Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/899

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1781

ÉVEQUES

1782

de Corintlie et de plusieurs autres évoques particuliers (//. £., V, xxiii).

PoLYCRATE écrivait à Victor et à l’église de Rome :

« Je pourrais en appeler aux évêques réunis autour

de moi, que j’ai convoqués selon votre désir. C’est assez d’énuniérer leurs noms pour montrer combien ils sont nombreux. >- (//. E., V, xxvi, 8.)

A côté des noms de Narcisse de Jérusalem, de Théophile de Césarée, la lettre du synode de Palestine comprenait aussi les noms de plusieurs autres évêques, et notamment ceux de Cassius de Tyr et de Clarus de Ptoléuïaïde (//. E., Y, xxv).

Le vrai président de cette réunion fut l’évêque de Césarée, Narcisse de Jérusalem étant à ses côtés comme chef d’une église, que le canon ^ du concile de Nicée dit indépendante et honorable. C’est un indice en faveur de la haute antiquité du siège de Césarée : au moins semble-t-il antérieur à l’an 135, sinon l’église de Jérusalem rétablie par les chrétiens des nations serait devenue la métropole de la Palestine. La littérature pseudo-clémentine, dont la forme primitive est, au jugeaient des critiques, une production de la première moitié du m’siècle, attribue à S. Pierre la fondation des sièges épiscopaux de Césarée en Palestine, de Tripolis et de Laodicée en Phénicie. Il y aurait établi respectivement comme évêques Zachée, l’ancien publicain, Maraones, son hôte, et un de ses disciples (I{econn., ni, 66, ^4 ; ^’i.’ô ; x, 58 ; ctr.Ilom., 111, 66 ss. ; vii, 5, 8, 12 ; xi, 36 ; 20, 28).

Pour les églises de la Gaule, les paroles d’Eusèbe semblent faire entendre que toutes se trouvaient sous l’autorité d’Irénée, évêque de Lyon. « Les églises de Gaule qu’lrénée, gouvernait comme évêque : « z ;

(-acîtzt ! / ;) Eipr, yy.tOi i-î^yo-na. » (II. E., V, XXIII, 2 ; cfr. XXIV, I 1.)

Son prédécesseur immédiat fut Pothin qui souffrit le martjre en i ; ^, comme nous l’apprend la Lettre des Eglises de Vienne et de Lyon (Ih., V, i, 29). (Cfr. DucHKsxK, Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, t. I, Paris, 1894, p. 29 ss.)

§ V. — La succession apostolique des évêques ou l’origice divine de l’épiscopat

Pour coiu’onner l’histoire de l’origine et du développement de l’épiscopat, il nous reste à exposer la doctrine de la succession apostolique des chèques. Ce dogme se dégage du fait même de la constitution de l’Eglise et se trouve d’ailleurs formellement enseigné par les Pères des deux premiers siècles.

S. Clément délinit l’aposlolicité de la hiérarchie ; S. Ignace, Hégésippe et S. Irénée se fondent sur l’aposlolicité de l’épiscopat pour établir l’aposlolicité de la doctrine catholique.

1. Les Pastorales. — Nous ne trouvons pas dans les livres du Nouveau Testament un enseignement direct et précis sur la succession apostolique. Ce fut un fait, avant d’être une théorie.

Toutefois d ; ins la II" épître à Timothée. S. Paul se montre préoccupé de la transmission de l’enseignement évangélique cl traite son disciple en successeur. En prévision de sa mort prochaine, il contie son o-uvre à des discii)les de choix qu’il a élevés lui-même à la plénitude de l’Ordre, qu’ila formés durant de longues années. Ceux-ci à leur tour conlieront à des hommes lidèles, capables d’instruire les autres, ce qu’ils ont entendu de l’Apôtre devant de nombreux témoins. (Cfr. II Tim., i. 6, 13, 14 ; ii, 1-2 ; iv, 1-7.)

A la base de la doctrine catholique se trouve l’autorité de la tradition apostolique : « Demeure ferme dans ce que tu as appris et dans ce qui t’a été confié, sachantdequi tu l’as appris. » (II Tim., iii, i.) Ce prin cipe est radicalement opposé à tout système qui prétend expliquer l’épiscopat par l’évolution et la variation.

En fait, nous l’avons vu. S. Paul avait élevé nombre de ses disciples à l’épiscopat, leiu" communiquant ainsi rai)titude requise pour fonder des chrétientés, les organiser et les diriger, pour exercer le pouvoir doctrinal et la juridiction, et pour conférer les sacrements. Mais il les gardait avec lui comme de précieux auxiliaires dans ses courses apostoliques, il ne leur donnait aucune mission propre et ordinaire, ni ne leur assignait un troupeau à conduire, mais leur conliait, selon les besoins, des délégations temporaires en diverses églises.

Ces hommes étaient tout désignéspour recueillir sa succession. Mais l’histoire nous laisse ignorer à peu près complètement comment se lit le partage des fondations pauliniennes. Plusieurs parmi eux continuèrent sans doute de mener la vie de missionnaires, comme le nom d’  « évangélistes « l’insinue.

IL Lettre de S. Clément de Rome. — Cette épître définit clairement l’instilulion de la hiérarchie par les Apôtres et le droit di^in de l’autorité ecclésiastique ; de plus, à notre avis, la succession apostolique des évêques.

Dieu envoj’a Jésus-Christ, Jésus conûa sa mission divine aux Apôtres. Les Ajjôtres, investis du pouvoir divin, conformément aux ordres reçus, prêchèrent l’Evangile et fondèrent des églises : partout ils établirent des prêtres et des diacres pour diriger les fidèles. Le droit de ceux-ci est patent.

Mais en outre, pleins de prévoyance et instiniits par le Maître, les Apôtres voulurent assurer la continuation de l’œuvre. Après avoir organisé les églises et y avoir préposé des pasteurs, ils prirent soin de se donner des successeurs à iqui reviendrait à leur mort le pouvoir d’instituer les ministres de Dieu. La légitimité de ceux-ci n’est pas moins sûre.

La source de la hiérarchie se perpétvie donc dans le pouvoir apostolique de ceux que S. Clément ne sait encore nommer que par une circonlocution, mais qui portent le litre d’évêques depuis le n" siècle.

111. S. Igxace d’Antioche. — En Asie Mineure et en Syrie, les principes du gouvernement ecclésiastique n’étaient pas autres qu’à Rome et dans toute l’Eglise.

S. Ignace, écrivant à des chrétiens qui ne songeaient aucunement à contester l’autorité de leurs supérieurs, les exliorte simplement à la pratique de la soumission.

Au sujet de l’origine de l’épiscopat, il ne fournit pas de renseignements explicites.

De l’ensemble des lettres il ressort que la forme de gouvernement commune à toutes ces églises est légitime et seule légitime. Ceux-là seuls sont les disciples de Jésus-Christ qui sont avec l’évêque (Eph., v ; Magn., iii, vi ; TralL, 11, vi, vu ; Philad., 11, m. vii, VIII ; Smrrn., vn-ix). c En dehors de l’évêque, des prêtres et des diacres, il n’y a pas d’église. » (Trall., m.) Ce n’est pas par l’usurpation, ni par les qualités personnelles, ni par les charismes, ni par une tlélégation de la communauté que l’évêque et ses prêtres conduisent les lidèles, mais c’est comme représentants de Dieu nuinis d’une mission divine. « Quiconque est envoyé par le père de fauiille pour gouverner sa maison, doit être reçu par nous comme celui-là même qui l’envoie. Il est donc manifeste qu’il faut considérer l’évêque comme le Seigneur même. » (Eph., vi.) Voilà, pourquoi aux yeux de S. Ignace, l’évêque occupe la place de Dieu le Père ou de Jésus-Christ.

S. Ignace demande l’obéissance à l’évêque, aux