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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/631

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ÉGLISE (DANS L'ÉVAXGILE)

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« des siècles. » ÇVattJt., xxviii, 20.) Dételles paroles

ne peuvent pas ne pas signifier une assistance que le Christ garantit à l’Eglise. En outre, c’est une assistance qui durera aussi longtemps que l’Eglise, aussi longtemps que le monde ; c’est donc une assistance perpétuelle. Eteuiin c’est une assistance dontle résultat est infrustrable, dont le résultat est divinement garanti ; c’est donc une assistance efficace.

La formule : « Je suis avec vous », vobiscum sitm, /j.z6' jiiCt-jùfj.i, est une locution juive et biblique, dont le sens est très connu et fort accuse. Par cette formule, Dieu engage (pour ainsi parler) son honneur ; Dieu affirme solennellement qu’il veut, d’une manière absolue, procurer un tel résultat, et qu’il le procurera, de fait, envers et contre tout. Semblable promesse ne peut jamais être frustrée, car la parole divine, la parole toute-puissante, est catégorique et formelle :

« Je serai avec toi. » (Gen., xxxi, 3 ; xxxix, 2 ; Deut., 

xxxr, 8 ; Jud., vi, 12 ; I Sam., iii, ig ; Jerem., xxx, 10, II ; Agg., 11, 5 ; Luc, 1, 28 ; Act., xviii, 9, 10.) On voit donc ce que promettent les dernières paroles du Christ en saint Matthieu : « Toute puissance m’a été donnée

« au ciel et sur la terre. Allez donc enseigner toutes
« les nations… Et voici que je suis avec vous, tous
« les jours, jusqu'à la consommation des siècles. « Ce

sera une assistance efficace et perpétuelle dans l’enseignement de la vérité ; ce sera une préservation, divinement garantie, contre la possibilité même de l’erreur ; ce sera l infaillibilité doctrinale.

Mais à qui donc est promise l’infaillibilité doctrinale, dans le texte qui nous occupe ? — Les paroles du Sauveur ne sont pas adressées indistinctement à tous les disciples, à tout le peuple fidèle ; maL<. exclusivement au collège apostolique, c’est-à-dire au petit groupe de compagnons privilégiés qui seront ici-bas les déiio^itaires de l’autorité du Christ. (Maitli., xxviii, 16-18.) Notre texte est celui-là même où est allirmée le plus clairement la mission enseignante et gouvernante, le pouvoir pastoral des apôtres et de leurs successeurs. Les Douze, ou plutôt les Onze, apparaissent ici dans le rôle pour leiiuel ils ont été choisis entre tous : la prédication oflicielle de la vérité divine, de la doctrine évangélique. Le Christ le leur affirme :

« Enseignez toutes les nations…, leur apprenant à
« garder tout ce que je vous ai prescrit. » (Matth., 

XXVIII, 19, 20.) Un texte parallèle accentue le caractère authentique et obligatoire de la doctrine enseignée par les apôtres : <( Celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc, xvi, 16.)

Concluons. Le Christ n’a pas dit : u Tout l’cnsem « blc de mes fidèles possédera l’infaillibilité doctri « nale ; et le nuigistère ecclésiastique aura pour mis « sion d’enregistrer la croyance collective. » Mais le Sauveuradil : « Le magistère ecclésiastique lui-même

« sera infaillible dans l’enseignement de la doctrine ; 
« et tous les fidèles seront tenus d’admettre pour
« vraie la doctrine que leur projjosera ce magistère
« infaillii)le. » Voilà ce qui résulte du texte final de

saint Matthieu.

(On a exposé plus haut, dans l’article Dogmk, col. 1130 sqq., le rapport historique et dogmatique de l’Eglise cnsarenante et de l’Eglise enseignée. Ici, nous n’avons p^-^ à sortir du cadre évangélique : lequel suffit à une réfutation du primipe de la théorie moderniste de l’Infaillibilité.)

/3) f.e discours après la Cène, (loan., xiii-xvii.) — Quelques parties du discours après la Cène regardent exclusivement le rôle personnel et transitoire des apôtres du Christ, non pas le rôle permanent et perpétuel du magistère ecclésiastique. Ce sont les textes concernant les vérités nouvelles que l’Esprit Saint devait encore manifester aux apôtres eux-mêmes, après le départ de leur Maître pour le ciel. (Joan., xvi, 7-1 5.)

Mais la presque totalité du discours regarde la mission enseignante du collège apostolique, prise dans toute son ampleur, et, par conséquent, doit être appliquée aux successeurs des apôtres non moins qu’aux premiers compagnons de Jésus-Christ. Ce sont les nombreux textes concernant la prédication, parmi les hommes, de la doctrine divinement révélée. (Joan., XIV, XV, xvii.) Le discours après la Cène peut donc être utilement rapproché de la finale de saint Matthieu.

A qui sont adressées les paroles du Sauveur ? — Evidemment aux douze apôtres, les seuls convives qui prenaient part à la dernière Cène. (Marc, xiv, 17 ; Matlh., XXVI, 20 ; Luc, xxii, 41.) Et il s’agit des Douze, en tant qu’ils devaient être, ici-bas, les i-eprésenlants authentiques de Jésus, les organes de la vérité divine. (yoa/j., xvii, 20.) Or le Sauveur déclare nettement que les fidèles de l’avenir seront tenus d’accepter la doctrine enseignée par les apôtres. (Ibidem ; et passim in tota oratione.)

Quelle promesse Jésus-Christ fait-il aux apôtres ? — Jésus-Christ promet aux apôtres l’assistance ellicace et perpétuelle de l’Esprit Saint, pour les conserver dans la vérité, poiu* leur faire exactement proposer parmi les hommes la doctrine évangélique. « Je

« prierai le Père ; et il vous donnera un autre Conso « lateur pour demeurer avec vous perpétuellement ; 
« l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, car
« il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, au con « traire, vous le connaîtrez, puisqu’il demeurera au
« milieu de vous et sera en vous-mêmes… Le Conso « lateur, l’Esprit Saint, que n.on Père enverra en mon

'( nom, A’ous enseignera toutes choses ; il vous rap(( pellera tout ce que je vous ai dit. » (Joan., xiv, 16, 17, 26.)

Nous devons donc conduire, cette fois encore, que Jésus -Christ promet au magistère ecclésiastique l’infaillibilité doctrinale ; c’est-à-dire une réelle préservation de la possibilité même de l’erreur dans l’enseignement de la doctrine.

L’infaillibilité du magistère est l’une des prérogatives les plus capitales de l’Eglise hiérarchique dans l’Evangile. Pour établir l’existence de l’infaillibilité, pour exclure l’objection protestante et l’interprétation moderniste, nous avons recouru, non pas à un argument abstrait, mais exclusivement à des textes positifs. Nous partageons, en efïet, l’opinion du professeur Jalaguier : « Dans les questions de fait, la preuve

« de fait est, sinon la seule légitime, du moins la
« seule décisive. » (De l’Eglise, p. 286.)

F. Conclusion : lEglise et le « royaume »

a) Ce qu’est l’Eglise et ce qu’est le royaume. — Le mot Eglise veut dire assemblée, association. Depuis l’origine du cliristianisme, ce terme est adopté pour désigner la communauté chrétienne elle-même, la société visible des disciples de Jésus. Nous pouvons indiquer maintenant les traits essentiels de l’Eglise du Christ, d’après l’Evangile.

Collectif et social, le « royaume de Dieu » comporte, avant sa eonsouunation glorieuse, une première période, moins parfaite, dans les conditions mêmes de la vie [irésente. Les disciples de l’Evangile forment donc, ici-bas, une comnmnauté visible : l’Eglise du Christ. Pour la régir, son Maître a constitué une hiérarchie pcipéluelle, qui possédera un magistère enseignant et une juridiction gouvernante. Cette hiérarchie sera fornu-e par le collège des Douze et par les successeurs des ai)ôlres, sous le principal nécessaire et permanent de Pierre et des successeurs de Pierre. A renseignement du magistère ecclésiastique, est conférée une divine garantie : l’infaillibi-