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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/896

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EVEQUES

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ni notables. Il fait succéder Clément immédiatement à Lin et dédouble Anenclet en Clet et Anaclet.

Les critiques les plus érudits, sans excepter ceux qui combattent l’institution de l'épiscopat par les AiJÔtres, ne font aucune dirticultc pour reconnaître qu’il ne faut pas attacher d’importance à ces variantes. Elles doivent manifestement leur origine, non à des traditions qui auraient été dès le début opposées ou hésitantes, mais à des erreurs de copiste. (Voir DucHESNE, Le Liber Pontificalis, Paris, 1886 ; LightFOOT, iS. Clément of Home, vol. I, p. 20I-345 : Early roman succession.)

Voici la preuve que Rome, à la un du n* siècle, ne soupçonnait pas l’existence d’un Clet distinct d’Anenclet. Le Petit Labyrinthe (Eusèbe, //. E., V, xxviii, 3), traité d’un prêtre de Rome contre Arlémon, édité sous l'épiscopat de Zéphyrin, appelle Victor le treizième évêque de Rome à partir de Pierre : T/515XKtÔ£x « To ; « ro VliTpoj îv 'Pùu.r, éTTtTy.cTc :. S’il fallait distinguer Clet et Anaclet, il serait le quatorzième. Le dédoublement n’existait donc pas encore à cette époque dans le catalogue. S. Irénée donne donc la liste exacte.

Enfin il n’est pas rare de trouver, dans les plus anciens écrivains ecclésiastiques, les événements datés d’après le nom du pontife régnant. Qu’il suffise de citer comme exemples la sédition de Corinthe, l’arrivée à Rome des hérésiarques Valentin, Cerdon, Marcion et Marcelline (Irénée, Adi Ilær., 111, iii, 3 ; iv, 3 ; I, XXV, 6 ; xxvii, 1, 2), la venue à Rome de S.Polycarpe (Adw Ilær., III, iii, 4). la rédaction du Pasteur d’Hermas (frag. Murât., II. '^3 ss.). La liste des évêques de Rome était donc un document de notoriété publique.

Les apôtres ne furent pas d’abord mis au rang des cvèques, et S. Paul figure à côté de S. Pierre comme fondateur de l'église romaine. Plus tard, au contraire, S. Pierre fut compté comme premier évêque et S. Paul disparut de la liste.

Cette place à part pour le ou les fondateurs est bien justifiée. En effet, les Apôtres n'étaient pas des évêques au sens ordinaire du mot ; pour mieux dire, ils n'étaient pas seulement évêques, mais ils avaient une mission universelle à remplir dans le monde entier : ils fondaient et organisaient les églises. De ce fait, il leur revenait une place à part : on ne les comprenait pas dans la liste de succession, qu’on dressait à partir des fondateurs, « -à tSiv à.-n’i'j-zo’iwj. Il y a donc lieu de distinguer les fondateurs de leurs successeurs ; ceux-ci sont les héritiers de l’autorité et de la mission des premiers.

Plus tard, on commença à placer le fondateur sur la liste même, comme premier évêque. Comme il ne peut y avoir qu’un évêque par église, la première conséquence de cette manière de voir fut l'élimination de S. Paul, qui dans la plus ancienne littérature chrétienne se trouvait intimement associé à S. Pierre dans l'œuvre de fondation et d’organisation del'église de Rome.

II. Antioche. — Les origines de cette église se trouvent au livre des Actes des Apôtres, xi, xiii-xv, XVIII. L'épître aux Galates, chap. 11, raconte un épisode de la prédication de S. Pierre et S. Paul à Antioche.

Eusèbe nous a conserA'é la liste complète des évêques d’Antioche depuis les origines. La voici pour les deux premiers siècles : i » Evode, 2° Ignace, 3" Héron, 4° Corneille, 5" Eros, 6° Théophile, 7° Maximin, S" Sérapion. L’Apôtre Pierre n’est pas compté dans la liste comme premier évêque, puisqu’Ignace est nommé le deuxième. Cependant le siège épiscopal est nommé le siège de Pierre : « "I/^arto ; zf, i xar'

'Avr16ysiy.-J Tlézpo-j Siv.51y/ji S-Jrspoi t/, v èrt7x^ ::/ ; v x-x/rijiu/jiivi :. » (H. E., III, XXXVI, 2.) Dans sa Chronique, cet historien rapporte pour l’an 2055 d’après la version 1 arménienne, 2058 d’après celle de S. Jérôme, ce qui * correspond environ à l’an 42 de notre ère, que « l’Apô- ? tre Pierre, après avoir fondé l'église d'. tioche, partit pour Rome, y prêcha l’Evangile et devint évêque de cette église » ; et pour l’an 2058, ou 2060, qu' « Evode fut établi premier évêque d’Antioche ». Il y a ainsi, d’après Eusèbe, deux ans d’intervalle entre le départ de S. Pierre et l’institution de son successeur, qui s’est faite avant le concile de Jérusalem, vers l’an 44 Le catalogue des évêques d’Antioche était connu au début du m* siècle. Origène en elTet parle en ces termes de S. Ignace : « Il est un martyr qui dit si bien dansunede seslettres ; je veuxparler d’Ignace, après lebienheureux/'/er/'e le second évêque d’Antioche, riv uîTK Tsv jxy^.y.piov nércsy rvf ; W’jziox-'^i ûvj-ioov £7T('7X5-îv, le même qui durant la persécution combattit les fauves à Rome… » (//om. j « /Hc., vr.) Origène, qui séjourna d’ailleurs à Antioche, vers l’an 226 (Eusèbe, //. E., VI, XXI, 3, 4). connut donc la fondation du siège d’Antioche par Pierre, et le rang d’Ignace dans la série des évêques.

D’ailleurs les lettres de S. Ignace nous fournissent encore un renseignement ti'ès intéressant au sujet de l’ancienne organisation ecclésiastique de son pays. Il est évêque de « l'église de Syrie », r^î i/y.'jT, 'siy : , Tf, i h Sv^tK (Eph., XXI, 2 ; Magn., XIV ; Trall., XIII, I ; Rom., ix, 2). L’emploi constant de l’expression « église de Syrie » ne nous autorise-t-il pas à conclure que toute la Syrie ne formait alors qu’un vaste diocèse, auquel était préposé l'évêque d’Antioche ? Ignace prend le nom à' évêque de Syrie : riv î : t(-zorîv Z-jpiv. : (Rom., II, 2) ; quel autre droit pouvait-il avoir à ce titre que l’extension de sa juridiction épiscopale sur tout le territoire syrien ? Il n’est ni primat ni métropolitain ; il n’est pas un évêque de Syrie, mais il en est Tévêque.

Comme le siège épiscopal était fixé dans la ville d’Antioche, on pouvait également dire « l'église d’Antioclie en Syrie, h ïy : /.r, iiv. /j iv 'Avrioy^iv- t^4 Sj^sik ; » (Philad., X, i ; Polyc., ii, i ; Smyrn., xi, i).

Où Eusèbe trouva-t-il le catalogue des évêques d’Antioche ? De la comparaison des listes de Rome, d’Alexandrie et d’Antioche, M. Harxack (Chronologie der Altchristl. Literatur, I, p. 1 18) se dit en droit de conclure qu’Eusèbe en est redevable à la Chronique de Jules l’Africain, qui finit en l’an 221. Il nous paraît probable qu’HÉoÉsippE le premier donna la liste d’Antioche comme celle de Rome, d’autant plus que, jusqu’au temps d’Eleuthère, Eusèbe fait coïncider l’accession de chaque évêque d’Antioche avec le conmiencement d’un pontificat romain.

III. Alexandrie. — D’après la tradition consignée chez Eusèbe, Marc, auteur du second Evangile et disciple de S. Pierre, se rendit en Egypte pour y annoncer l’Evangile et y fonder, le premier, des églises dans la ville d’Alexandrie : Mkoxîk… f^.yi-j… k/.x)r, 7cy. ; KoCiT’yj £7r' « vrv ;  ; 'A'Ài-yyopuy.z 7-jiTr, iy.zf)v.i (//. E., II, XVl). Malheureusement Eusèbe ne nous dit rien sur la source où il s’est renseigné pour les origines chrétiennes à Alexandrie.

Dans sa Chronique comme dans son Histoire ecclésiastique, cet historien donne le catalogue épiscopal d’Alexandrie depuis S. Mare, le fondateur. Voici la série des noms : i' Anianus, 2° Abilius, 3* Cerdon, 4* Primus, 5* Justus, 6° Eumènes, 7° Marcus, 8° Celadion, 9° Agrippin, lo* Julien, 11° Démétrius, contemporain de Victor de Rome. Eusèbe relate la durée de leur épiscopat et la date de leur avènement.