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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/252

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HOMME

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part à un stade assez avancé de la culture néolithique.

Mais ces calculs n’atteignent qu’une humanité relativement récente, puisque partout, comme dans nos régions, il semble qu’un paléolithique à plusieurs phases a précédé le néolithique.

Pour remonter jusqu’au paléolithique ancien de nos régions, on a un point de repère géologique très important, c’est la 4’invasion glaciaire, contemporaine de l’industrie moustériennc. On a essayé d’évaluer le temps écoulé depuis cette invasion, la durée de la glaciation elle-même, et enûn la durée des époques acheuléenne et chelléenne qui lui sont antérieures.

On a cherché tout d’abord la cause de cette formidable accumulation de neiges dans les montagnes. Cette cause pouvait se trouver dans une position astronomique du globe terrestre très défavorable à son réchauffement.

Mais, dans cette hypothèse, la 4" invasion glaciaire se serait produite il y a 200.000 ans et aurait été séparée de la 3’par un nombre d’années plus considérable encore. La géologie proteste contre ces chiffres. L’étude des chutes de Niagara, du Mississii)i, celle de diverses cascades de Scandinavie s’accordent à montrer que la dernière glaciation a fort bien pu se terminer il y a 7 ou 8000 ans.

Combien de temps a-t-elle duré ? A en juger par les dépôts morainiques qu’elle a laissés et qui sont extrêmement considérables, il a fallu qu’elle gardât son extension pendant des millénaires, mais en petit nombre, d’après de Lapparknt. 3000 ans ont peut-être suffi pour apporter la moraine frontale. Mais il faudrait ajouter à ce chilTre le temps nécessaire pour déposer le tapis morainique qui couvre toute la Suisse et le Haut-Rhône, et dont la masse est bien supérieure à la précédente.

Cette invasion glaciaire est contemporaine de l’industrie mouslérienne, qui aurait ainsi duré plusieurs milliers d’années. Mais auparavant il y avait eu les industries acheuléenne et chelléenne dans nos régions. Pendant combien de temps ? C’est ce qu’on ne sait trop comment déterminer. On ne voit pas pourquoi chacune d’elles n’aurait pas été aussi ou plus durableque le moustérien… On sait d’autre partque, pendant cette phase interglaciaire, la Picardie, où ont vécu de nombreuses tribus chelléennes, a subi plusieurs relèvements et immersions qui n’ont pas di’i être rapides. Il y a donc des chances pour qu’il faille attril)uer nombre de milliers d’années à ces époques chelléenne et acheuléenne.

Si, comme il est probable, l’humanité a commencé loin de la France, il faut lui donner le temps de se multiplier, de se disperser jusque dans nos pays, de se différencier profondément en plusieurs races ; — et cela a demandé bien des siècles.

Mais la mâchoire <le Mauer, qui par ses caractères physiques se rattache certainement au type humain, est probablement de la 2 » phase interglaciaire et non de la 3". Voilà d’autres millénaires à ajouter aux précédents… toujours peut-être. Enfin si le Pithécanthrope de Java représente, non un animal très voisin de l’homme, mais >in homme véritable quoique très inférieur, à quelle datecn chiffres allons-nous le placer, lui qui est de la lin du tertiaire ? A bon nombre de milliers d’années encore en arrière, en n’oubliant pas que nous partons d’une hypotlièse.

Nous n’insisterons pas, et nous laisseronssansplus de précision la réponse à un problème pour lequel la science a encore si peu de données mesurables.

BiBLiOGR.^pniE. — La préhistoire étant faite surtout de monographies, les indications bibliographiques

seraient innombrables. On trouvera dans le Manuel cV Archéologie préhistorique de M. J. Déchclelte (Paris, Picard, 1908) presque toutes les références désirables. (Nous avons dû, pour le fond, le compléter sur certains points, nous séparer de lui sur plusieurs autres.) Quant aux importantes découvertes faites depuis l’apparition de cet ouvrage, la revue L’Anthropologie les fait connaître en détail ou en substance dans ses articles de fond et sa riche bibliographie. Sont précieux, pour les comparaisons ethnographiques, les Missions catholiques et VAnthropos.

Abbés H. Breuil, A. et J. Bouyssonie.

III

Unité de l’espèce humaine

Cette question ne donnera point lieu à de longs développements : i" parce qu’elle n’est pas, actuellement (1912), objet de controverse grave ; 2° parce qu’elle est traitée à fond dans des livres qui n’ont guère vieilli sur ce point, comme dans l’Espèce humaine (Paris, Alcan) de A. de Quatrefages. Après avoir établi l’état de la question, nous résumerons les preuves négatives, puis les preuves positives de l’unité de l’espèce humaine, et nous terminerons par un court exposé des causes qui ont produit la divergence des races.

I. — Etat de la question

1° La diversité des races hi.maines. — Les doutes sur l’unité de l’espèce humaine sont nés de la diversité des races qui la composent. Pour qu’on puisse juger de la profondeur des divergences, une rapide description des princij)aux groujies humains est nécessaire. Nous les ramènerons à ijuatre.

a) Le tronc blanc ou caucasique comprend en général les races qui ont le teint le plus clair. Nous disons : en général ; car la couleur de la peau dépend de la couche pigmentaire située entre le derme et l’épiderme, et cette couche peut s’épaissir jusqu’à rendre, chez les Hindous, la peau aussi noire que celle des Ethiopiens. Les cheveux du blanc ne sont ni laineux comme chez le nègre, ni raides comme chez le jaune, mais soyeux et lisses ou bouclés. Leur section est elliptique ; le crâne est bien développé : le front est large et élevé, les arcades sourcilières peu saillantes, l’ouverture des yeux horizontale, le nez droit et saillant, le menton pas fuyant, les mâchoires rarement projetées en avant, les lèvres plutôt minces, l’angle facial voisin de go". Les blancs forment environ 42 "/o de la population totale du globe. Ils occupent l’Europe presque entière, la moitié sud-ouest de l’Asie, le nord de l’Afrique, et l’Amérique par l’invasion des Européens.

h) Le tronc jaune ou mongolique comprend les races où la couleur jaune s’accuse le plus fortement. La couleur y subit i)ourtant des variations, puisqu’elle lient aller « du blanc au brun jaunâtre ou au vert olive » (Verneau). Les cheveux sont longs, gros et raides ; leur section transversale est presque circulaire : la barbe, peu fournie, est toujours noire. Le crâne est généralenienl brachycéphale, c’est-à-dire court d’avant en arrière ; la face est large, les pommettes très saillantes, de sorte que le visage est en forme de losange ; les yeux paraissent obliques et étroits, à cause <le la bride extérieure de la paupière supérieure ; le nez est moinssaillant etplus large que chez le blanc, sans être aplati ; les mâchoires sont rarement prognathes, les lèvres moyennes. Les jaunes occupent presque toute l’Asie, sauf le sudouest. Les langues monosyllabiques y sont les plus