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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/944

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FAMILLE

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presbytres si l’onction n’intervenait que comme une simple pratique médicale.

b) Tradition. — A partir du viiie siècle, les témoignages relatifs à l’extrême-onction se font nombreux (Conciles d’Aix-la-Chapelle en 836, ch. 2, c. 8, 5 ; de Pavie (Ticinense), c. 8, en 850, Denz. B., oiô.Théodul-PHE d’Ùrléaxs en 789, P.L., CV, 220, S.BoMFACEdans ses statuts n. 4 et 29, P. L., LXXXIX, 821, 828, etc.) : aussi est-ce entre le viii° et le xii* siècle que les critiques protestants placent l’origine et le développement de ce rite sacramentel. Antérieurement à cette date, les attestations sont beaucoup plus rares : elles existent cependant.

Le recueil liturgique de Sérapion de Tiimuis (éd. Funk, Paderborn, 1906, c. 26, p. 191, 1. 22), — mort peu après le milieu du iv" siècle : mais les formules de son recueil peuvent être plus anciennes que lui,

— contient une prière pour l’huile des malades, [les mots ajoutés au titre « ou pour le pain, ou pour l’eau)> sont postérieurs : la prière ne parle que de l’huile] : elle demande pour l’huile une eflicacité corporelle et spirituelle ; elle est distincte des prières pour la consécration de l’huile destinée au baptême, ibid., c. 25, p. 187, distincte également des prières pour la bénédiction de l’huile et de l’eau comme eulogies (le mot y est) à la lin de la liturgie eucharistique, ibid., c. 17, p. 179 : on a donc bien là une bénédiction de l’huile sacramentelle.

Innocent I" (loc. cit.) recommande l’onction des malades, qu’il rattache à Jac., v, 14, que les prêtres seuls peuvent accomplir suivant le précepte apostolique, que les pénitents ne peuvent pas plus recevoir que « les autres sacrements ». — La Vie de S. Hypatius (écrite entre 447-450, Bardenhewer) raconte qiie le saint, appliqué au soin des malades, avertissait son abbé « car celui-ci était prêtre », afin qu’il vint oindre les malades avec « l’huile consacrée » (Acta SS., 17 juin, c. I, n. 9, p. 313).

Ces témoignages et ceux, plus ou moins explicites, que le P. Kkrn a réunis pp. 17-59, sufTisent pour écarter l’argument négatif qu’on oppose à l’institution par Jésus-Christ.

On peut en outre, jusqu’à un certain point, rendre

raison de cette réelle pauvreté d’attestation pour un si long espace de temps (Kern, p. 22 suiv.) : la mention de l’extrènie-onction devait être amenée particulièrement par le texte de S. Jacques : or nous avons perdu tous les commentaires de cette épître antérieurs à BÈDK (viii* siècle) qui est précisément un témoin du sacrement, dans son explication de ce passage, P. L., XCIII, 3g. Les onctions étaient en outre de plusieurs sortes, cette onction avait une signification symbolique très étendue, et très courante : par suite, beaucoup de textes font peut-être allusion au sacrement des malades, dont le sens est pour nous impossible à préciser. L’extrêriie-onction est le complément de la pénitence : plus d’une fois elle a pu lui être réunie et passer ainsi assez inaperçue, comme la confirmation à côté du baptême.

in. Bibliographie. — Outre les traités généraux de dogmatique (Commentaire sur le Maître des Sentences, IV. Dist. 23, et S.Thomas, 5. Tlieol., III, Supplein. , q. 29-33, Traités De sacramentis. ou De pæniientia), et les recueils liturgiques (Martène, Goar, Denzinger, Maltzew), voir en particulier : de Sainte-Beuve, De sacramento Unctionis Extreinæ (iQSù), dans Migne, Cursus theol.., t. XXIV, p. ii-31. — Chardon, Histoire des sacrements : Extrême-Onction, 17^5, dans Migne, ibid., t. XX, p. 749-782. — Heimbucher, Die heilige Œlung, Ralisbonne, 1888.

— Schmitz (I.), De effectibus sacram. E.rtremae Unctionis, Fribourg en B., 1898. — G. Jacquemier, L’Extrême-Onction chez les Grecs (Echos d’Orient, avril-mai 1899). — Boudinhon, Im théologie de l’Extrême-Oncfion {Revue Cathol. des Eglises, juillet 1900). — Kern, De sacramento Extremæ Unctionis, RatisbonnCjigo-. — Parmi les protestants : E. Picard, art. Onction (dans VEncyclop. de Lichtenberger, t. X (1888), p. i-ii). — F.kattenbusch. art. Œlung, dans Real. Enc. de Herzog’, t. XIV (igo^), p. 304311. — F. W. Puller, The Jnointing of the sick in Scripture and Tradition, Londres, 1904.

J. DE GUIBERT.

F

FAMILLE. — Mariage et divorce. Puissances maritale et paternelle.

Section I. — La famille au point de vue philosophique ET SOCIAL. — § 1. Sa fonction et son utilité ; % 2. Conditions essentielles d’existence de la famille ; § 3. La famille et la religion.

Section II. — La famille dans l’histoire. — § I. La famille dans l’antiquité ; § 2. La famille dans l’ancien droit français ; § 3. La famille au.x temps modernes.

C’est par la famille que l’individu entre dans la société et, si l’on s’en tient à la période historique, toutes les nations qui ont figuré dans le monde ont connu la famille patriarcale dont les membres se groupent autour du père, centre, lien et chef à la fois. Ce fait indéniable n’est pas le résultat d’une convention entre les hommes, d’une loi faite par eux et susceptible d’abrogation de leur part. La famille est, à nos yeux, une institutionde droit naturel, aussi ancienne que l’humanité, pouvant être réglementée de façon diverse suivant les temps et les lieux, mais jamais

méconnue et niée, à peine de mettre l’ordre social en péril. Elle s’impose dans l’avenir comme dans le passé chez tout peuple qui veut prospérer ou même simplement vivre. En effet, formation aussi bien que génération de la vie humaine, la famille influera, et influera puissamment, sur les vertus ou les vices de l’individu, partant de la société. Réciproquement, les vertus ou les vices de l’individu et de la société ont sur elle un contre-coup immédiat et funeste. Il y a donc là une question de vie ou de mort pour l’avenir. Cette thèse a été cependant contestée doublement, au nom de la science, pendant le cours du xix’= siècle. On a mis en doute l’origine très ancienne de la famille patriarcale pour en déclarer la suppression possible ^ dans les temps futurs : elle constituerait une étape f dans la marche régulière et fatale de l’humanité vers le progrès ; inconnue des hommes au début du monde, elle serait appelée à disparaître dès que les besoins sociaux seraient autrement satisfaits. Mais la théorie évolulionniste, avec la horde promisque et le matriarcat comme formes primitives du groupement familial, n’est qu’une pure hvpothèso, contredite en général par l’oljservation et peu accréditée dans le monde savant : elle présuppose presque nécessairement ou