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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/480

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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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Pépin avait envoyé des clercs à S. Jean Je Latran pour y apprendre le chant et les arts libéraux : il avait reçu du pape Paul V des livres tels que l’Antiphonale, e Ilcsponsate, l’art graninialical, des traités d’Aristole et de Denys l’Aréopagite, une Geoinetria, une Orthographia, et omîtes greco eloquio scrif/tores.

Charles, à l’exemple de son père, mena de front la réforme liluri ; ique et la réforme intellectuelle du clergé, et fut amené peu à peu à créer des écoles où l’on enseignerait quelques-uns des arts libéraux, le chant, l’art de bien écrire cl la théologie.

Il avait été frappé, dans ses voyages en Italie, des laïques et des clercs cultivés comme des vestiges de l’art antique qu’il y avait rencontrés, et non content d’en rapporter des colonnes, des mosaïques et d’autres objets d’art pour son palais et son église d’Aix-la-Chapelle, il en avait ramené des hommes

« habiles dans la grammaire et le comput » : c'était

ceux que nous avons nommés plus haut : l’helléniste Paul Diacre, plus tard patriarche d’Aquilce, le grammairien l’iERRI ! DE PiSE, Ic poCtC CSpagUol TuiiODl’L PHE, plus lard évêque d’Orléans : c'était surtout l’anglo-saxon Alci’in, qu’il avait rencontré une première fois à Pavie en 781 et qu’il lit venir un peu plus tard près de lui. C’est avec ces hommes qu’il lit renaître l'école palatine, les écoles cpiseopales, monastiques et presbytérales.

L'école du Palais, qui déjà sous Pépin avait reçu de nobles élèves, comme Benoit d’Aniank (-i-821) et Adalard de CoRiiiE (-]- 826), comprit comme autrefois les clercs de la Chapelle et les futurs dignitaires, et fut présidée par Alcuin de ^82 à -96, par l’iiibernien Clément, le grammairien Smaragde de S. Mihiel (]- 819) ; elle eut pour archicliapelain Angelran, évêque de Metz (-j- 791)' 1"^ '^ pape dispensa de la résidence, et Angelbert, plus tard abbé deS. Riquier (i-8.8).

Au nombre de ses élèves fut le roi lui-même, durant les loisirs que lui laissaient la guerre et le gouvernement. « Il se perfectionna sous Pierre de Pise <lans la grammaire, s’appliqua longuement à la rhétorique, à la dialectique et surtout à l’astronomie dans la compagnie <rvlcnin. » Il se croyait assez théologien pour s’occuper de l’adoptianisme et du cvilte des images et vouloir diriger le concile de Francfort. Sa correspondance avec ses maîtres dénote un esprit curieux ; ses fds et ses tilles, toutesa cour, se piquaient d'élégance enproseet en poésie latines et dialoguaient sous des noms empruntés aux antiquités grecque, latine, hébraïque : ilsformaient une petite académie. A côté d’eux, les élèves clercs et laïques travaillaient, sous l'œil de Charles, qui leur distribuait les encouragements ou les reproches et les menaces.

Non content de corriger ou de faire corriger les manuscrits liturgiques et les exemplaires de la Bible, il recommanda, par une eircidaire de 786, auxévêques et aux abbés, d'étudier pour remplir plus décemment les fonctions liturgiques et mieux conqirendre les figuresde rhétorique, lestropes et les aulresdillicullés des Saintes Ecritures. En 789, il alla plus loin cl fil rendre par le concile d'.ix-la-Cliapelle une ordonnance portant qu' « en chaque cloître et cathédrale il y aurait des écoles oii les enfants apprendraient les Psaumes, les lettres, le chant, le comput et la grammaire ». Ces écoles étaient pour la jeunesse lévitique. Quant aux prêtres déjà versés dans le ministère, il leur recommanda de compléter leursconnaissanccs théologiques, et pour les y obliger établit vers 802 des programmes et des examens et statua qu’ils ne seraient appelés à des dignités qu'à lacondition (l’avoir subi ces épreuves. Ils devaient répondre sur l’Ecriture sainte, le Psautier, le Baplcme,

le Pénitentiel, le Conquit, le Chant : en 805, il ajouta la Médecine.

Pour mieux assurer l’exécution de ses prescriptions, il nomma aux évcchés et aux abbayes ceux qu’il savait capables de veiller à l’instruction du clergé : il les choisit parmi les élèves d’AIcuin. Ainsi AnivoN fut archevêque de Salzbourg, le Bavarois Leiurad, archevêque de Lyon, Théodulpue, évêque d’Orléans.

Fidèles aux désirs de l’empereur, ceux-ci entretinrent chez eux de brillantes écoles. Leidrad vantait les siennes à Charlemagne. « J’ai, disait-il, des écoles de chanteurs dont la plupart sont si instruits qu’ailleurs ils pourraient enseigner les autres. J’ai, de plus, des écoles de lecteurs, qui, non seulement sont exercés aux leçons des olllces, mais encore cueillent dans la méditation des livres divins les fruits de l’intelligence spirituelle : quelques-uns peuvent déjà saisir en partie le sens spirituel des Evangiles. Laplupart comprennent le livre des Prophètes… Ils transcrivent aussi les manuscrits. >> Murbacii était une académie où l’on ne parlait que latin, où l’on étudiait la liturgie, la Règle, les Ecritures et les arts. A Osnabruck, l'évêque devait entretenir des élèves assez forts en grec pour déchilTrer, dans les relalions politiques avec l’empire byzantin, les pièces diplomatiriues.

Parmi ces écoles, quelques-unes furent chargées de former des maîtres pour les autres.

Telle fut celle de Saint-Martin de Tours, où Alcuin fut abbé depuis 796. Les évèchés et les monastères y envoyaient leurs meilleurs sujets, et les plus savants personnages du ix<' siècle en sortirent, entre autres Rahan Maur : telles furent aussi celles de Metz et de Soissons, où Charles plaça les maîtres qu’il avait fait venir de Rome et qui étaient versés dans le chant et la musique : toutes les cathédrales durent y envoyer leurs chantres pour s’y exercer au chant romain.

Pour le peuple, Charlemagne ouvrit aussi des écoles. Les monastères durent en tenir non seulement pour leiirs moines mais aussi pour les élèves du dehors. Tliéodulphe, en 801, promulgua une ordonnance de l’empereur, commandant aux prêtres d’envoyer les enfants de leurs paroissiens, soit à l'école de la cathédrale, soit à celle du monastère le plus proche, même s’ils ne devaient pas se faire moines. Lui-même fonda des écoles à Sainte-Croix, Saintvignan, à S. Li[)hard et à Fleury.

De même Charlemagne ressuscita les écoles presbytérales, en remettant en vigueur les prescriptions du concile de Vaison. « Tout prêtre, dit-il, doit avoir des écoliers assez instruits pour chanter lollice divin, c’est-à-dire tierce, sexle et none, avec mesure, et pour servir la messe. » Celte instruction était réclamée de la ])hipart des enfants. En ell’et, en pronnilguant l’ordonnance de Charlemagne, Tliéodulphe disait : « Les curés dans leurs paroisses et leurs maisons tiendront une école, et si un lidèle veut leur conlier ses enfants pour les instruire dans les lettres, ils ne doivent pas les refuser, mais les instruire avec grande charité. Pour cela, ils ne recevront aucun salaire, à moins que les parents ne leur olTrent quehpie chose par reconnaissance. » L’enseigneuient était donc gratuit.

Il est évident qu’outre ses connaissances, chaque prêtre devait coiumuniqucr au peuple comme aux enfants les vérités élémentaires de la foi : le Symbole de saint Athanase ou des Apôtres, le Pater nosler : c’est ce que rappellent les Capilulaires de 789 et 79/4. Vers 800, il fut défendu d’accepter personne à la communion, sans qu’il eût récité au prêtre ces deux formules : ceux qui ne les apprendraient pas, seraient