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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/724

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EPIGRAPHIE

li.Vl

la mulilalion des slaliies et des iniapi-es, ainsi que quelques autres délits, sont considérés comme iipoTjyt’y. xv.'t v.-réîîiy. (WooD, Inscriptions from the gréai Théâtre, i, col. iv, lig. 39-41). Qui sait si cen’est pas précisément à cette loi que le /pviJ.fj.y.Tîùi fait appel ? S’agit-il, au contraire, de griefs particuliers à la corp 0r.1t ion, il rappelle cpi’il y a des assises, des proconsuls. Sur le rôle du proconsul dans l’administration de la justice, cf. Chapot, op. cit., p. 35 1 suiv. L’expression irjopvXoi ay^vrat (xix, 38) trouve sa justiQcation dans l’usage épigraphique de la région (Dit-TENBr. KGER. Oricntis græci, bi’j, n. '^). Si au contraire la Ibule a d’autres questions à mettre en délibération, qu’on attende une assemblée « régulière " (Cuapot, op. cit., p. 208). Un détail cependant du récit de S. Lue demeure obscur. Il nous montre (xix, 31) quelques-uns des « asiarques » restés fidèles à Paul ; qvii sont ces asiarques ? Si la question demeure sans réponse certaine, la faute n’en est pas à l’auteur des Actes, mais au problème lui-même qui n’a pas encore été éclairci, cf. Chapot, op. cit., p. 468-489 et 617.

Des péripéties du dernier Aoyage de Paul à Jérusalem, nous ne retiendrons qu’un trait, car il répond pleinement à notre but. Paul est accusé par des Juifs d’Asie d’avoir introduit dans le temple des Gentils ; on se précipite sur lui, on cherche à le tuer ; l’inter-A’ention du tribun de la cohorte seule le sauva (xxi, 27-32). Cette haine pronqîte à s’assouvir devait se couvrir d’un prétexte. Le prétexte existait. Si l’on en croit Josèphe, le parvis des Gentils était séparé de celui des Juifs par une balustrade, et les païens avaient défense de la lYanchir sous peine de mort : des stèles, placées de distance en distance, rappelaient en grec et en latin la prohibition et la sanction (Josèphe, J./., XV, xi, 7 ; />., /., V, v, 2, VI, 11, 4). Mais nous avons mieux que l’autorité de Josèphe : M. Clermoxt-Gaxxeau a découvert, en 1871, une des stèles dont parle l’historien juif ; cf. He^'. arcliéoL, nouv. série, XXIII (1872), p. 214-234, 290-296 ; Ditten-BERGER, 617('e « ^i.s o^ ; Y/ec/, 598 ; ScHUERER, lI, p. 272, n. 55 ; Deissmann, Licht, p. 49. C’est cette sentence que les ennemis de Paul voulaient indûment lui appliquer.

On pourrait pousser bien plus loin cette enquête. Par exemple, il serait tentant d’accompagner Paul et Luc dans leurs voyages de Palestine en Asie, d’Asie en Europe ; de nous embarquer avec eux, de refaire, sur leurs traces, les longues étapes des routes de terre, enfin le dernier voyage, si dramatique, du prisonnier. Avec les anciens itinéraires, les récits des Aoyageurs modernes, en observant les paysages et les ruines, on arriverait à rendre tous ses entours au récit déjà si coloré et si vivant du « témoin ». Ce travail, M. Ramsay l’a accompli, cf..S7. Paul, tlie Traveller and the roman Citizen, 7' édit., 1903 ; The Cities of St. Paul, 1907 ; Pauline and other studies in early Christian History, 1907 ; I.uke the physician, 1908 ; mais, ajjrès lui, il y a encore à glaner, et, presque à toutes les étalées, nous rencontrerions des inscriptions dont le contenu souvent Aient éclairer le récit des Actes, et toujours jette une lumière plus abondante sur le milieu dans lequel s’est répandue la prédication apostolique.

B. Les Inscriptions et l’Eglise : i. Vie extérieure de V Eglise : a) le milieu ; b) la diffusion de l’Eglise ;

c) l’unité de l’Eglise (Ahercius) : d) les luttes et les divisions : 2. Vie intérieure de l’Eglise : a) le Credo ; b) les sacrements ; c) le culte chrétien : c.) liturgie, /3) culte des saints et des reliques ;

d) les institutions ecclésiastiques ; e) la yie morale chrétienne : c.) les vertus, fi) la conception de la mort.

Vouloir tirer des inscriptions une histoire de l’Eglise serait une chimère ; attendre même de ces documents des renseignements plus précis' ou plus détaillés que ceux que nous fournissent les textes littéraires sur les débuts de l’Eglise, ce serait s’exposer à une déconA’enue totale. N’avons-nous pas remarqué les causes qui ont rendu assez rares les inscriptions chrétiennes aux premiers âges chrétiens, et les difficultés qu’il y a à les isoler des textes païens ? Cette réserve faite, on doit affirmer que les inscriptions peuvent fournir un précieux appoint à l'étude du fait ecclésiastique. Xous en signalerons quelques aspects ; ils donneront une idée des détails intéressants que les monuments lapidaires fournissent, pour leur part, à l’historien qui ne dédaigne pas de se faire un moment archéologue. A seule fin de trouvcr un cadre, nous distinguerons dans l’Eglise sa vie extérieure et sa vie intime.

I. Vie extérieure de l’Eglise. — Dans quel milieu, sous quelles influences ou malgré quels obstacles, l’Eglise s’est-ellc répandue ; à quels signes se manifeste l’unité dans la dispersion ; luttes et divisions : tels sont les points relatifs à l’histoire extérieure de l’Eglise, autour desquels nous grouperons quelques faits empruntés à l'épigraphie.

a) Le milieu. — Si l’on dépouille le Corpus latin et les inscriptions grecques d'époque romaine, on est, avant tout, frappé de la grande diversité qu’elles nous révèlent de province à province. On constate de multiples degrés d’assimilation : ici à peu près complète, là beaucoup moins poussée. Le caractère national des peuples se trahit à maint détail. Ce que nous savions de la politique romaine, de ses compromissions hal » iles, de son art de ménager les transitions et les étapes : tout cela devient sensible dans les multiples divergences que nous constatons de province à j>rovince, de ville à ville. Nous retrouvons, dans les inscriptions officielles ou privées, dans les dédicaces ou les ex-Aoto, la Aariété presque infinie des institutions municipales, la mêlée des cultes, la population bigarrée des dieux locaux dont la personnalité survit, en dépit des efforts d’unification tentés parle syncrétisme ; la multitude irréductible des langues indigènes, toujours Aivaces et conservant les idées et les aspirations du passé sous le nouvcl état de choses. Il n’y a pas jusqu'à la physionomie morale des peuples qui ne se trahisse avi libellé des textes, à telle formule favorite. Comparez les Gaules à l’Afrique, l’Egypte à la Syrie, la Grèce à l’Asie, les proA’inces danubiennes aux Germanies : de tous côtés, les contrastes s’accusent, et l’on constate combien d’autonomies Rome eut l’art d’unir, sans les fondre, dans le grand tout impérial. Sans faire des comparaisons aussi distantes, il suffirait de passer en rcvue les proA’inces asiatiques pour s’apercevoir de l'écart de civilisation qui existe des proAànces de bordure aux états du centre, défendus de la romanisation par leurs montagnes, leurs antiques traditions d’indépendance, leur génie national, leurs cultes primitifs. Cependant, quelque divcrs que fussent tous ces

1. Il fuut cependant faire une exception pour certainstextes d’une importance spéciale, que nous ne saurions aborder dans un article aussi sommaire ; car ils dematidoraient, pour ctre mis en valeur, un commentaire détaillé. Parmi ces monuments nous aurions à faire une place de choix au « cycle pascal » et au « catalogue » dViuvrages gravé, au début du m' siècle, sur une statue représentant S. Hippolyte. L’importance de ce texte a été mise en lumière en dernier lieu par M. A. d’ALKs : nous ne saurions mieux faire que de renvoyer à son étude, La Tlu-ologis de-I S. Hippolt/tc, Paris, 1906, p. iii-xi, xliii-l, 151-158.