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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/191

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GRECQUE ÉGLISE

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KOF. Une sorte de baïanisme se dégage des ouvrages des Ihéologiens ton temporains, et le Grée Androi tsos s’en fait l’éeho dans sa Dogmalit/ue. Adam n’aurait pas re<, "u la grâce habituelle, l’élevant au-dessus de sa nature propre, mais seulement des grâces actuelles pour développer ses facultés natives et parvenir ainsi à la ressemblance divine (zixy.O’i ; /oicj71v). Ce que nos théologiens ai)pellent le préternaturel aurait été dû à la nature. Dès lors, le péché originel, s’il n’a pas vicié totalement les facultés de l’homnu’, leur a fait une blessure intime et profonde. La concupiscence revêt un caractère peccamineux, qui n’est pas imputé dans les baptisés en état de grâce.

On rejette, ou l’on comprend de travers, les distinctions scolastiques de la grâce, et l’on nie que le juste puisse mériter la gloire de coiicligiio. La gloire reste toujours de la part de Dieu une pure libéralité. Dans les théologien polémiques russes, aussi bienque dans les svm//o/ ! (/ » e5 grecques, l’Eglise catholique est accusée d’avoir erré sur ces divers articles et d’autres points secondaires, qu’il serait trop long designaler. Sans doute, ce ne sont là qu’opinions de théologiens, miis en fait d’Eglise enseignante, qu’j- a-t-il autre chose dans l’Ortliodoxie que des théologiens ? Ce qui aujourd’hui n’est soutenu que par quelques-uns, pourra devenir demain l’enseignement général, car aucun concile œcuméni<[ue ne vient arrêter les novateurs. Qu’on le remarque d’ailleurs, en Russie c’est le Saint-Synode qui a tracé le programme de théologie polémique que les manuels ne font que développer.

Grecs et Russes sont d’accord à l’heure actuelle pour reprocher à l’Eglise catholique la délinition du dogme de l’Immaculée Conception, comme une innovation doctrinale. D’après eux, la sainte Vierge n’a commis aucun péché personnel, mais elle a été soumise au péché originel, dont, d’après plusieurs théologiens, surtout grecs, elle n’a été délivrée qu’au jour de l’Annonciation Il va sans dire que cette doctrine ne fut pas celle de l’ancienne Eglise grecque, et quc, même depuis le schisme, les auteurs byzantins ne manquent pas qui ont enseigné explicitement le dogme en question, comme il sera montré à l’artiile Immaculkk CoNCErTioN.

C’est à partir du xvi" siècle que l’Immaculée Conception commence à être niée chez les Grecs, tandis qu’en Russie, l’académie de Kiev, fondée par Pierre Moghila, professe la doctrine latine pendant tout le xvii’siècle etla première moitié du xviii’. En 1651, un évêque de Moghilev, Josnpu Ko.nonovitch Goubatskii, approuve même les statuts d’une confrérie de l’immacidée Conception, dont les membres s’engagentpar serment à défendre toute leur vie le privilège de Marie. (Sur ce dernier détail, voir l’article du docteur Golol-BiEV, dans les Trouch de l’Académie de Kiev, année |cjo^, l. III, p. 464-4’67, Cf. Echos d’Orient, t. XII, iijoy. p. ^3-^5.) Les Starovières ou Raskolniks, qui se séparèrent cle l’Eglise ollicielle sous le patriarche de Moscou, Nicon, admettent l’Immaculée Conception et accusent les Mconiens d’errer dans la foi, parce qu’ils rejettent cette doctrine, nouvelle preuve que la croyance actuelle de l’Eglise orthoiloxe dilVère de sa croyance ancienne. A’t/ios d’Orient, Jlnd., i^. 121 et suiv.

DIVERGENCES SUR LE liAPTÊME

C’est surtout sur le terrain de la théologie sacramentaire fpie les divergences entre les deux Eglises se nuiltiplient. Même en laissant de côté les questions ]iropreiiient liturgiques, auxquelles cependant les (orthodoxes, dans un but polémique, continuent à attacher une grande importance : manière d’administrer le baptènu-, usage du pain azyme comme

matière de l’Eucharistie, communion des laïques sous une seule esi>èce, refus de la communion aux petits enfants, etc., il reste encore plusieurs points sur lesquels roi)position dognuitique est manifeste.

Tout d’abord, la controverse qui mit autrefois aux prises saint Cyprien et le pape saint Etienne n’est pas encore résolue dans l’Eglise grecque. Grecs et Russes ne s’entendent pas entre eux sur la valeur des sacrements administrés par les hétérodoxes en général et par les catholiques en particulier. Jusqu’au milieu du xviii" siècle, les Grecs se contentaient de renouveler la conlirniation aux Latins qui ])assaient au schisme. En lySS, le patriarche œcuménique, Cyrille V, aigri par les succès de la propagande catholique en Orient, décréta de sa propre autorité que les papistes n étaient que des inlklèles et qu’il fallait les rebaptiser. Il est aujourd’hui prouvé que la décision de C3rille V fut tout à fait anticanonique, les membres de son synode ayant refusé d’aj)prouver une pareille innovation, et ayant même rédigé une contre-délinition, Petit-Mansi, t. XXXVIII, col. 570-634. Mais par suite des circonstances et de la haine aveugle de quelques fanatiques, le décret patriarcal a fini par obtenir foice de loi dans les autocéphalies de langue grecque.

Comment les théologiens grecs légitiment-ils la pratique novatrice ? Les uns ne craignent pas de donner la vraie l’aison de la rebaptisation et d’avouer cyniquement que n l’Eglise orthodoxe rebaptise les Latins pour préserver ses enfanlsdes pièges du prosélytisme et pour marquer plus nettement la séparation qui existe entre les deux Eglises », Apostolos CuRisTonouLoc, Manuel de droit ecclésiastique, Con ?.tantinople, 18(j6, p. 407. Lesautres prennent la chose plus au sérieux et recourent à la curieuse théorie de {’économie. En vertu de l’économie, la véritable Eglise a le pouvoir de rendre valides ou invalides à volonté les sacrements administrés hors de son sein.

« L’Eglise, dit Anuroutsos, peut, en exerçant énergiquement

sa puissance, rendre valide ce qui est invalide de sa natm-e », Dogmatique, p. 308. C est en usant d’t’co/iomieque l’Eglise grec([ue ne reliaptisait pas les Latins avant 1705 et que, de nos jours encore, elle dispense de la triple immersion les prosélytes qui manifestent une trop grande répugnance pour la cérémonie.

Il va de soi que les ordinations catholiques ne trouvent pas grâce devant la Grande Eglise, et c’est la pratique courante du patriarcat œcuménique de réordonner les clercs latins ou uniates qui passent à l’orthodoxie.

La théorie de l’économie est ignorée des théologiens russes. Elle leur serait cependant bien nécessaire pour justifier les variations de leur Eglise à l’endroit de la réception des catholiques convertis à l’Orthodoxie. Jusqu’en 1620, on suivit la ])ratique grecque de les reconfirmer. Au concile de Moscou de 1620, on décida de les rebaptiser. C’était l’époque où la haine contre les Polonais ballaitson plein. En 1667, un nouveau concile, auquel prirent part les deux patriarches d’Alexandrie et d’Antioche, blâma l’ignorance des Pères de 1620 et rétablit l’ancienne discipline. Cela dura jusqu’en 1757. A cette date, le Saint-Synode fit publier le rituel de Pierre Moghila, qui ne prescrit la clirismation que pour ceux des catholiques romains <pii ne l’ont pas reçue de leurs évêques, au moment de leur incorporation à l’Eglise orthodoxe. Telle est la i)rati(pie actuellement en vigueur.

l.X RECONFIHMATIO.N DES APOSTATS

Une divergence qui est restée jusqu’ici à peu près inaperçue en Occident est celle qui a trait à ! a