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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/90

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APOCRYPHES

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duction éthiopienne, nommée Le livre des Jubilés parce que les événements sont grovipés par périodes jubilaires. L’auteur suppose que Dieu, sur le mont Sinaï, ordonne à « l’ang’e de la face » d’écrire pour Moyse l’histoire de la création et des événements survenus depuis cette époque. L’ouvrage est donc parallèle à la Genèse : c’en est une sorte de commentaire en cinquante chapitres, rédigé sans doute en néo-hébreu par un pharisien entre 300 av. J.-C. et i oo après J.-C. L’auteiu- abonde en détails et en précisions chronologiques, par exemple, ch. n’ : « Adam connut Eve, sa femme, et elle lui enfanta encore neuf enfants. Et dans la cinquième semaine d’année du cinquième Jubilé, Seth prit sa sœur Asura pour femme et, la quatrième année, elle lui enfanta Enos… Et dans le septième Jubilé, la troisième semaine d’année, Enos prit sa sœur Noam pour femme et elle lui enfanta un îils la troisième année de la cinquième semaine d’année et il le nomma Keuan. »

En sus de la version éthiopienne il ne reste que des fragments grecs, un tiers de la version latine et un fragment syriaque intitulé : « Noms des femmes des patriarches, d’après le livre reçu chez les Hébreux et nommé des Jubilés. »

Editions et traductions : A Dillmann dans Jahrbiichern derBihl. Wiss., Gôttingue, II, 1850, p. 280 sqq. et III, 1851, p. I sqq. (traduction allemande) ; A. Dillmann, Mashafa Kufale sive liber Jubilæorum qui idem a Græcis "H hm-h rsv-Ttç inscribitur, versione græca dep’erdita tiunc nonnisi in Geez lingua conservatus nuper ex Abyssinia in Europam allatus. Aethiopice ad duorumlibrorum nianuscriptorumfidem, prinium edidit… Kiel et Londres, 185g ; H. Charles, dans The jeivish Quarterlr Review, oct. 18g3, juillet 189/J et janvier 1896 (traduction anglaise). H. Charles, Mashafa Kufale or the Ethiopie version of the Hebrew book of jubiles otherwise-known among the Greeks as’H jir.rr, Téve’71ç edited from four vianuscripts and critically revised through a continuons comparison of the Mussoretic and Samaritan Texts, and the Greek, Syriac, Vulgate and Ethiopie Versions of the Pentateuch, and further emended and restored in accordance tvith the Hebrew, Syriac, Greek and Latin fragments of this book, ahich are hère published in full… Oxford, 1895. Les restes des versions latine et syriaque avaient été publiés pour la première fois par Ceriani, Monumenta sacra et profana. Milan, tome I, fasc. 1 et tome II, fasc i. — Cf. Migne, 7)ict. des Apocryphes, Paris, 1858, t. II, 2^5-248 (citations des aviteurs grecs), E. Kautzsch, Die Apokryphen und Pseud. Tubingue, igoo, t. II, p. Si-iig (introd. et traduction allemandes).

Les historiens syriens ont puisé aussi dans cet ouvrage pour compléter la Genèse, mais ils ne le citent pas, à notre connaissance du moins ; il est donc prol )able qu’ils ne l’ont connu que de seconde main par l’intermédiaire des chroniqueurs grecs et surtout d’un remaniement syrien intitulé : La caverne des trésors.

Le titre complet est : Zàre de la descendance des tribus ou ta caverne des trésors, qui a été composé par S. Ephrem. L’attribution à S. Ephrem (-f- SjS) n’a aucune chance d’être exacte, la compilation sja-iaque lui semble postérieure, bien que faite d’après d’anciens documents : Adam, chassé du Paradis, se retire sur une montagne voisine et s’abrite dans la caverne où il dépose l’or, la myrrhe et l’encens qu’il a emportés du séjour des délices. Adam et les patriarches qui lui succèdent sont enterrés dans la même caverne jusqu’au déluge. A ce moment, Noé transporte dans l’arche les reliques d’Adam avec l’or, la mj’rrhe et l’encens. Après la mort de Noé, Sem et Melchisédech conduits par un ange, déposent ces reliques au milieu de la terre, « où se réunissent les quatre parties

I de l’Univers m au Golgothaqui s’entr’ouvre « en forme de croix pour les recevoir ». C’est au Golgotha c|ue Adam recevra le baptême par le sang et l’eau qui couleront de la plaie du Sauveur, c’est sur le Golgotha que son péché lui sera remis. Après Sem il n’est plus question de la caverne, mais l’ouvrage donne un résumé de toute l’histoire juive jusqu’au Nouveau Testament. Il donne la généalogie d’Adam à Notre Seigneur Jésus-Christ, en mentionnant la femme de chaque patriarche ; il termine en montrant, par une discussion des années des rois Perses, l’accomplissement de la prophétie de Daniel, et en disant que S. Pierre baptisa la Sainte Vierge Marie et que S. Jean fut son parrain.

Cet ouvrage syriaque eut grand succès en Orient : les historiens l’utilisèrent. Cf. Traduction de la chronique syriaque anonyme éditée par Mgr Rahmani, patriarche des Syriens catholiques, dans Revue de l’Orient chrétien, 1907, p. 429-440. On le traduisit en arabe et on inséra un de ses remaniements en tête d’un apocryphe attribué à S. Clément de Rome. Cet apocryphe nommé « Apocalypse de S. Pierre » dans la plupart des mss. ai-abes ne porte que le titre de Qalamentos « Clément » dans la version éthiopienne ; il renferme surtout, en effet, des instructions de S. Pierre à S. Clément et pouvait donc être désigné par le nom de l’un ou de l’autre.

L’Apocalypse de Pierre est souvent divisée en chapitres ; l’une de ses rédactions divisée en sept livres a été traduite en éthiopien ; le i)remier livre seul est emprunté à la Caverne des Trésors. Une autre rédaction a conduit au « Livre d’Adam » éthiopien qui procède donc aussi de la Caverne des Trésors. Tous ces remaniements sont postérieurs à la rédaction dernière de la Caverne des Trésors, c’est-à-dire au VI’siècle de notre ère.

Editions : M. C. Bezold a édité le texte syriaque et (en face) la version arabe de la Caverne des Trésors. Cette version arabe est tirée du premier livre de l’Apocalypse dePierre, Die Schatzhbhle, Leipzig, 1888. Il avait auparavant traduit le syriaque en allemand : Die Schatzhbhle aus dem syrischen Text uebersetzt, Leipzig, 1883. Mme M. D. Gibson a édité, d’après d’autres manuscrits, et traduit en anglais, le premier livre de l’Apocalypse de Pierre : Kitab al Magall or the book of the Rolls, dans Studia Sinaïtica, n° YIII, Londres, 1901. Le Qalementos éthiopien n’a pas encore été édité ; il a été analysé par Dillmann dans Nachrichten der Ges. der W. zu Gôttingen, 1858, n° i^, p. 185, sqq. Le premier livre, ou « livre d’Adam » traduit en allemand par Dillmann, Das christliche Adambuch des morgenlandes, Gôttingue, 1853, a été édité par E. Trumpp dans Abhandl. der K. bayer. Ak. der fViss., i" classe, t. XV, 3* partie, en tenant compte du texte arabe original conservé dans un manuscrit de Munich, et traduit enfin en anglais par S. C. Malan, The book of Adam and Eve also called The conflict of Adam and Eve with Satan, Londres, 1882. Une traduction française, qui semble procéder de la traduction allemande de Dillmann se trouve dans Migne, Dict. des apocryphes, t. I, col. 297-892.

Il ne faut pas confondre, avec la vie d’Adam et d’Eve et a^ec le précédent livre d’Adam, le Code nazaréen qui est souvent appelé aussi Livre d’Adam ou Ginza et qui est le livre sacré des Sabéens. Ce livre des Sabéens ou Mandéens est relativement moderne, car on y trouve mention des Manichéens, de Mahomet, des derniers rois sassanides et de la conquête de la Perse par les Arabes ; la rédaction actuelle ne peut donc remonter au delà du viii’siècle, mais peut reposer svir de plus anciens documents, car on y retrouve la terminologie qu’on est convenu d’appeler gnostique.