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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/918

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EXEGESE

1820

VIII, 5 ; X, I. La terminologie elle-même de l’épître aux Hébreux n’est pas aussi différente de celle de S. Paul qu’on Ta dit. Dans l’épître aux Colossiens, ii, 17, l’Apôtre appelle « ombre », : y.i’y., ce qu’il appelle plus communément ailleurs « type n ; il donne le nom de « corps » à la réalité de 1’x antitype ». Du reste, il faut convenir que l’emploi des termes TiiTrîç et

« vTiTvr’. ; dans le N. T. n’est pas uniforme. Pour s’en

assurer il n’y a qu’à rapprocher Boni., v, 14 ; Helir.,

IX, il’i I Petr., iii, 21. B. P ^VESTCoTT, The epistle ta the Hebrens, igoG-*, p. 4/2, et F. Prat, Théol. de S. Paul, 1908, p. 514, ont fait un relevé exact des citations bibliques qui se rencontrent dans l’épître aux Hébreux.

4° Que, dans l’usage qu’il fait de l’Ecriture, S. Paul se ressente de son éducation rabbinique, c’est un fait qui n’a rien de surprenant. Plus que les autres auteurs du N.T, il recourt aux citations composites ou par « enfilade ». Rom., iii, 10 ; cf. Sanday, J’he epistle to the Bomans, igoo’, p. 77, 264, 288 ; mais ce procédé ne lui est point particulier. Ci. Marc, i, 2 ; Mat., xxvu, 9. Il adapte le texte pour le rendre plus intelligible ou même plus probant. Dans ce dernier cas l’Apôtre doit se fonder sur une exégèse courante du passage. Boni., ix, 25-33, x, 6-8 ; Il Cor., i, 18. (Cf. Mat., II, 6, XXVII, 10 ; Act., i, 20). A supposer que, de ce cLef, le raisonnement perde parfois quelque peu de sa portée absolue, il reste, pour le moins, une argumentation ad honiinem, dont toute logique humaine reconnaît la valeur. De l’adaptation à l’accommodation il n’y a qu’un pas, et les hagiogi’aphes l’ont plus d’une fois franchi. Rom., x, 18 ; I Cor., ix, 9. Au sentiment de graves exégètes (Jansexius de Gand, Maldonat, D.Calmet) la simple accommodation d’une parole d’Ecriture peut être introduite par les formules : tune impletum est, ut adimpleretur. La-GRAXGE, La méthode historique…, 1908, p. 99-104. D’autres auteurs sont x^lus exigeants à ce sujet. Cf. CoRNELY, Hist. et crit. Inirod. in l’. T. Ubros, S%h,

I, p..555 ; Ubaldi, Introd. in S..S., 1881, IIl, p. 128 ; Delattre. Autour de la question biblique, 1904, p. 345 ; Patrizi, Inst. de interpret. Bibliorum, 1844.

n. 477 Tout en convenant que par son exactitude à interpréter la lettre, par sa modération dans la recherche et l’emploi du sens spirituel, S. Paul est incomparablement supérieur aux Scribes de son temps, on s’est néanmoins demandé si, en certains passages de ses épîtres, il n’a pas retenu quelque chose de leur commentaire haggadique. Voir ci-dessus, I, 1°, «. N’a-t-il pas accepté des traditions populaires à cause de leur utilité didactique ? On signale les points suivants, y.) Le rôle des mauvais anges dans la séduction de la première femiue et la perversion du genre humain. II Cor., XI, 2-3, 8-10 ; 1 Tim., 11, 12-15 qui ferait allusion à Gen., iii, vi, i-4 et Sa^., ii, 24. /’) Le rôle des Anges dans la promulgation de la Loi au Sinaï. Gal., m, 19 ; cf. Hebr., ii, 2 ; Act., vii, 53. 7) La hiérarchie des Esprits (tant bons que mauvais) et des Cieux. Philip., Il, 10 ; Eph., I, 21 ; IV, 10 ; VI, 12 ; Col., i, 16 ;

II, 15 ; 1 Cor., xv, 24 ; II Cor., xii, 2 ; I Thess., iv, 16. î) Le rocher dont Moïse tira de l’eau, accompagnant les Hébreux dans le désert. I Cor., x, 4- -) Isaac persécuté par Ismaël, Gal., iv, 21-31. Ç) Les deux mages de Pharaon, appelés Jannés et Mambrés, II Tim., iii, 8. v ;) La loi concernant le bœuf foulant sur l’aire, I Cor.. IX, 9. Cf. H. S.-J. Thackeray, The relation of S. Paul tri tlie contemporar^ Jewish thought, 1900.

A la question ainsi posée on peut répondre : î’) Aucun des passages objectés n’est interprété de la sorte par l’ensemble des auteurs catholiques. C’est ainsi que l’on a vu dans I Cor., ix, 9, un sens littéral conséquent fondé sur l’argumentation a fortiori, ou un

sens accommodatice, ou même un sens tjpique, encore que la chose soit moins vraisemblable. Il faut convenir pourtant que l’ensemble des textes cités ci-dessus ne manque pas de faire impression. /3) En soi, l’exégèse haggadique, ramenée à de justes limites, n’est pas incompatible avec l’inspiration. Un auteur inspiré a le droit de recourir à toutes les formes légitimes de la pensée humaine, fussent-elles rudimentaires, même si elles supposaient quelque conception erronée, pourvu que l’erreur elle-même ne soit pas enseignée. Voir Lvspiration biblique. Nombre d’exégètes, et des meilleurs, ont pensé que S.Paul a usé de ce droit à propos du « baptême pour les morts », 1 Cor., xv, 29. Cf. Corxely, in h. L, p. 482. Le procédé est particulièrement démise dans des écrits qui ne s’attachent pas exclusivement à établir le dogme, mais encore à le défendre, et aussi à en tirer des conclusions morales d’ordre pratiqite. Telle est bien la nature des épîtres de S. Paul. /) Enfin, il est difficile de ne pas reconnaître qu’en d’autres passagesduN.T.on a pareillement accueilli, tout au moins par voie d’allusion, des traditions populaires. Jud., 6, 9, 14 ; II Petr., II, 10. Cf. Brassac, Man. bibl., 1909, t. IV, p. 666-670. Sur tout ceci, voir

IXERRANCE BIBLIQfE.

BoEHL, Die alttest. Citate ini A’. T., 1878. Toy, Quotations in the xV. T., 188^. Wollmer, Die alttest. Citate bei Paiilus, 1895. Monxet, Les citations de l’A. T. dans les épîtres de S. Paul, 1895. Massebiau, Examen des citations de l’A. T. dans l’Etang, selon S. Matthieu, 1885. Tlrpie, The O. T. in the Aetr, , 1868. DiTTMAR, Vet. Test, in Xovo, 1904. Hûhx, Die altest. Citate und Reminiscenzen iniX. T., 1900. Prat, La théol. de S. Paul, 1908, p. 35, 514- Me Neile, Our Lords use of the Old Test., dans <( Cambridge biblical Essays », 1910, p. 215.

3. Exégèse patristique. — « ) Pères apostoliques. A l’exception de Clément de Rome et de Barxabé (auteur supposé de l’épître de ce nom), ils citent peu, même l’A. T. ; S. Polycarpe n’utilise guère que le Nouveau. D’ordinaire, leur exégèse est littérale, bien qu’ils soient enclins à transformer les paroles de l’Ecriture en formules d’une portée générale. Il faut faire une place à part à l’épître de Barnabe, dont l’interprétation est franchement allégoriste ; elle va même plus loin que Philon, et tombe, à propos des noms et des nombres, dans des divagations dignes de la cabale juive. A ce point de vue, le ch. ix est surprenant. C’est un écrit antijudaisant : le judaïsme n’a pas été une économie préparatoire au christianisme ; de ses deux aspects, l’un extérieur et charnel, l’autre intérieur et spirituel, le premier n’a jamais été voulu de Dieu et les Juifs qui s’en sont contentés ont été trompés jiar le mauvais esprit (chap. iv, ix, xvi) ; le second aspect constitue le christianisme avant le Christ, c’est avec ce seul judaïsme que le pacte divin avait été passé. En ce qui concerne sa partie cérémonielle, la Loi n’était qu’une enveloppe, elle n’aurait pas dû être comprise comme les Juifs l’ont fait en matière de sacrifices et même au sujet de la circoncision. Les Prophètes avaient condamné d’avance leur façon réaliste de comprendre les textes. Du reste, lauteur retient le messianisme de l’A. T., et, en cela, il contraste avec Philon, qui l’a atténué le plus possible. Après les épîtres de S. Paul, l’épître de Barnabe est le premier liioiniment qui témoigne des efforts de la conscience chrétienne pour prendre une position cohérente vis-à-vis de l’A. T. En cherchant l’accord entre l’Evangile et la Loi dans la suppression de la lettre, elle est sortie de la tradition chrétienne ; sur ce point, elle prélude à l’école d’Alexandrie, où on lui fera, en elTct, bon accueil (Clément et