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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/696

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ENFANCE fCRLMLNALIÏE DE L’)

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indirectes, comme l’alcoolisme, et comme d’autres, on cherchait un i^eu — et c’est pour moi un scrupule de conscience — je me demande si l’instruction insuffisante que vous donnez, et que vous ne voulez pas modifier, n’est pas une cause de criminalité… « Et, développant sa pensée dans la deuxième séance du 20 janvier 1910, il concluait : « Que se passe-t-il en cet enfant transporté du milieu de l’école dans l’enfer de l’usine ? Quel heurt ! Quelle rupture d’équilibre ! Que devient-il, cet enfant qui avait tant entrevu et qui maintenant sait que, pendant toute sa vie, il ne seraplus qu’une chair à gagner de l’argent aux patrons et aux capitalistes ? (oin-eaux applaudissements à l’extrême gauche.) Que se passe-t-il dans sa petite cervelle ? Ah ! s’il était un homme fait, s’il pouvait réfléchir, il viendrait au socialisme ! mais à présent, avec sa petite cervelle, qui ne peut encore ni réfléchir ni résister, cet enfant, vous en faites l’apache. (Vh’es réclamations à gauche.) Et vous cherchez aujourd’hui les causes de la criminalité ! Vous en faites l’apache ! » La majorité de la Chambre protesta bruyamment contre l’audacieux langage du socialiste révolutionnaire ; mais elle ne sut trouver, pour lui répondre, ni un argument péremptoire, ni un chifl"re sérieux.

La famille, l’atelier, l’école sont les trois facteurs dont l’influence se fait sentir le plus directement sur l’enfance. La criminalité croissante de l’enfance résulte d’une série de défaillances s’entrainant et s’aggravant les unes sur les autres. M. H. Joly, rapporteur du concours ouvert par l’Académie des sciences morales pour le prix du budget de 1908, en présentait merveilleusement l’enchaînement : Défaillance physique des organismes minés par des excès dont le principal (nous ne disons pas le seul) paraît bien être l’alcoolisme. — Défaillance de la famille, qui n’a plus ni la dignité, ni la cohésion, ni l’autorité nécessaires. — Défaillance de l’école proprement dite, que l’examen de l’état intellectuel de nos recrues vient de mettre en lumière. — Défaillance de l’instruction professionnelle et de l’apprentissage, cette seconde école non moins nécessaire que la première. — Défaillance de l’école dite réformatrice, où l’accumulation croissante d’éléments trop compromis est fatalement destinée à aggraver plus de vices qu’elle ne saurait avoir la prétention d’en guérir. — Défaillance de la justice, qui a peur de sa tâche, et qui supprime ou relâche un à un tous les freins sans réussir à les remplacer par des freins nouveaux. — Défaillance de la haute pensée philosophique, qui aime mieux s’adapter tant bien que mal aux mœurs existantes que de prendre la responsabilité d’une doctrine morale. — Défaillance enfin de l’action à exercer par chacun dans le milieu social pour en éliminer ou en transformer les éléments irrespirables ou délétères.

IV. Remèdes contre la criminalité. — Que ce soient des infractions flagrantes à la loi divine ou des dérogations aux saines traditions, les diverses causes d’augmentation de la criminalité de l’enfance appellent un remède qu’il faut demander au même principe : le retour aux traditions abandonnées ou méconnues. Ainsi, l’accumulation dans les grandes Ailles réclame comme remède le retour aux champs. Désorganisée par le divorce, par la désunion des parents ou les condamnations, la famille ne se rétablira que par la fidélité, l’entente conjugale, la pratique des vertus chrétiennes. Les coutumes de l’atelier, viciées par la violation du contrat d’apprentissage, veulent être reprises, dans l’intérêt de l’industrie nationale aussi bien que dans l’intérêt des classes ouvrières et de leur instruction professionnelle. —

Pnis<iue l’une des i)rincipales causes de la progression de la criminalité est l’absence, tout au moins l’insuffisance d’éducation, on s’attachera à faire œuvre d’éducation, d’abord sur ses enfants, puis sur tous ceux dont on a reçu la charge, apprentis, employés ou domestiques, enfin sur ces jeunes ouvriers, ces jeunes ouvrières dont le travail profite à tous. On fera œuvre d’éducation sur tous ces enfants, à l’égard desquels les circonstances donnent quelque influence directe ou indirecte, durable ou passagère. Respectant leurs âmes, éveillant leurs consciences, assurant l’observation de leurs dimanches, aflermissant leurs volontés, défendant leur santé physique, condition souvent nécessaire de leur santé morale, on fera une guerre sans relâche à cet enseignement hypocritement neutre, réellement meurtrier de l’àme française, empoisonneur des sources où s’est abreuvée notre belle jeunesse ; l’enseignement chrétien y contribuera plus etficacement que l’érection de nombreuses prisons pour les châtiments de cette jeunesse criminelle, dissimulée sous les non-lieu, sous les affaires classées dont l’administration de la justice hésite à présenter le sincère dénombrement. On fera œuvre d’éducation surtout en soutenant, en encourageant de son influence, de ses ressources, de sa personne, de tout son pouvoir, les écoles libres et les patronages catholiques, cibles des feux convergents de la franc-maçonnerie, suprêmes réserves de la France chrétienne.

Bibliographie. — Albanel (L.), Etude sur les causes de progression de la criminalité des enfants, 1898, in-8 ; Albanel (L.), Legras (D"^), L’enfance criminelle à Paris, 1899, gr. in-8 ; Badini Jourdain, Bu rôle de l’initiati-e pri^’ée dans la préservation de l’enfance contre le crime ; Bonjean (G.), La protection de l’enfance abandonnée ou coupable, 1896, in-8 ; Bonneville de Marsangy, Moralisation de l’enfance coupable, 1867, in-8 ; Code de l’enfance traduite en justice, 1904, in-18 ; Coyne(Et.), L’éducation obligatoire : Essai d’étude sur une des causes de la criminalité de l’enfance, Annecy, 1894, in-8 ; Dreyfus (Ferdinand), Misères sociales : L’enfance devant la Justice répressive, I901, in-18 ; Drillon (Paul), La Jeunesse criminelle, 1906, in-16 ; Escard (Paul), Education et hérédité, leur influence sur la criminalité, 1900, in-8 ; Féré (Ch.), Dégénérescence et criminalité, 1888, in-18 ; Fliche (Louis), Etude sur la précocité des malfaiteurs à notre époque, 1886, in-8 ; Garnier, La criminalité juvénile, 1904, in-12 ; Grimanelli, L’Enfance coupable, Autun, 1906, in-8 ; Grosmolard (J.), L.a lutte contre la criminalité juvénile au xix° siècle, Lyon, 1907, in-8 ; Guillot (Ad.), Observations pratiques au sujet des enfants traduits en justice, 1890, 111-8 ; Comité de défense des enfants traduits en justice. Rapport, 1891, in-8 ; Hatzfeld (Ad.), Du discernement chez les enfants coupables, Melun, 1897, in-8 ; Joly (Henri), La criminalité de la Jeunesse, 1898, in-12 ; L’Enfance coupable, 1904, in-18 ; Julhier, RoUet, Klein et Gastambide, L.es tribunau.r spéciaux pour enfants, 1906, in-12 ; Labrouche (Jean), Instruction et Criminalité, Airesur-l’Adour, 1898, in-8 ; Lasserre (Emm.), L’enfant devant la Justice répressive, Bordeaux, 1891, in-16 ; Lasserre (Emm.), Etude sur la condition de l’enfant devant la Justice répressive, Bordeaux, 1888, in-8 ; Laurent (Emile), La criminalité infantile, 1906, in-18 ; Le Mar’hadour (René), Criminalité de l’enfance. Rennes, 1906, in-8 ; Marchesseau (Joseph), De la protection des jeunes criminels, Niort, 1708, in-8 ; Molinié (Joseph), Mesures destinées au relèvement moral de l’enfance coupable, 1899, in-8 ; Moreau (D’Paul), De l’homicide commis par les enfants, 1883, in-8 ; Morin (Félix), Des comités de