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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/815

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EVANGILES CANONIQUES

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ment postérieur ; Le. probablenient d’avant 62-63 ; Jn. de 85-95.

33. A CONSULTER. — R. GoRXELY, Iiitroductio in utriusque Testamenli libros sacros^ t. III, 1886 ; L. GoNDAL, La proi’enance des E^’angiles, 1898 ; E. Jacquibr, Histoire des libres du N. T., t. II (Les Evangiles synoptiques), 1905 ; t. IV (Les écrits johanniques), igoS ; A. Brassac, Manuel biblique, t. III, 1910.

II. Authenticité intégrale du texte actuel des Evangiles

I. Texte reçu et texte critique. — Avant d’exa- miner à quels auteurs particuliers sont dus nos Evangiles canoniques, plusieurs questions intermédiaires se posent. En premier lieu, il faut nous demander dans quelle mesure le texte des Evangiles, que nous avons aujourdliui entre les mains, correspond à celui que nous savons remonter au i" siècle. Est-ce un texte authentique dans toutes ses parties, conservé dans sa pleine intégrité ? Ou bien a-t-il été retouché, remanié, altéré dans la suite des âges ? C’est la question que nous allons résoudre brièvement.

34. 1° Texte reçu. — Le texte grec des Evangiles dont l’usage a été courant jusqu’à ces dernières années, et qui porte le nom de « Texte reçu », remonte aux Elzévirs. Ces célèbres imprimeurs hollandais publièrent, en 1633, à Leyde, un texte grec du Nouveau Testament, qu’ils présentèrent, dans leur préface, comme « le texte reçu par tous », texte d’une correction et d’une fidélité absolues. En réalité, c’était une reproduction de la 3’édition de Robert Estienne ( 1 550), revisée d’après les éditions subséquentes de Théodore de Bèze (1565-1582).

. leur tour, les éditions de Robert Estienne et de Théodore de Bèze avaient pour base principale le texte du Nouveau Testament grec, dont Erasme avait donné, en 1516, une édition princeps, à Bàle, et dont plusieurs autres éditions, légèrement améliorées, avaient paru dans la suite. C’est ainsi que la 3’édition de Robert Estienne (1550), sur laquelle fut fondée celle des Elzévirs, reproduisait la 5° édition d’Erasme, publiée en 1535, sauf à l’amender par un petit nombre de corrections, les unes empruntées à l’édition princeps d’Alcala, qui avait été entreprise, avant celle d’Erasme, par le cardinal Ximénès et vit le jour en 1520, les autres puisées dans des manuscrits de la bibliothèque royale de Paris, non utilisés jusque-là, et coUationnés par Robert Estienne au nombre d’une quinzaine.

Le texte d’Erasme fait donc en réalité le fond de notre Texte reçu. Sa valeur est bonne ; les corrections que lui ont aj)portécs Robert Estienne et Tiiéodore de Bèze l’ont rendu meilleur encore. Néanmoins ce n’est pas un texte parfait : les manuscrits utilisés étaient relativement jjcu nondjreux et de qualité secondaire.

2° Texte critique. — Depuis lexvm" siècle, les critiques se sont cllorcés d’obtenir un texte meilleur, reproduisant de plus prés le texte authentique, forcément altéré dans les détails au cours îles siècles.

33. 1° Méthode suivie pour la restitution du texte jirintilif. — Le procédé suivi dans ce travail est aisé à comprendre en théorie.

Consultation des manuscrits. — Il s’agit d’abord de recueillir le plus grand nombre possible de manuscrits ; de déterminer leur âge — les plus anciens ayant généralement plus de chance de contenir un texte i)lus j)ur ; — de les classer par familles, en groupant enscndile ceux qui dé^jcndent les uns des

autres ou d’un type commun ; puis de comparer les textes, et, quand ils diffèrent, de déterminer aussi justement que possible la leçon qui a le plus de chance de reproduire le texte primitif.

Le nombre des manuscrits grecs du Nouveau Testament, connus jusqu’à ce jour, est de près de 4-ooo. Le plus grand nombre sont écrits en caractères cursifs, ou minuscules : ils sont postérieurs au ix° siècle ; 127 sont écrits en caractères onciaux, ou majuscules : ils sont antérieurs au xi’siècle, et les plus anciens remontent au iv siècle.

Les principaux sont : le Sinaiticus, K, du iv’siècle, découvert au couvent du mont Sinaï par Tischendorf, et actuellement à Saint-Pétersbourg ; l’Alexandrinus. A, du v* siècle, qui se trouve au Musée britannique de Londres ; le Vaticanus, B, duiv° siècle, à la Bibliothèque du Vatican ; le Coder Ephræmi rescriptus, C, du v’siècle, à la Bibliothèque nationale de Paris ; le Codex Bezae, D, du vi* siècle, à l’Université de Cambridge.

36. Consultation des versions anciennes. — Il importe ensuite de consulter les versions anciennes de nos documents.

A lépoque où furent rédigés les plus anciens manuscrits grecs conservés, c’est-à-dire à la lin du ive siècle, saint Jérôme publiait la version latine qui est devenue la Vulgate actuelle : c’était une revision de l’antique Vulgate latine, usitée jusqu’alors, revision faite à l’aide des meilleur » manuscrits grecs que le saint docteur put consulter. On conçoit le prix exceptionnel d’une telle version, et quel avantage peut offrir sa comparaison avec nos plus anciens manuscrits grecs, ses contemporains. Mais c’est à la condition de reconstituer au préalable, le plus parfaitement possible, le texte de cette Vulgate hiéronj^mienne, à l’aide des meilleurs manuscrits qui nous en restent, en particulier : VAmiatinus (am., viMiii^ siècle), le Fuldensis (fuld., vi’siècle), le Forojuliensis (for., vi’vii’siècle). — Auiv*ou au v’siècle remontent également les versions gothique, éthiopienne, arménienne.

Dans la période antérieure, nous trouvons : au iii « siècle, les versions égyptiennes ou coptes ; au milieu du 11^ siècle, trois versions syriaques, étroitement apparentées, la Peschitto, la Curelonienne, la Sinaïtique ; enlin, à la même époque, les premières versions latines, africaine, antique italique. Ici encore, cela va sans dire, il faut commencer par reconstituer tant bien que mal le texte original de ces versions, à l’aide des manuscrits existants. Les principaux manuscrits de l’ancienne version italique sont : le Vercellensis (a, iv° siècle), le Corhiensis (ff, iv siècle), le Veroneusis (b, iv’-v*^ siècle), le liobiensis (k, IV’ou v" siècle), le Palatinus (e, v° siècle).

37. Consultation des anciens écrivains ecclésiastiques. — Enfin, après les manuscrits et les versions, il y a lieu de consulter les citations des Pères, ou des anciens écrivains ecclésiastiques.

Les citations des auteurs du iv* siècle et des siècles suivants peuvent servir à déterminer, par comparaison avec les manuscrits connus de la même époque, le texte usité dans leur milieu respectif. Celles des écrivains grecs nous renseignent sur l’état du texte grec ; celles des auteurs latins, syriaques et autres, sur l’état des tliverses versions.

Les citations des auteurs du ni" et du n* siècle servent à apprécier l’état du texte grec ou celui des versions dans la i)ériode antérieure aux manuscrits conservés. Ainsi, à l’aide des œuvres d’Origène, de Clément d’Alexandrie, de saint Irénée, nous pouvons reconstituer à peu près le texte grec de nos Evangiles pour le m" siècle et la lin du 11’ ; à l’aide des citations de saint Cy[)rien et de Tcrtullien, le texte des antiques versions latines, usitées à la même époque.