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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/393

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CRITIQUE BIBLIQUE

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d) L’authenticité des Prophètes a résisté davantage à la critique, car on peut négliger le paradoxe de E. Havet et de M. Veuxes, qui voient dans leurs écrits des compositions pseudépigraphiques des quatre siècles qui ont précédé immédiatement notre ère. On s’accorde assez à dater du aiii’siècle : Amos, Osée, Isaïe (la première partie, sauf quelques chapitres), Michée ; — du vii= siècle : Nahum, Sophonie, Jérémie (l’intégrité est contestée), Baruch, Haljacuc ;

— du vi « siècle : Ezéchiel (Deutéro-Isaïe), Aggée, Zacharie (l’unité littéraire est contestée) ; — du V^ siècle : Malachie. On reste indécis au sujet de Joël et d’Abdias (du x^ au vi^ siècle, ou même à une époque plus basse en ce qui concerne Joël) ; ceux qui admettent le caractère historique du livre de Jonas en placent la composition au viii « siècle, et quelques-uns au v «. Il va sans dire que le très grand nombre des critiques dits indépendants n’admettent pas la possibilité de la prophétie, et que ce préjugé a exercé son influence aussi bien sur leur ci-itique littéraire que sur leiu" critique historique. Voir l’article Propiié TISME.

e) L’histoire littéraire de l’Ancien Testament a été écrite, du côté des rationalistes et des protestants, par Th. NôLDEKE, Hist. littér. de l’A. T. (trad. franc, de Derenbourg et Soury, 1878) ; J. Wellhausen, Prolegomena ziir Geschichte Israi’ls, 1878 ; R. Kittel, Die Anfange der hebr. Geschichtschreibung im A. T., 1896 ; B. DuHM, Die Entstehung des A. T., 1897 ; E. Kautzsch, An oiitline of the Literature ofthe O.T. (trad. angl., 1899) ; G. F. Moore, Ilistorical Littérature ofO. T., dansVEncrcI. biblica (Cheyne), col. 2076 ; BuDDE, Geschichte der althebr. Literatur, 1906. — Du côté des catholiques, on peut citer W. Bakry, The tradition of Scripture, 1908. La plupart des Introductions à l’Ecriture Sainte font une part i)lus ou moins large à l’histoire et à la critique littéi*aire.

Les plus connues de ces Introductions sont : 1° du côté des catholiques, celles de Jahx, 1793, Heubst-AVelte, 1840-1844) ScHOLz, 1843-1848, Haneberg, 1845, Reuscu, 1859, Kaulex, 1876, 1899 % avec Compend. 1897 (Allem.) ; Ubaldi, 1877 (lat.) ; Vigouroux, 18781880’, 1906’- (franc.) ; Cornely, 1885-1887, Conipend. 1889’(lat.), 1907 édit. franc. ; Trociiox, 1886, Conipend. 1889 (franc.) ; Ciiauvix, 1897 (franc.) ; Gigot, 1899-1906 (angl.) ; Cellixi, 1908-1909 (lat.) ; — 2" du côté des Protestants, celles de Hæverxick, 1836(8^9, rééditée par Keil, 1853 (allem.) ; Blekk cIKamphausex, 1860, rééditée jiar Wellhausex, 1878, 1886, 18g3 (allem.) ; Kuexex, 186 i-1865 (hoUand.) ; Driver, 1891, 1898’(angl.) ; Koexig, 1898, Strack, 1894 (allem.) ; Corxill, 1891, 1905 (allem.) ; Briggs, 1899 (angl.) ; Baudissix, 1901 (allem.).

Sous le titre d’Histoire de la révélation de VA. T., ou simplement Histoire de l’Ancien Testament, Haxeberg, 1850 (trad. franc, de Goschler 1856), Daxko, 1862, ZscHOKKE, 1872, 1894 s et le D’M. Scuôpfer, 1894, 1906’, ont écrit des ouvrages dans lesquels on traite tout à la fois de l’histoire d’Israël, de l’origine de ses Ecritures et même de ses croyances. L’œuvre du D"’Schôpfer a été traduite en français et assez profondément remaniée par M. J. B. Pelt, 1896, 1904  ; et celui-ci, à son tour, vient d’être traduit en italien et adapté par M. Rouselle, Storia deli Antico Testamento, 1906.

f) C’est surtout dans l’histoire des doctrines et des institutions religieuses de l’Ancien Testament que le préjugé rationaliste s’est fait sentir. Sur ce terrain, des travaux considérables ont été entrepris sous le titre général de Théologie de l’Ancien Testament par V.TKE, 1835, Kl’exex, 1869-1870, IL Scuultz, 1869, J. F. Œiiler, 1873-1874, A. Kayser, 1886, Piepex-BuixG, 1886, Alexaxder, 1 888, E. Riehm, 1889,

A. DuFF, 1891, Smexd, 1898, DiLLMANX, 1896 (édité par Kittel), W. H. Bexxett, 1896, A. B. Davidsox, 1904 (édité par Salmond), Stade, 1906. Ces théologies peuvent se distribuer en deux types : le type ancien, représenté par Yatke, dépend d’une conception hégélienne de la conscience religieuse ; le type nouveau, représenté par Stade, se fonde sur la théorie de l’évolutionisme religieux. Le texte biblique nous fait connaître les expériences religieuses du peuple d’Israël aux différentes époques de son histoire, notamment en ce qui concerne le monothéisme, qui est le fond même de sa religion et le messianisme, objet et terme de ses aspirations. Dans une théologie biblique, on entend pi-éciser ces manifestations de la conscience du plus religieux des ijeuples de l’antiquité, marquer les étapes qu’elles ont franchies, et même en déterminer les causes. Pour la plupart des auteurs cités ci-dessus, ces causes sont exclusivement d’ordre naturel, les protestants libéraux et les « modernistes » font en outre appel aux interventions vagues et mal définies d’une providence spéciale sur Israël. L’histoire religieuse de ce peuple, culte et doctrines, vient d’être écrite de ce point de vue par E. Kautzsch, Religion of Israël, 1904, dans TExtra-Vol. , p. 62, du Diction, of the Bille (Hastings). Dans une brochure intitulée Die bleibende Bedeulung des Alten Testaments, 1902, le même auteiu" ramène la valeur permanente de l’A. T. aux points suivants : la Bible reste un admirable monument d’esthétique, encore qu’il soit inégal, et un document dhistoire ancienne de premier ordre ; par-dessus tout, elle est le livre du salut, où l’on apprend comment Dieu est venu à l’homme et comment l’homme doit aller à Dieu. S. R. Driver, The higher criticism, igoô, p. 11, met la principale valeur du prophète dans ses aspirations morales et religieuses, plutôt que dans ses prédictions. Cf. W. G. JoRDAX, Biblical criticism and modem Thoiighf, 1909.

La théologie biblique est un genre moderne. CL Revue des Sciences philos, et théolog., jginy. 1907, p. 130. Des anciens, tels que Noël Alexaxdre, 1676, Bvs-XAGE, 1704, D. Calmet, 1718, avaient bien écrit des dissertations historiques et théologiques sur les principaux faits de l’A. T., mais sans faire l’histoire des doctrines. Les premières théologies proprement dites, écrites du point de vue catholique, sont celles de H. ZsciioKKE, Théologie der Propheten des A. T., 1877, et du P. M. Hetzexauer, O. P., Theologia biblica, t. I, Vêtus Test., 1908. L’une et l’autre sont trop schématiques, c’est-à-dire rédigées d’après les cadres d’une théologie systématique ; elles ne donnent pas sulTisamment à connaître les progrès de la révélation de l’A. T. Sur ce développement progressif, cf. J. Brucker, L’Eglise et la critique biblique, 1908, p. 289.

Les croyants, qu’ils soient catholiques ou jjrolestants conservateurs, comme il s’en trouve encore beaucoup en Angleterre (cf. Mgr Batifeol, dans Le Correspondant, t. CCXX, p. 21), estiment que l’histoire et la religion d’Israël ne s’expliquent pas suffisamment, tant que l’on ne fait pas appel à la révélation divine, spécialement en ce qui concerne le monothéisme et le messianisme. Les prophètes ne sont pas les créateurs du monothéisme, le messianisme est autre chose qu’un désir de revanche contre les Gentils ou encore un rêve de domination universelle. Le développement historique de la littérature, des institutions religieuses et des croyances chez les Juifs est très réel ; mais loin de s’opposer à une activité surnaturelle, il la suppose. Voilà pourquoi, les critiques croyants estiment que le préjugé rationaliste n’est logiquement lié ni à la méthode critique ni à plusieurs des résultats obtenus par son moyen, encore que ce préjugé ait, de