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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/226

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HALLEY (COMETE DE)

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dans les registres authentiques de leurs temps, ils sont divisés en trois séries : la série du Irt/icrtH, celle du Latran et celle des suppliques. Dans la première, les Regesti àeCa.W’s.ie III occupent les volumes in-folio n<" 436-467 ; dans la seconde, les n" 498-534 ; dans la troisième, les volumes 472-502. Le résultat de cet examen fut complètement négatif : pas ux mot SUR LA COMÈTE. La pièce la plus importante de la collection, à notre point de vue, est la huile authentique du 29 juin 1456, conservée sous le titre : De Bulla orationis contra Infidèles pro sicturia populi clirisliani. Comme cette pièce a été publiée déjà par Raynald, la lecture ne m’a rien appris de neuf ; cependant elle enleva jusqu’aux derniers doutes sur l’identité du texte de Raynald avec celui des actes authentiques. Le Pape commence par rappeler comment, avec le secours de Dieu, il a fait tout ce qui lui était possible pour organiser lacroisade par terre et par mer. Mais puisque sans le secours divin tous ces efforts resteraient stériles, il faut l’implorer avec humilité et confiance. Après avoir cité plusieurs exemples tirés des Saintes Ecritures, le Pontife ordonne les prières publiques et exercices de dévotion suivants :

I" Tous les prêtres, à chaque messe qu’ils célèbrent, doivent réciter la prière contre les païens c’est-à-dire : Dieu tout-puissant et éternel, qui avez dans vos mains la puissance de tous et tous les droits des royaumes, venez au secours des chrétiens, afin que les peuples païens, qu’anime leur férocité, soient confondus par la puissance de votre droite. »

2" Dans toutes les églises, entre none et vêpres, on sonnera trois fois parjour une ou plusieurs cloches, comme cela se fait d’habitude le soir pour la salutation angélique, et alors chacun récitera trois fois l’oraison dominicale et la salutation angélique.

3’Dans toutes les villes, chaque premier dimanche <’u mois, on fera célébrer des processions solennelles, auxquelles assisteronttousles lîdèleset tousles clercs tant séculiers que réguliers.

4° A l’occasion de ces processions solennelles, on fera un sermon au peuple, dans lequel l’orateur sacré s’appliquera d’abord à confirmer la foi, et à exhorter les fidèles à la patience dans ces sortes de tribulations ; en outre il exhortera les fidèles à la pénitence… enfin après leur avoir rappelé la férocité des Turcs, et tant de maux qu’ils ont infiigés aux chréliens et tâchent tojijours de leur infliger, [il les pressera] d’offrir à Dieu leurs prières et leurs supplications contre eux.

Dans cette bulle, nous le répétons, pas un mot sur la comète.

Faute de données officielles, il faut s’en tenir aux historiens de l’époque.

Vient en premier lieu saint Antonin, archevêque de Florence de 1446à 1459. Dans son ouvrage, Clironicorum liliri très, on trouve l’énumération exacte de toutes les mesures prises par le Souverain Pontife ; on y trouve un chapitre intitulé De conietis, unde causenlur et quid signifîcent, où la comète de 14ô6 est mentionnée ; des prières ou des processions contre la comète, rien. Dans les œuvres et lettres d’AE.NEAS Sylvius (plus tard Pie II) les prières publiques ordonnées par Calixte ne sont pas mentionnées ; par contre, l’auteur pai’le dans ses lettres assez longuement des elTets de la comète, qu’il considère

— post factum, il est vrai — comme un présage delà défaite des Turcs. Nicolas de Fara, biographe de saint Jean Capistran et témoin oculaire de ses faits et gestes, nous raconte que le saint, qui prêchait la croisade en Hongrie, lorsque la comète apparut, conçut bon espoir et excita ses auditeurs au courage et à la confiance, étant donné que, d’après une révélation

du Christ, il savait que ces deux comètes’annonçaient une très grande victoire sur les Turcs. Suivant deux autres compagnons du saint, il aurait eu en célébrant la messe cette révélation delà victoire prochaine sur les Turcs.

Parmi les nombreuses chroniques italiennes du temps, celle de Bologne est la seule qui fasse mention et de la comète et des prières publiques, mais sans les mettre en relations mutuelles. Stephaxus lNFESSiTRA, dans ses Diaria rerum romanarum suorum temporum, nous raconte qu’en juillet 1456 il apparut une comète à large queue, et qu’après elle Rome fut affligée d’une grande disette et peste et guerre et meurtres, et que pour cela des processions furent ordonnées à Rome, afin d’obtenir de Dieu la délivrance de ces fléaux actiii-ls. Que Rome, durant cette année et l’année suivante fut affligée par la peste, cela se trouve aussi dans d’autres chroniques ; le fait que des processions eurent lieu pour conjurer ce Iléau n’a rien d’extraordinaire. Quant aux chroniques des autres pays, il y en a quelques-unes qui font mention de la comète et des prières publiques, mais en des endroits différents qui n’ont entreeux aucun rapport. L’auteur des Annales de Flandre, Jacobus Meyer Baliola.ncs parle même avec indignation de l’aveuglement des autorités ecclésiastiques et séculières en Flandre, qui ne se souciaient guère de la comète et des autres

« signes manifestes de la colère divine ».

Platina. — Nous voici parvenus au seul écrivain du temps de Calixte qui, dans l’histoire de la comète, introduit le pape. L’humaniste Platina, né à Piadena (d’où son nom) en 1421, vint à Rome en 1462 probablement comme membre de la suite du cardinal Francesco Gonzaga. En 1471, il reçut du Souverain Pontife Sixte IV l’ordre d’écrire son Histoire des Papes, qu’il acheva vers la lin de 14/4 ou au commencement de 14/5. Etant nommé ensuite bibliothécaire au Vatican, il remplit cette fonction jusqu’à sa mort (1481) A propos de son œuvre principale, ]’ilæ Pontificum, Grf.gorovius s’exprime ainsi : « Platina écrivit avec facilité et élégance. Mais son d’uvre, sans fondement historique solide, sans pénétration n’est qu’un manuel agréable où la biographie classique a servi d’exemple. » M Pastor relève que la véracité de Platina n’est pas toujours au-dessus de tout soupçon. On sait que la vie de Paul II est une véritable caricature biographique ; et ce n’est pas la seule fois que Platina prend à la légère la vérité historique. Cependant cet écrivain étant contemporain de Calixte 111. son récit ne manque pas d’autorité ; il vaut donc la peine de donner intégralement le texte, qui se rapporte à notre sujet. L’authenticité en est pleinement garantie, car le magnifique manuscrit de son œuvre, qu’il remit personnellement au Pape Sixte IV, est parfaitement conservé. Le voici :

Apparente deinde per aliquos dics comela crinito etrubeo ; eum mathematici ingenteni iieslem, charitatera annonae, magnam aliquam cladem futurani dicerent : ad averlendam iram Dei Calixtus aliquot dierum snp|)licationes decrevit : ut si quid hominibus immineret, totum id in Thurcos clirisliani nominisliostcs oonvcrteret. Mandavit practerea ulassiduo rogatu Ueus llecteretur in meridie ca)npanis signimi dari fidclibus onmibus : ut orationibus eos iuvarent qui contra Thurcos continuo dimicabant. »

En voici la traduction littérale :

Une comète chevelue et rubiconde apparaissant pendant quelques jours, comme les mathématiciens

t. Le fait que la comète, après avoir été visible le mutin, se montra de nouveau le soir, explique 1 erreur li quelques auteurs qui parlent de deux comètes diverses.