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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/303

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IMMANENCE (METHODE D

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conditions auxquelles, en face d’une Révélation de ce genre, la bonne volonté devra se conserver intacte : si quelque part une institution existe qui professe de livrera l’homme un don qu’elle dise lui être à la fois a indispensable et inaccessible », on ne pourra pas ne pas examiner ses titres : ce serait se contredire, manquer à la conscience et à la science ; si elle propose une expérience, on ne pourra pas ne pas la tenter, ce serait illog : ique : on eut vivre, or ne pas expérinienler, c’est certainement mourir.

Mais en face du surnaturel, tel qu’aux yeux du Chrétien il a fait son apparition dans l’espace et dans le temps, ce n’est pas à la « méthode d’immanence » de trancher la question de savoir s’il est ou s’il n’est pas. Son rôle est simplement de fermer toutes les issues, d’acculer l’ànie à l’allernalive instante : « Estce ou n’est-ce pas ? de faire voir que seule, cette unique et universelle question qui embrasse la destinée entière de l’homme s’impose à tous avec cette ahsotue rigueur : « Est-ce ou n’est-ce pas ? » ; d’examiner les ciinséquenccs de l’une ou de l’autre solution, et d’< n mesurer l’immense écart : elle ne peut aller plus loin ni dire en son seul nom que ce soit ou que ce ne soit pas*. »

Auguste Valbnsin, S. J.

ARTICLE II. — EXAMEN

L’exposé qu’on vient de lire s’est attaché à présenter avec exactitude la méthode d’immanence ; tel <iuel, il nous en offre un raccourci synthétique dont il nous faut, maintenant, par l’analyse, rejjrendie et vérifier les éléments. Nous aurons donc à examiner le nom même de la Méthode d’immanence, sa nature et sa portée.

I. Le nom dé « méthode d’immanence ».

— <( L’expression méthode d’immanence, a écrit M. Blondkl, est née du reproche qu’avait d’abord adressé à la thèse de l’Action, la Iteyiie de Métaphysique et de.Vomie (siippl. de nov. iSgS) et de la réponse que j’ai été amené à y faire en montrant que, loin de m’établir d’emblée dans une transcendance ruineuse pour la philosophie, je m’étais placé en pleine réalité concrète, en pleine « immanence », antérieurement à toute vue systématique, à tout principe arrêté. Et cette démarche d’une pensée qui veut simplement user de tout ce qu’elle porte en elle est si loin d’aboutir à un immanentisme, qu’elle engendre inéluctablement une altitude toute contraire. » (liiillelin de la Société française de Philosophie, Vocahiilaire, {a.sc. ii août 1908, p. 826.)

Il faudra donc dire du principe d’immanence, dont la reconnaissance semblait soulever tout à l’heure un conilit avec la notion du surnaturel, qu’il est entendu ici en son sens normal, c’est-à-dire relatif. Développé au contraire en fonction d’un des systèmes intellectualistes ou pragmatistes, qui expriment la doctrine de l’immanence (col. 572), il apparaîtrait sur un autre plan de pensée. Ni en fait ni en droit, il ne serait dès lors celui auquel se rapporte la méthode qui, dans l’examen que nous entreprenons, bénéficiera seule du nom de ractiiode d’immanence.

II. La nature de cette méthode. — Que la

Lettre sur les e.ri !  ; ences de la pensée contemporaine en matière d’apologétique et sur la méthode de la philosophie dans l’étude du prohlème religieux ait paru à plusieurs des lecteurs de la première heure une entreprise accidentelle et belliqueuse, c’est ce qui n’étonnera sans doute aucun observateur attentif. Le langage de cet écrit était plus familier à ceux auprès desquels il voulait obtenir audience qu’à

.L’.iction (dernière page}.

ceux dont il prétendait défendre la foi. La tension artificielle des thèses cju’on y opposait, la véhémence du ton obscurcissaient de plus une pensée d’ailleurs remarquablement pénétrante et forte.

Mais l’inspiration de cette Lettre n’était point précisément opportuniste. « C’est au nom de la raison, a dit plus tard l’auteur, que j’avais parlé, en venant sur le terrain proprement philosophique, pour montrer par une inélhoded’immanence la légitimité d’affirmations transcendantes. » Mallet, Vn Nousel Entretien avec M. Blond el, U.C. F. 15 avril igo^, p. 407. Wehrlé, l’ne Soutenance de thèse. Annat-es, mai 1907, p. 138 sq. C’est donc entant que cette méthode est ou veut être normale et nécessaire au moins implicitement, qu’il nous faut l’apprécier. Or toute méthode se ramène à quelques idées directrices. Faudrait-il donc établir une solidarité foncière entre la méthode d’immanence et toutes les doctrines sur lesquelles M. Blonde ! a pu exprimer ses vues personnelles, avant d’être à même de juger ? Nous ne le croyons jias. Aussi bien, le principal promoteur de la méthode d’immanence a-t-il lui-même déclaré plusieurs fois, que par son initiative apologétique, la seule qui soit en question ici, il prétendait ne pas se mettre en dehors du courant de la tradition chrétienne. Il s’agit par conséquent de savoir si, oui ou non, les idées, dont s’inspire la méthode d’immanence sont traditionnelles, encore que renouvelées peut-être, en une croissance légitime et un développement naturel’.

Nous pourrons ainsi apprécier la nature de la méthode d’immanence, quand nous aurons examiné, tour à tour, les procédés qu’elle emploie et l’attitude de pensée qu’elle suppose.

1. — Les procédés de la méthode d’immanence ne sont ceux ni d’une simple thérapeutique morale ni d’une pure analyse psychologique, mais d’ordre métaphysique.

Qu’une préparation subjective spéciale soit néces 1. « …ii ; ins son équilibre complexe, la iihilosophie de l’Action [entendez la méthode d’immanence] emploie t<uites les données traditionnelles ! , en les organisant dans une unité plus vive et ]ï1us féconde. M. Blondel me disait un jour ce mot. que dès 18*.16 lui adressait le doyen d’une de nos facultés de théologie ; on ne cessera de vous accuser d’être un novateur que lors([u’on vous accusera d’être

un plagiaire Mali. et, L’Œurre ar rapport à eux sa position personnelle. » D’autre part, le même auteur remarque que u dans le fond, il n’a jamais été et n’a jamais pu être question de déposséder l’apologétique dite classique du rôle nécessaire qu’elle est appelée à jouer. Pas davanloge on n’a voulu éliiuiner purematit et simplement les rliverses formes de justification de la foi que.VI. Blondel a critiquées dans sa Lettre sur l’apologétique. De telles exclusions auraient constitué une témérité, accrédité une erreur et accumulé des i-uines irréparables. C’est tout autre chose qu’on a cherché de propos délibéré. » L. c, p. 49. — Le P. Le BACHF.i.r.T, S. J., après avoir- exposé la méthode d’immanence, ajoute : « Ainsi entendue, cette méthode n’est donc pas opposée à l’apologétique traditionnelle pleinement compiise. » De l’.ipologètique traditionnelle et de V.ipologétique moderne, 189", p. 133.