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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/959

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FETICHISME

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un de ses amis, dans le même hiit. — 3. Il se rendit aussi à la Maison du Peuple (Casa del Pueblo) et insista auprès du président pour que 1 insurrection ne se bornât pas à la protestation du 26 juillet. — 4. Il alla à Preniià voir le maire, l’adjoint et le secrétaire, pour les pousser à proclamer la république, et l’on remarqua que la grève prit une très fâcheuse tournure après la visite de Ferrer à la Fraternité républicaine de Premiâ. — 5. Il donna à un employé de la municipalité plusieurs cartouches de dynamite, pour faire sauter le collège des Frères de la Doctrine chrétienne ; il distribua des armes à plusieurs bandes ; il fournit de l’argent à la Solidarité ouTière, âme de l’insurrection. — 6. Après s’être rasé la barbe, pour ne pas être reconnu, il se rendit à Masnou auprès du président du comité républicain ; il l’engagea à proclamer la république, à continuer la révolution, et surtout à brûler les couvents et les églises.

— j. A Masnou, il se forma des groupes d’insurgés pour attendre la venue de Ferrer ; ce dernier y envoya un de ses amis qui l’excusa auprès de ces gens, disant que sa présence était absolument nécessaire à Bai’celone, à cause du soulèvement préparé. — 8. Les émissaires de Ferrer allaient et venaient, portant ses ordres à la Fraternité de Premiâ, qui paraissait être le quartier général des incendiaires et autres gens suspects ; d’autres gens, payés par lui, arrêtaient les voitures, les chariots, etc. — 9. Les instigateurs de tous ces attentats étaient des professeurs des écoles de Ferrer.

Dans les confrontations cfui eurent lieu entre lui et les témoins, Ferrer ne s’en tira pas à son avantage ; si bien que le procureur général du tribunal suprême conclut, de toutes les enquêtes faites à Barcelone, que Ferrer était regardé a^ec raison comme l’auteur et l’instigateur de ces troubles sanglants.

On lui accorda toutes les prérogatives que la loi permettait : récusation de juges, convocation de témoins, choix d’un avocat défenseur. Mais cet avocat, danssaplaidoierie, ne put dissiper ni détruire aucune des charges cp.ii pesaient stu* Faccusé.

IV. Sentence et exécution de Ferx’er. — Le procureur général, en face de ces charges accablantes pour Ferrer, concluait ainsi : il s’agit d’une insurrection à main armée, puisqu’il s’y rencontre toutes les conditions qu’énumère l’article 287 du Code militaire. Le chef d’une telle insurrection est celui qui va trouver les gens, les engage, les excite, leur indique le but à atteindre, cherclie, désigne et fournit les moyens nécessaires à la réalisation de l’entreprise ; or Ferrer a fait tout cela. Donc, d’après le premier paragraphe de l’article 238 du code, Ferrer mérite la peine de mort.

Le tribunal, qui se composait d’un lieutenant-colonel et de six capitaines, ordonna la lecture du verdict, et se prononça, à l’unanimité, pour l’avis du procureur général. La sentence capitale fut approuvée par l’auditeur général de la quatrième division, et par le général en chef. Le conseil des ministres l’examina avec soin, et ne trouva aucune raison de conseiller au roi de gracier le condamné.

François p’errer Guardia fut donc fusillé, au château de Montjuich, le 13 octo])rc 1909, à neuf heures du matin. Le malheureux refusa obstinément les secours et consolations de la Religion catholique.

V. Accusations contre le tribunal. — i. Fei-rer fut cijiidanuié à cause de ses idées pro^ressisles. C’est faux. Pas une seule fois, le procureur général ne (it allusion aux idées que Ferrer défendait et propageait par ses écoles. Et si l’auditeur les mentionna, ce fut seulement comme une preuve indirecte de sa

partici^iation coupable dans les atrocités de Barcelone. — 2. Ou fit état contre lui de documents reconnus faux par la juridiction d’unie. C’estinexact. Toute la force, tout le nerf de la condamnation reposait sur les dépositions irréfutables des témoins, qui représentaient Ferrer comme le principal promoteur des événements de Barcelone. — 3. Ferrer aurait dû être ju^é par un tribunal ciyil, parce qu’un conseil de guerre manquait de compétence. La loi des juridictions, promulguée par le parti libéral, le caractère de rébellion armée, donnaient compétence aux jugesmilitaires. Ceux-ci étudient du reste avec soin, dans les académies, les parties du code qu’ils pourront avoir à appliquer dans leur carrière. — 4- Ferrer fut tourmenté comme au temps de l’Inquisition. Imposture ridicule ! Ferrer lui-même déclarait au correspondant d’un journal français quil avait été très bien traité en prison. De plus, le journal anticlérical et ferreriste, Le Pars (El Pais), envoya un démenti aux périodiques étrangers qui répandaient cette calomnie ; et les députés radicaux qui attaquèrent avec acharnement le ministère, aux séances desCortès des 18. 19 et 20 octobre reconnurent que ces bruits étaient calomnieux. — 5. Ce sont des prêtres qui influencèrent les juges. Mensonge grossier et stupidel L’esprit chevaleresque de l’oflicier espagnol est bien connu. Il se manifesta encore dans le cas présent. Les juges savaient bien qu’on les couvrirait de boue s’ils condamnaient Ferrer ; ils préférèrent cet affront plutôt que de manquer à la justice. — 6. Les incarcérations, exécutions et bannissements furent marqués d’une note de cruauté digne de l’Inquisition. C’est absolument faux. Les tribunaux firent preuve de zèle, mais ils ne dépassèrent jamais les limites posées par la loi. Dès qu’ils reconnurent l’innocence d’un inculpé, ils lui rendirent la liberté. Ceux qui furent fusillés (tout au plus une demi-douzaine de coupables) ne le furent que pour des crimes bien prouvés, pour des crimes que la loi punit de la peine de mort. Sur les 135 individus condamnés au bannissement, 67 étaient des vagabonds ou exerçaient un métier prohibé et 68 étaient des anarchistes.

VI. Bibliographie. — Juicio ordinario seguido ante los Tribunalesmilitares en la Plaza de Barcelona contra Francesco Ferrer Guardia, Madrid, 1909. — Diario de las Sesiones de Cortes. Congreso de Diputados, Sesiones del 18, 19, 20 octubre 1909. — A. B. G. Journal de Madrid, 5 décembre 1909. — Itazôn y fé. Madrid, décembre 1909. — Hernandez Villæscusa, La Revolucion de Julio en Barcelona. (Faits, causes, remèdes), Barcelone, 1909. — Comas, Francisco Ferrer (sa vie, son œuvre, sa juste condamnation), Barcelone, 19 10. — Ferrer im Liclite derlVahrheit, Berlin, 1909. — Die Ferrer-Beegung. Eine Selbstenlarvung des Freidenkertums. Dargelegt von D’Franz-Melfert, Gladbach, 1909.

Antonio Pérez Goyena, S. J.


FÉTICHISME. — Le mot « fétiche » paraît avoir été mis en vogue par le président Ch. de Brosses, dans sa Dissertation sur le culte des dieux féticiies, ou Parallèle de l’ancienne idolâtrie w.ec celle des peuples de la Aigritie, Paris (17O0). Il vient du portugais feitiço. objet enchanté, charme, amulette (latin factitium, artificiel), appliqué par les navigateurs du xve siècle aux statuettes et objets divers, plus ou moins étranges, que les Xoirs de la Côte occidentale d’Afrique leur semblèrent « adorer » comme leurs « dieux ». Les « prêtres » de ce culte furent appelés

« féticheurs », et cette « religion » elle-même a

reçu le nom de « Fétichisme ». Mais on s’aperçut