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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/244

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HOMME

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Spy et Krapina) et se renforce J’un bourrelet lin^Tial, etc. Ces caractères rappellent le gorille et plus encore le chimpanzé et le gibbon ; en revancbe apparaît à Mauer une » spina nientalis i> humaine.

Les branches latérales ont un développement inconnu cliez l’homme : elles se font remarquer par leur hauteur, leur épaisseur, leurs surfaces doucement renflées, l’absence de bourrelet pour l’insertion du muscle myoUyoïdien, etc.

Lesbroriclies montantes ont la même hauteur qu’aujourd’hui, mais sont deux fois plus larges et s’élèvent presque à angle droit au lieu de s’élever à angle obtus. L’apophyse coronoide où s’insèrent les muscles élévateurs de la mâchoire est énorme, très ditl’érente de l’actuelle et rappelle de très loin quelques Dayaks. A ce point de vue, la mâchoire du gorille est plus humaine que celle de Mauer, qui se rapproche singulièrement de celle du gibbon. Ce caractère se retrouve un peu à La-Chapelle-aux-Saints, à Malarnaud, à Spy, moins encore au Moustier et siu-lout à Krapina. Les coH(£)7es, égaux aux actuels en longueur, ont une surface articulaire de 16 millimètres au lieu de 10 et rappellent ceux du gorille.

« En résumé, par ses proportions, les courbes de

son profil, l’énorme développement de sa branche ascendante et ses particularités, la mâchoire de Mauer présente une morphologie extrêmement voisine des anthropoïdes et spécialement du moins différencié d’entre eux, le gibbon ; mais par ses dents, par sa brièveté, par le graphique presque parabolique de son arcade dentaire, elle est incontestablement humaine et s’écarte absolument de ces animaux. Les rapports morphologiques qu’elle présente avec les mandibules de Spy, de Krapina, etc., sont assez considérables pour qu’on puisse considérer ces dernières comme en étant une dérivation atténuée ; cette conclusion peut aussi s’appliquer aux races inférieures actuelles L’être qui possédait une telle mandibule paraît correspondre, à peu de chose près, au type déjà révélé par la découverte de Java, et ces deux trouvailles se corroborent mutuellement. « (Bhkuil, Les plus anciennes races humaines connues, Fribourg, 1910, p. 75-76.)

6) Le Pithécanthrope de Java, — C’est en iSgS que le D’Ddbois découvrit au Trinil, vallée du Bcngawan (Java), quelques ossements, et il les attribua à un être qu’il baptisa Pithecanthropus erectus. A la suite de certaines contestations soit sur l’âge de ce fossile, soit sur son interprétation, plusieurs esprits ont cru devoir traiter dédaigneusement cette découverte. C’est à tort. Il suffît pour le montrer de signaler un fait très caractéristique. M. Manouvrier, prenant la calotte crânienne du Pithécanthrope, a essayé de reconstituer le reste de la tête, d’après les lois de l’anatomie comparée. Or la mâchoire qu’il lui avait attribuée, est à très peu près celle que l’on a trouvée. plusieurs années après, à Mauer ; l’iijpothèse est même moins audacieusement pithécoïde que la réalité. Une coïncidence de ce genre interdit également soit de traiter de fantaisie les conclusions que la science présentait comme probables, soit de voir facilement dans ce fossile un êlre exceptionnel, une monstruosité.

La date du Pithécanthrope a été fort discutée et plusieurs savants sont allés étudier sur place les terrains de Trinil. Les uns le reculent dans le tertiaire ; les autres le font avancer dans le quaternaire. La solution la plus probable c’est qu’il faut le |)laier à la limite, d’ailleurs un peu indécise, du quaternaire ancien. C’est là une opinion appuyée sur des considérations géologiques et objectives, et non une manière de prendre une position moyenne.

Le D’Dubois a recueilli une calotte crânienne, un

< fémur et quelques dents : une molaire à i mètre du crâne, le fémur à 15 mètres plus loin. Aucun autre débris de même nature n’a été récolté à 20 mètres à la ronde, ce qui permet de considérer comme probable que ces restes appartiennent à un même individu. Cette hypothèse serait-elle fausse, la calotte crânienne et les dents garderaient encore toute leur signification.

Le fémur est nettement humain par toutes ses formes. Il dénote une attitude bipède humaine et une taille d’environ i m. 60 ; son axe fait avec le plan articulaire un angle de 78’, autant de caractères qui l’écartent des anthropoïdes connus. Seul le gibbon pourrait avoir la même taille mais avec des membres bien plus grêles. Une ossification pathologique de certains tendons adhérant au fémur permet de supposer que la locomotion de noire personnage était fort gênée, et cela expliquerait pourquoi cet os est resté très droit au lieu de s’infléchir comme dans la race de Néandertlial.

La prémolaire est bien humaine ; les molaires le sont aussi par leur surface triturante. Par contre, elles sont exceptionnelles par la direction antéropostérieure de la troisième molaire, par la grandeur des dimensions horizontales, par la forme el l’écartement des racines. On n’a pas les canines, mais certaines lignes du crâne indiquent qu’elles n’avaient pas de développement simien.

La calotte crânienne est ce qu’il y a de plus important. On a pu songer â l’attribuer à un grand gibbon, en vertu des caractères suivants : réduction énorme des lobes frontaux, visière frontale, orbites avancés, absence de courbures et de bosses pariétales ou occipitales, renflement de la région pariétale en bas et en arrière. Et cependant l’individu de Trinil est moins loin de l’homme que de n’importe quel anthropoïde : il rappelle singulièrement les crânes de Xéanderthal. Ce n’était pas un pygmée et pourtant son encéphale n’est pas plus grand que celui des pygmées. Il est vrai que ceux-ci rachètent la faiblesse de volume de leur cerveau par son organisation. On peut dire que le pithécanthrope transporte à l’état adulte la forme générale, assez voisine de celle de l’homme, des très jeunes anthropoïdes : un encéphale très développé par rapport à leur taille et un trou occipital plus en avant, comme chez l’homme. — Voir fig. i.

Comme nous l’avons dit des dents de Mauer, chacune des particularités du crâne de Trinil se retrouve isolée dans quelque autre crâne humain : continuité des crêtes occipitales et submasto’idiennes, resserrement post-orbital, aplatissement du front en visière, etc. C’est l’ensemble qui caractérise notre fossile et le rend pithécoïde.

On s’est demandé si l’on n’avait pas affaire à un individu anormal. Outre la réponse que nous avons tirée de la reconstitution de la mâchoire par M. Manouvrier, on peut opposer à cette supposition que la microcéphalie est très rare (environ un cas sur 50.ooo individus humains) et qu’il eût été très probablement fort dillicileâ un idiot de devenir adultedans les conditions où se trouvait le Pithécanthrope.

Cependant on peut invoquer en faveur de la microcéphalie une saillie niédiofrontale due peut-être à une soudure précoce de la fontanelle bregmatique Mais cette crête existe dans des crânes normaux de nègres ; de plus elle dessine une fontanelle plus étendue que chez les microcéphales et même que chez les nouveau-nés à encéphale médiocre.

D’une manière générale, il est peu rationnel et peu prudent de s’arrêter à l’hypothèse d’un cas exceptionnel : on l’avait fait pour le crâne de Xéanderlhal et il a bien fallu quitter cette position.