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CLERGE (CRIMINALITE DU)

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Comment le public aurait-il pu mettre en doute l’authenticité de cette liste déshonorante ? On lui nommait les villes où avaient été, disait-on, rendus les jugements, on indiquait les peines prononcées et les noms mêmes des condamnés, et le motif de la condamnation.

Eh bien, cette liste est menteuse ; et le mensong-e est d’autant plus malhonnête et impudent qu’on a fourni plus de détails pour tromper la bonne foi publique.

Ouvrez, en effet, le volume des Comptes généraux, qui donne officiellement les résultats de l’administration de la justice pour cette année 189^ et qui fut publié peu après : vous y verrez que les maîtres congréganistes n’ont pas subi dix condamnations, mais cinq, la moitié seulement’.

Les auteurs de la liste trompeuse auraient-ils par hasard commis une distraction ? Auraient-ils pris de simples accusés pour des condamnés ?

Cette excuse serait mauvaise, mais ils ne peuvent même pas l’invoquer. Car dans la même page du même Compte général, on voit que, en 189^, cinq congréganistes seulement ont été accusés.

Dix condamnés, quand il n’y a eu que cinq accusés : deux fois plus de condamnés que d’accusés !

Voilà les assertions auxquelles la haine antireligieuse peut conduire certains hommes !

Considérons maintenant ce qui regarde l’année suivante, 1898. Les mêmes journaux ou des journaux du même parti ont publié une liste des condamnations criminelles subies cette année-là, assurent-ils, par les instituteurs congréganistes, et toujours avec les noms des condamnés, le lieu de la condamnation, la peine prononcée et la nature du crime commis 2. Cette liste comprend onze condamnations, dont dix en cour d’assises.

Or le mensonge est plus insolent encore qu’au sujet de 1897 ; ^^^ ^^ Compte général pour 1898, paru un peu plus tard, porte :

Instituteurs congréganistes :

Accusés : 4 j condamnés : 3. Vous avez bien lu : 3 — et non i o ou 11.

N’oublions pas que ce nombre 3 est le nombre officiel, fourni pai- le Ministère de la Justice.

Quelque temps après, comme les nôtres objectaient les statistiques authentiques, publiées par celui qui écrit ces lignes, d’après les chiffres de l’administration, les organes de la secte qxii tyrannise et trompe le pays prétendirent « donner aux feuilles de sacristie un démenti formel », et dire la vérité sur « les satyres cléricaux inscrits au bilan noir ». C’est la langue de ces messieurs. Mais, au lieu de parler de ce que l’on pouvait savoir, au lieu de nous démentir sur ce que nous avions dit et d’entreprendre la tâche, d’ailleurs impossible, en effet, de réfuter nos chiffres à l’aide de documents, ils objectèrent les résultats de la criminalité pour l’année 1899, dont nous n’avions rien dit encore, et qui n’étaient connus authentiquement de personne ; et voici ce que quelques-uns osèrent écrire, d’après les données qui couraient parmi les leiu-s ^ :

1. Compte général de l’administration de la justice criminelle pendant iannt’e 1891 (Paris, Imprimerie nationale,

2. Citons en particulier, comme ayant donné cette liste, parmi beaucoup d’autres journaux, L’Ecole laïque (5 mars 1899).

3. Ce que nous allons citer est donné textuellement ])ar plusieurs journaux, particulièrement par ceux que nous avons nommés ; Le Progrès de l’Eure (2 novembre 1900) et L’Ecole laïque (14 janvier 1909, l"page, 3* colonne).

« Lorsque l’enseignement laïque voit deux de ses

membres comparaître devant les tribunaux (année 1899), l’enseignement congréganiste arrive avec Aingt et un chers Frères ou abbés.

« Si l’on compare le nombre de crimes commis par

les membres de l’enseignement laïque et ceux commis par le personnel congréganiste, on trouve que, dans le même laps de temps (pendant l’année 1 899), il a été commis dix fois et demie plus de crimes dans les écoles avec Dieu que dans les écoles sans Dieu. »

Si habitué que l’on soit à l’impudence, celle-ci paraît étonnante, car elle dépasse tout.

Relisez bien : « Alors que l’enseignement laïque voit deux de ses membres comparaître devant les tribunaux (année 1899), l’enseignement congréganiste arrive avec s’ingt et un chers Frères ou abbés. » Ce sont les rédacteiu’s eux-mêmes qui soulignent.

Malheureusement pour eux, le Compte général de l’administration de la justice, relatif àl’année 189g, a paru depuis, et l’on va voir la réponse :

, , , , ( Congrégan. : accusés, 5 : condamnés, 4.

Instituteurs 5 r’^r j -An

( J.aïques : accuses, 15 ; condamnes, lu.

Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont les Pai*quets eux-mêmes par l’organe du Ministre de la Justice de la République française : durant l’année 1899, il a comparu devant les cours d’assises, non pas vingt et un congréganistes mais cinq, non pas deux instituteurs mais quinze.

Ces écrivains, adversaires violents de l’enseignement religieux et défenseurs acharnés de l’enseignement laïque, trompent donc le public avec une effronterie invraisemblable.

Quant aux résultats d’ensemble et aux moyennes criminelles comparées, on a vu ce qu’ils sont d’après la statistique officielle,

Dans les huit dernières années de la période étudiée plus haut, malgré la partialité scandaleuse de l’administration, le personnel laïque de l’enseignement a encouru’ja condamnations criminelles, tandis que le clergé et les congréganistes réunis en encouraient 5’j ; dans la période trentenaire précédente, de 1864 à 1898, le personnel laïque de l’enseignement en a encouru 438, tandis que le clergé et les congréganistes réunis en encouraient 2’j8. Au total, dans les deux périodes réunies, de 1864 à 1 901, ce dernier groupe a subi 335 condamnations, alors que le groupe laïque en subissait 5 10. C’est-à-dire que, malgré l’injustice du gouvernement durant les 16 dernières années, les congTéganistes et les ecclésiastiques, rassemblés en un seul groupe, présentent, en chiffres ronds, 9 condamnations par an, contre 14 qui frappent les maîtres laïques, quoiqu’ils soient plus de deux fois plus nombreux que ces derniers.

Eh bien, l’Ecole laïque ose écrire (13 mars 1901) :

« Pour un délinquant que vous pouvez citer parmi

nos instituteurs, nous en trouverons cent parmi les Autres. » Un contre cent, quand c’est en réalité trois contre rfeji.r.’De telles assertions sont d’une mauvaise foi A-éritablement folle.

Du reste, ce journal ne tient pas au chiffre précédent ; il en a d’autres, et tout aussi ridicules. Voici, par exemple, ce qu’il écrit le 10 octobre 189’^ :

(c Pour 5 ou 6 instituteurs laïques, qui prennent bon an, mal an, connaissance a^ec les tribunaux savez-vous combien il y a de congréganistes ou curés, qui échouent sur les bancs des prisons ? »

Voilà la question nettement posée ! Combien y at-il d’ecclésiastiques et de congréganistes condamnés annuellement par le jury ? Remarquons bien la réponse ! Elle est écrite, en très gros caractères, pour appeler l’attention des lecteurs.