses constructions dans les cimetières. » Ces deux mesures se tiennent, comme l’a démontré de Rossi. Avant le pontificat de Fabien, les diacres avaient formé un seul corps, sous la présidence du premier diacre ; Fabien assigna à chacun le soin d’une ou deux des régions civiles de Rome, dont il composa une région ecclésiastique, et désigna un ou plusieurs cimetières pour le service de celle-ci. Le savant archéologue romain a déterminé, à l’aide des inscriptions, la composition exacte des circonscriptions religieiiscs. La première, comprenant les régions civiles de la Piscine publique et de l’Aventin, était placée sous Tautorité du premier diacre et desservie par les cimetières de la voie Appienne. La deuxième, formée du mont Célius et du Forum romain, correspondait à une zone cémétériale commençant à gauche de la voie Appienne et comprenant le cimetière de Prétextât. L’Esquilin. entre la porte Labicane et la porte Tiburtine, formait la troisième région ecclésiastique, à laquelle était attaché le cimetière a^/ chias lauros. A la quatrième région ecclésiastique, composée de la région civile dite Alta semita et du Forum de la Paix, correspondaient les cimetières de la A oie Nomentane. De la cinquième région ecclésiastique, composée de la région civile dite ^’ia lata, dépendaient les cimetièi-es de la voie Salaria. La sixième région ecclésiastique, correspondant à la région du cirque Flaminicn, possédait les cimetières de la nouvelle voie Aurélia. Enfin, la septième région ecclésiastique, formée du Transtévère, était desservie par ceux (le la Aoie Aurélia et de la voie de Porto.

Cette organisation dura jusqu’à l’an 357. Alors le droit de l’Eglise sur ses cimetières fut troublé pour la première fois par l’édit de persécution de Valérien, qui les mit sous séquestre et en interdit l’entrée sous peine de mort. « Les empereurs, dit le proconsul d’Afrique à saint Cyprien, ont défendu de tenir aucune réunion et d’entrer dans les cimetjières. Celui qui n’observera pas ce précepte salutaire encourra la peine cajjitale. » De même le j^réfet d’Egypte dit à saint Denys d’Alexandrie : k II n’est permis ni à vous ni à nul autre de tenir des réunions et d’aller dans ce qu’on appelle des cimetières. » Les chrétiens cherchèrent les mojens d’éluder ces prohibitions ; à ce moment ai)i)artiennent une partie des travaux faits pour donnei- à la catacombe de Calliste des issues secrètes, afin de ])ermettrç aux fidèles de s’échapper dans la cami)agne en cas de surprise ; on abattit vers le même temps les marches de plusieurs escaliers et l’on ferma par des niurs l’entrée de certaines galeries ; l’accès des principaux sanctuaires devint ainsi presque impossil)lc à quiconque n’était pas initié.

Après la chute de Valérien, son fils Gallien fit, en 260, cesser la persécution. Des rescrits furent adressés aux chefs des communautés chrétiennes pour les remettre en possession des i> lieux religieux », c’est-à-dire des édifices consacrés au culte, et des cimetières. A Rome, le pape saint Denys recouvra ainsi le patrimoine ôe son p]glise.’( Il donna, dit le I.iher ponli/icalis, des églises aux prêtres, et constitua les cimetières. » Ces jtarolcs font allusion au rétablissement des deux ordres de jiropriélés ec(dcsiasti(iues restitues par des rescrits de Gallien, et montrent le pape confiant d’abord à des prêtres les édifices religieux rendus à l’Eglise, puis réglementant de nouveau, comme l’avait fait naguère Fabien, l’administration des cimetières.

Les successeurs de Gallien res[)cctèrent h- droit de

])ropriété rendu à l’Eglise. Aurélien le reconnut même par un jugement, dans lequel, sur les réclamations des chrétiens orthodoxes d’Antioche, il ordonna que

« la maison de l’Eglise », détenue par l’hérésiarque

Paul de Samosate, serait restituée « à ceux qui étaient en communion avec les évèqucs d’Italie et l’évêque de Rome ». L’édit de persécution promulgué par cet empereur vers la fin de ses jours ne s’occupa point des cimetières. Les commencements du règne de Dioclétien furent favorables aux chrétiens. Ceux-ci reprirent courage, et, se croyant assurés d’une longue paix, commencèrent à démolir les vieilles églises pour en élever de plus vastes. Ils travaillèrent avec la même liberté à l’embellissement et à l’agrandissement de leurs cimetières ; à cette époque, Severus, diacre du pape Marcellin, construit dans le cimetière de Calliste une double chambre recevant l’air et le jour par un luminaire extérieur que rien ne dissimule ; la même région de ce cimetière renferme beaucovip de grandes cryptes éclairées également par des luminaires, et qui paraissent contemporaines de celle de Severus. On peut attribuer au même temps trois cryptes terminées par des estrades ou tribunes à l’étage supérieur du cimetière Ostrien.

Dioclétien commença de persécuter en 303. Les églises qu’on venait d’élever furent briilées ou démolies, leurs archives pillées ou détruites. Les terrains sous lesquels s’étendaient les cimetières possédés officiellement par le corps des chrétiens devinrent la propriété du fisc. On retrouve dans les catacombes les traces des travaux exécutés à la hâte par les fidèles pour soustraire les tombes des martyrs aux profanations des païens ; des galeries furent comblées afin d’interceiJter le chemin qui menait aux sanctuaires les plus vénérés. C’est ainsi que la région primitive du cimetière de Calliste, donnée par les Cæcilii au pape Zéphyrin et où se trouvaient la chambre funéraire de sainte Cécile ainsi que le caveau des pajjcs du m’siècle, fut enterrée tout entière ; on parait avoir reporté précipitamment dans ce dernier caveau, pour les y mettre en sûreté, les restes du pape Caius, mort en 296 et déposé d’abord dans une autre partie de la catacombe. Les deux papes contemporains de la persécution, Marcellin et Marcel, ne purent être inhumés avec leurs prédécesseurs ; ils eurent leurs tombeaux, le premier « dans une chambre qu’il s’était lui-même préparée au cimetière de Priscille », et le second « dans un cimetière établi sur la voie Salaria, avec la permission d’une matrone nommée Priscille » ; c’est-à-dire l’un et l’autre dans un cimetière appartenant à une homonyme et peut-cire une descendante de la matrone du premier sièch’qui l’avait fondé ; ce cimetière était jusqu’à ce jour demeuré propriété privée, et avait, en cette qualité, échappé à la confiscation frappant les nécropoles ofiicielles A la prière de Marcellin et de Marcel, la charitable chrétienne fit de grands travaux dans l’antique hyj)ogée. Une partie de l’étage inférieur, d’une régularité jusque là sans exemple dans Rome souterraine, paraît avoir été creusée à cette époque ; en particulier l’ambulacre d’une hauteur et d’un » ; longueur extraordinaires, coupé à angle droit paivingt-trois galeries transversales. Les papes voulurent sans doute préparer, au plus fort de la persécution, un nouveau lieu di ; réunion et de repos pour les chrétiens (liasses d’autres nécropoles ; des cimetières moins vastes et moins réguliers furent improvisés à la même époque povu" y recueillir les reliqiu’S des nuirtyrs ou les sépultures des simples fidèles ; ainsi fut creusée dans un arénaire.près du bois abandonné (les Arvales, la petite catacombe de Gcnerosa.sur les bords du Tibre, ou, sous un aqueduc, celle de Castulus, sur la voie Labicane. Cependant, même alors, les