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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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lions graliiiles, dans les dispensaires, s’clcvenl à plus de 700.000.

Les dépenses globales de la Faculté catholique de médecine de Lille pour renseignement technique seul s'élèvent, depuis l’origine jusqu'à 1908, à 6 millions 200.000 francs.

l’our la médecine, rien, dans nos autres universités, ne peut entrer en coni|)araison de ce qui s’est fait à Lille ; Angers a dû se contenter modestement de l’année préparatoire, dite P. C. N. ; Lyon, de l’hOpital Saint-Joseph, servi par un corps médical catholique de premier ordre ; Paris même ne peut présenter, avec son hointal Saint-Joseph, que des institutions de préservation et de préparation comme la conférence Lacnnee et la conférence Fonssagrives.

On a parfois contesté l’utilité des facultés libres do droit. De Paris, de Lyon, de Lille, d’Angers, sont jiartis à différentes reprises en leur faveur d'énergiques et ])rol)anls plaidoj-ers qu’il serait trop long de résuuier, et qui ne doivent pas d’ailleurs être sortis de la mémoire des catholiques. Les faits démonlient que, presque partout, hommes d’aOaires, notaires, avocats, avoués, qui ont i]ris la défense de l’Eglise, dans la persécution légale qu’elle traverse, ont été formés par ces facultés, et que les mêmes hommes sont à la tête de toutes les œuvres catholiques. La ohose est évidemment plus sensible dans des régions homogènes et restreintes comme celles qui constituent les ressorts académiques de Lille et d’Angers ; là on a pu voir, en nombre relativement considérable, des maires, des conseillers généraux, des députés, les Bougère, les Adigard, les Le Louédee, les Danselle, les des Uotours, choisis parmi les anciens élèves des facultés libres de droit (et, parmi les maîtres, M. Groussau) ; mais encore une fois la constatation est générale. Paris n’a-t-il pas au Parlement les Lamarzelle, les Taudière, les Ancel, les Denais, les Flayelle, les LeroUe, naguère encore les Legendre ? Et au Conseil municipal. César Caire, Duval-Arnould, Rollin ? Les statistiques n’ayant pas toujours été exactement tenues, il est dillicile de dire combien d'étudiants en droit ont appartenu à nos facultés depuis trente-huit ans ; mais leur nombre s'élève à plusieurs milliers. A Paris, en iQia-igiS, il est de 4 '9 et à Ljon de 190. Angers a fourni 5^2 licenciés et 91 docteurs en droit ; Paris, i.4 12 licenciés, 240 docteurs, i agrégé ; Lyon, 510 licenciés, 96 docteurs.

Est-ce uniquement au moyen des principes et de la doctrine que les universités catholiques accomplissent leur mission de piéservation et de préparation ? Non. Par un enseml)le de mesures et d'œuvres, elles s’efforcent de mettre l'étudiant à l’abri de la contagion du mal et de lui inspirer l’amour actif du bien. Louvain a ses pédagogies, moins nombreuses et moins fréquentées de nos jours que sous l’ancien régime, mais encore assez prospères, sortes d’intermédiaires entre la vie de collège et la vie de pleine liberté. Nos universités françaises ont leurs séminaires pour les étudiants ecclésiastiques et quelques maisons de famille pour les étudiants laïques. Angers a les beaux internats, situés dans les jardins mêmes du palais académique, de Saint-Clair, SaintMaurice et Saint-Martin ; Lille, les maisons.A.ll)ert-leGrand, Saint-Louis, Saint-Michel ; Paris, la maison de famille de l’Institut catholique, et deux autres maisons qui, sans être oiriciellement adoptées par lui, rendent les plus grands services.

Un des liommes qui ont le plus contribué à entretenir l’esprit chrétien parmi les étudiants lillois, le U. P. Dargent, adressait, il y a quel([>ies années en 1902, une lettre au TiuUetinde t’Associittion des an ciens élères de Stiint-Sulpice. Il y insistait sur l’esprit de famille, véritablement unique, qu’il constatait entre professeurs et étudiants. Tels professeurs invitent chez eux à diner tous les élèves de leurs cours, en deux ou trois a paquets » ; tels autres, le soir du I janvier, reçoivent à leur foyer des groupes d'étudiants qui, ne pouvant retourner dans leur pays pour le congé du nouvel an, doivent rester ces jours-là dans les maisons de famille, a Et l’on sent, ajoute le P. Dargent, combien ces relations peuvent contribuer à polir, à enhardir des natures un peu timides ou frustes, à leur préparer des débouchés utiles, en même temps que cette souple et compréhensive culture intellectuelle, dont je parlais tout à l’heure, complète leur formation humaine et chrétienne et leur élargit l’esprit. »

La même lettre nous montre comment est organisée la vie chrétienne de l'étudiant lillois : retraites annuelles, congrégations de la Sainte Vierge, cercles d'études religieuses, groiq)es de l’adoration nocturne, de la communion réparatrice, conférences de SaintVincent de Paul, conférences Jeanne-d’Arc, dont les membres se préparent à la parole publique, et vont organiser, le dimanche, des réimions utiles dans les patronages, voire dans des estaminets ou des salles I)ubliques. « C’est grâce à cette vie chrétienne organisée, grâce aux exercices qui, librement choisis par eux, les initient à la vie d’apostolat, que nos jeunes gens restent ce qu’ils étaient quand ils ont quitté la famille et le collège », et que beaucoup d’entre eux deviennent irréprochables dans leur conduite, se I)réparant à une vie d’homme ])Ure, lière et féconde.

A Paris, nous avons des œuvres analogues ; si quelques-unes d’entre elles et des plus importantes ne tiennent pas d’aussi près à l’Institut catholique, comme la Conférence Olivainloule Cercle du Luxembourg, cela vient de ce qu’elles préexistaient à l’Institut, mais nos étudiants en profitent, de même que de la Héunion du ç> ! de la lue de Vaugirard, ou Cercle Monialembcrt.

A Angers, tous les élèves de l’université peuvent s’inscrire à la Conférence Saint-Louis, qui a eu pour fondateur le regretté jirofesseur Hervé Bazin. Affiliée à l’Association catholique de la jeunesse française, la Conférence, disent les statuts, « est fondée sur la triple base de la piété, de l'étude et de l’action, et elle a pour but d’accroître chez ses membres l’amour de l’Eglise, la vertu, la science et le dévouement chrétien pour la patrie ». Bon nombre de ceux qui la composent appartiennent aussi à la Congrégation de la Sainte-Vierge.

Ces exemjjles, — et j’en pourrais prendre d’autres à Lyon et à Toulouse, sullisent à établir que nos universités catholiques n’ont pas failli à la première partie de leur tâche et que, si leur action n’a pas été plus étendue, c’est, encore une fois, uniquement faute d’un plus grand nombre d'étudiants.

De bonne heure aussi, les >iniversités catholiques ont été amenées à s’occuper d’une autre partie delà jeunesse laïque qu’un courant irrésistible commençait à attirer vers les études supérieures : je veux parler des jeunes filles. Mgr d’Hulst, à Paris, et, à Lyon, Mgr Dadolle, aidé d’un homme d’intelligence et de cœar, Emmanuel Perrin, organisaient des cours pour les jeunes filles du monde qui, après avoir terminé leurs études secondaires, voulaient, en attendant le mariage, compléter leur éducation et leur instruction. Plus tard, une autre catégorie déjeunes filles devait venir à nous : celles qui préparent leurs grades universitaires et qui, pour la plupart, se destinent à l’enseignement. Les universités catholiques de Paris, de Lyon, d’Angers, ont fait le nécessaire pour leur assurer, tant par elles-mêmes que par leur