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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/504

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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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de cette lutte, il s’en faut que les gens de bien eussent, sur la question de la liberté d’enseignement, les idées universellement adoptées aujourd’hui. Cette liberté, aujourd’hui revendiquée en faveur de la religion, pouvait, à l’époque, paraître susiiecte à des catholiques qui se souvenaient que, quelques années auparavant, elle était réclamée contre l’Eglise. Les petits séminaires jouissaient d’une assez jurande liberté ; il y avait, en outre, 38 collèges de plein exercice, libres dans une certaine mesure. Les évoques se demandaient si la liberté de l’enseignement serait plus profitable que funeste à la religion. Devant l’hésitation de leurs chefs, les catholiques étaient bien excusables de témoigner eux-mêmes peu d’empressement.

Les attaques de Montalembert ont été rajeunies

— sur un mode souvent plus âpre — par M. Drumonl dans la Libre Parole, depuis bien des années, puis par M. Marc Sangnier dans le .-J., ’J’t mat 1871 : U. P. Clerc, S. /., ’2-1 mai 1H7I ; U. P. de Bengy, S. J-, 26 mai 1871.A gauche, sur dix i)laques de marbre, sont inscrits les noms des anciens élèves tues à l’ennemi : parmi eux, ipiehpies-uns des plus beaux noms de France ; en regard, les noms des batailles. Depuis du Manoir, tombé à Castellidardo en 1860, jusqu’aux conquérants du’l’onkin, de Madagascarel du Maroc, ils sont là cent cinquante élèves des Jésuites, dont quatre-vingt-douze pour la seule guerre franco-allemande. La devise des vaillants Machabées sert de légende à ce tableau d’honneur : <i Melius est nos mori in hello r/iiam videre mala genlis noslræ et sanclurum. » On discute, naturellement, le rôle des anciens élèves de la rue des Postes dans la guerre de 1850-1871.Or, l’école, fondée au mois d’octobre 1854 et n’ayant fait recevoir, en 1855et en 1856, que huit élèvesà Saint-Cyr, ces huit jeunes gens ne furent créés sous-lieutenants qu’en 1807 et 1808. U n’y eut donc, en 1870, aucun ancien élève delà rue des Postes qui fùtoliicier supérieur du dernier grade, c’est-à-dire chef de bataillon ou clief d’escadron. Quant à l’Ecole polytechnique, la rue des Postes, au bout de trois ans d’elïorts, réussit cnliu à faire recevoir un seul élève, qui, lui, n’embrassa pas la carrière militaire 1 —

Durant les seize années de la première période, 18541870, 129 élèves furent admis à l’Ecole centrale, 172 à Poly technique, 580 à Saint-Cyr et 97 à l’Ecole navale. Pendant les dix années de la période suivante, 18701880, remplie par la direction du P. du Lac, le chiffre des élèves a oscillé entre 325 et 4 25. La proportion des succès paraît avoir été très grande, puisque 186 ont été admis à l’Ecole centrale, 316 à Polytechnique et 669 à Saint-Cyr. La préparation à Navale avait été transférée à Brest depuis 1870. Puis, survinrent les décrets du 29 mars 1880 ; on ne toléra, dans chacun des anciens collèges de Jésuites, que quelques Pères à titre purement individuel. Durant les vingt et une années de la troisième période 1880-1901, l’école atteignit son maximum d’élèves et varia de 400 à 580. C’est ce qui contribue à expliquer le chiffre total de ses succès : 392 admis à l’Ecole centrale, 55 1 à Polytechnique et 1.5 1 5 à Saint-Cyr. A la suite de la loi du 2 juillet 1901, les derniers PP. Jésuites, restes dans l’école à titre individuel comme directeurs, surveillants ou professeurs, la quittèrent. L’école reprend, en 1908, la préparation à Navale, qui avait émigré, depuis 1870, à Brest, de là à Jersey, puis à Vaugirard et à Vannes. Durant la dernière période de neuf années, igoi-1910, le chiffre des élèves oscilla entre 397 et 520. Le nombre des candidats à certaines écoles a diminué pour beaucoup de raisons : à cause de la nouvelle loi militaire, et aussi de l’abaissement des promotions : pour Saint-Cyr notamment, il est tombé au-dessous de la moitié : g50 candidats en 1909, au lieu de 2.500 en 1897.’9'’"lèves furent admis à l’Ecole centrale, 1^2 à Polytechni(]ue et 368 à Saint-C3r, durant cette période. Bien des jeunes gens préférant présentement se diriger vers des carrières dont la préparation est moins longue, parce que l’entrée en est moins dillicile, il s’ensuit une diversité bien plus grande dans les concours et examens auxquels l’école Sainte-Geneviève prépare depuis sa réorganisation de 1902 : Institut agronomi (iue. Ecole d’aviation, baccalauréats. Banque de France, Ecole supérieure d’électricité. Ecole du génie maritime. Ecole des hautes-études commerciales. Ecoles des urines de Paris et de Saint-Etienne, Ecole normale supérieure, Ecole de physique et chimie industriclle. -î. Ecole des ponts et chaussées et Institut économique. Cet Institut, créé en 1907 à la rue des Postes, est une Ecole libre catholique de hautesétudes industrielles, commerciales et financières : 34 élèves en sont iléjà sortis, après avoir obtenu le dii)lôiue. On est donc fondé à conclure que l’école Sainte-Geneviève de la rue des Postes, tout en demeurant lidèle à ses grandes préparations, a élargi ses cadres pour répondre aux besoins nouveaux etqu’elle tend à devenir l’Ecole préparatoire, en général, pour les carrières scientiliques, agricoles, industrielles cl commerciales, quelles qu’elles soient. Présentement, l’année française lui doit un grand nombre d’olliciers supérieurs, parmi eux des chefs illustres. Ils seraient beaucoup plus nombreux, si le régime abject des .1 liches » et d’autres amertumes n’avaient réduit tant d’hommes de coeur à briser leur épée.

L’école préparatoire à la marine (lirext-Jersey). — La préparation faite par les PP. Jésuites, de 1856 à 1901, date à laquelle leur a été enlevé le droit d’enseigner, adonné 087 élèves à l’Ecole navale. Ce chiffre global porte snr les quarante-cinq années de cette ]iréparation, qu’elle ait été faite à la rue des Postes, à Bresl, à Jersey, à Vannes ou à Vaugirard.

Trois de leurs anciens élèves ont été tués à l’armée du Nord, à l’armée de la Loire et au siège de Paris. L’enseigne Balny fut tué en 1873, dans les premières expéditions pour la conquête du Tonkin ; le lieutenant de vaisseau de Larminat décéda en