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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/653

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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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faire davantage dans le présent article) une application du critère moral et du critère juridique à chacune des communions chrétiennes, pour discerner avec certitude l’unique et véritable Eglise du Christ. Nous appliquerons, d’abord, les quatre « notes » selon leur-aleur comparative. En elïet, parmi les di.Térentes communions rivales, il en est une qui est l’authentique Eglise du Christ. Or, une seule d’entre les communions chrétiennes possède la transcendance morale, parla sainteté ; une seule d’entre les communions chrétiennes, — et la même, — réunit les critères d’tipostolicité, d’unité, de catholicité. Donc, par la méthode pure et simple de comparaison, il faudra conclure que cette Eglise privilégiée n’est autre que l’unique et véritable Eglise du Christ.

Nous appliquerons, ensuite, les quatre « notes » selon leur valeur absolue. En effet, l’existence de la sainteté de lEglise ; et aussi la réunion, dans cette même Eglise, des critères d’apostolicité, d’unité, de catholicité, constituent un fait prodigieux, un double miracle moral. Et ce dou])le miracle moral altesie par lui-même que l’Eglise catholique est l’œuvre authentique du Dieu très bon et très saint : attestation pleinement suffisante et valable à elle seule, indépendamment de tout recours aux textes évangéliques et aux institutions du Christ. C’est le fait actuel qui parle haut et clair : digitus Dei est hic.

Aussi les derniers pas de notre marche, dans la démonstration apologétique de l’Eglise, nous feront-ils rejoindre l’argument proposé par le Concile du Vatican : la transcendance actuelle de l’Eglise catho qu(

C’est que l’œuvre divine est merveilleusement cohérente avec elle-même. On peut, à bon droit, partir du fait actuel et miraculeux de l’Eglise, pour retrouver, à son origine, le message du Christ ; tout aussi bien qu’on peut, comme nous l’avons fait, partir du message évangélique pour aboutir au miracle présent de l’Eglise.

D. Applications. Valeur comparative

a) Comparaison au point de vue de la sainteté.

Nous reconnaissons volontiers, chez de nombreux fidèles des Eglises orientales et des Eglises prolestantes, la pratique de la vertu moyenne et commune : en d’autres termes, des mœurs graves et honnêtes. Clicz quelques-uns d’entre eux, nous reconnaissons l’état permanent, sinon de vertu héroïque, du moins de vertu supérieure. Nous reconnaissons enfin, chez les protestants et les chrétiens orientaux, beaucoup d’actes de dévouement et d’héroïsme ; surtout dans les circonstances qui exaltent les plus nobles sentiments du cœur liumain.

Toutefois, nous ne rencontrons dans aucune des Eglises orientales ni dans aucune des Eglises protestantes ce fqui constitue le critère moralàela véritaljle Eglise du Christ, la « note » de sainteté. Nous ne constatons pas, en effet, la transcendance morale (vertu héroïque chez un certain nombre, vertu supérieure chez un grand nombre) existant d’une manière continue dans telle Eglise, au nom même des principes que cette Eglise professe. Il n’y a que dans la seule Eglise catholique romaine que se vérifie pareil critère moral.

Donc, par application comparative de la « note » de sainteté aux différentes communions chrétiennes, on doit conclure qu’aucune des Eglises orientales, aucune des Eglises protestantes n’est la véritable Eglise du Christ, mais que ce titre appartient exclusivement à l’Eglise catholi(pu’romaine.

(v) /.es Eglises protestantes. — Non seulement les Eglises protestantes ne possèdent pas leur couronne

de saints, qui aient constamment représenté parmi les « réformés » la vertu héroïque. Non seulement elles ne possèdent pas leurs légions d’hommes. et de femmes qui se soient voués, de tout temps, aux vertus les plus excellentes et les plus austères de lEvangile. Mais les Eglises protestantes, loin d’encourager leurs fidèles à la pratique de ces hautes vertus, les en ont plutôt détournés.

A vrai dire, on détournait les fidèles de la pratique des vertus supérieures et des vertus héroïques, dans la mesure même où l’on acceptait et où l’on retenait l’une des doctrines capitales du protestantisme : la justification par la foi sans les a>uvres.

Certes, si on l’entend correctement, la doctrine protestante de la foi sans les œuvres ne supprime nullement la loi morale ni tout devoir chrétien. On ne doit pas prendre au pied de la lettre le paradoxe fameux : Pecca fortiter, crede fortius. Mais, indubitablement, la doctrine de la foi sans les œuvres déclai-e inutiles, sinon même nuisibles, toutes les œuvres surérogatoires, toutes les pratiques de sacrifice et de renoncement inspirées pai- les conseils de l’Evangile. C’est au nom même du principe de la foi sans les œuvres que les instituts religieux d’hommes et de femmes disparurent partout où triompha le protestantisme, et, du même coup, tombèrent en désuétude et en discrédit les plus hautes Acrtus chrétiennes. De nos jours, lorsque certains protestants reprennent quelque chose dea a-uvres surérogatoires, notamment la profession des conseils évangéliques par la « vie religieuse », ils le font malgré les principes, malgré les coutumes, malgré les réclamations de leur propre Eglise, ils le font par adoption manifeste des principes et par imitation avouée des exemples de l’Eglise catholique romaine.

Donc les Eglises protestantes, dans la mesure même où elles restent protestantes, sont dépourvues de la

« note » de sainteté : non moins de la sainteté des

principes que de la sainteté des membres.

(, 5) Les Eglises orientales. — Nous ne devons pas adresser aux Eglises orientales un reproche aussi grave. Elles conservent la sainteté des principes par la doctrine et les institutions qu’elles possèdent. Mais, nonol)stant la sainteté des principes, elles ne procurent pas la diffusion et la transcendance des hautes vertus chrétiennes qui constitueraient le critère moral delà véritable Eglise par la sainteté des membres.

On ne saurait prétendre que la vertu héroïque apparaisse d’une manière constante et avec quelque diffusion dans les Eglises orientales. D’ailleurs, les personnages que ces Eglises elles-mêmes ont canonisés ne sont qu’en tout petit nombre pour les derniers siècles ; et, dans leurs procès de canonisation, il n’y a guère d’enquête rigoureuse et nu’thodlque sur le fait même qui serait capital, au point de vue qui nous occupe : Vhéroïcité des vertus. Bref, la vertu héroïque, la « sainteté » proprement dite, ne s’épanouit pas, dans les Eglises d’Orient, comme leur floraison naturelle.

Proportion gardée, la même remarque s’applique aux vertus supérieures, que l’esytrildei^ conseils évangéliques doit multiplier dans la véritable Eglise du Chrisl, comme son bien social et son trésor de famille. Les Eglises orientales n’offrent que des exemples peu nombreux, et plutôt espacés, de vertu supérieure, de haute abnégation chrétienne. La vie sacerdotale, la vie monastique ne représentent généralement pas une ferveur spirituelle, une excellence morale (lui dépasse de beaucoiq) l’iionnêtclé commune. On doit remarquer aussi, dans les Eglises orientales, l’absence relative, ou du moins la rareté des œuvres religieuses, apostoliques, charitables,